INTERVIEW AUTEURE
Jocelyne BARTHEL
JM : - Bonjour à tous
⁃ Notre amie Jocelyne BARTHEL a gentiment accepté, récemment, de répondre à mes questions.
⁃ Je partage donc avec vous cette interview, à l'issue de laquelle vous pourrez, si vous le souhaitez, poser vos questions auxquelles Jocelyne répondra selon ses disponibilités.
JM : - Bonjour Jocelyne
⁃ Comment vas-tu ? Es-tu prête à « subir mon petit interrogatoire » ?
Jocelyne : prête.
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Jocelyne : je m'appelle Jocelyne Barthel, je vais avoir 60 ans cette année et je suis historienne de formation. J'ai été pendant 26 ans archiviste de la ville de Metz et travaille désormais comme conservateur au pôle patrimoine de la médiathèque de cette ville, après un intermède de trois ans en décharge syndicale où j'ai œuvré au secrétariat général d'un syndicat de la fonction publique territoriale apolitique et autonome : la FAFPT.
De tout temps passionnée d'histoire j'ai toujours été dès mes 6 ans également une grande lectrice. Je ne peux pas vivre sans un ou plusieurs livres entamés. J'ai publié dans ma jeunesse des ouvrages d'histoire régionale notamment sur le vignoble du Pays messin ou les hommes et femmes célèbres de la Moselle. Je me suis lancée en littérature dans les années 2010. Mon plus grand succès est Mademoiselle de Pâquelin qui a eu la chance d'être publié chez France Loisirs et chez Pocket et de connaître par ce biais un grand rayonnement jusque y compris dans les territoires francophones de Suisse, Belgique ou du Québec. Je vous en parle à la rubrique suivante.
JM : - Peux-tu nous parler de tes romans ?
Jocelyne : Mademoiselle de Pâquelin est pour ainsi dire l'œuvre de ma vie, commencée vers l'âge de 18 ans, terminée vers 50 ans, parfois abandonnée quelques mois ou années avant d'être reprise, sans jamais savoir si j'arriverais au bout ni serais publiée. Mes personnages m'ont donc accompagnée une grande partie de ma vie, ils ont mûri avec moi et je dois dire qu'il a été difficile de mettre le mot fin une fois l'œuvre terminée. A tel point que je n'ai pu m'empêcher d'écrire une suite : Madame de Gayrand.
Malheureusement celle-ci a pâti de mauvaises relations avec mon premier éditeur, puis des grèves et autres gilets jaunes au moment de sa sortie chez un nouvel éditeur qui doit être un des rares à imprimer encore en France et a eu des difficultés d'approvisionnement de papier ! Enfin là-dessus est arrivée la crise du coronavirus et le premier confinement qui a ruiné sa diffusion (librairies fermées, salons annulés), il n'a donc pas connu la notoriété qu'il méritait et difficile maintenant de promouvoir un ouvrage qui a déjà un an et va se confronter à des nouveautés alors qu'il n'en est plus une.
Mademoiselle de Pâquelin est un roman historique se déroulant à la Renaissance à la cour des derniers Valois pendant les guerres de religion. Le personnage principal qui a donné son nom au roman est une jeune fille encore naïve de 18 ans qui arrive à la cour de France pour devenir demoiselle d'honneur de Catherine de Médicis et va découvrir la vie auprès des grands du monde de l'époque, les bals et les festins somptueux, les toilettes et les bijoux merveilleux, mais aussi les intrigues politiques et amoureuses, les complots, les guerres, les félonies.
Dans ce roman on passe d'un château à l'autre, Blois, Chenonceau, Le Louvre, Nérac, on fait le tour de la France de la Touraine à la Lorraine, de Lyon en Avignon, de Paris à Reims, Agen ou Chambéry. Le bandeau de la 1ère édition en librairie (Nouvelles Plumes 2015, France Loisirs 2014 en avant première) titrait "les Valois comme vous ne les avez jamais lus". Et en effet on y côtoie Charles IX et Henri III, le duc d'Alençon, la reine Margot, la reine mère mais aussi le duc de Guise, le duc d'Epernon, le roi de Navarre futur Henri IV, les poètes Pierre de Ronsard et Agrippa d'Aubigné, et bien d'autres encore.
Corine de Pâquelin la catholique tombe amoureuse de Quentin de Gayrand le huguenot, un amour compliqué en cette époque troublée et comme le dit le résumé au dos de l'édition Pocket (2017) "leur lune de miel sera rouge, du sang versé sur les pavés du Louvre" (Saint-Barthélémy, août 1572). De nombreux rebondissements attendent le lecteur dans ce roman qui couvre la période 1571-1579. Madame de Gayrand couvre la décennie suivante de 1581 à 1589, Corine est désormais dame d'honneur de la reine Marguerite de Valois au château de Nérac, elle va suivre le destin de la princesse qui mène une vie tumultueuse, bientôt en conflit à la fois contre son frère le roi de France ultra catholique Henri III et son mari le roi protestant Henri de Navarre.
Mon nouvel éditeur Les éditions de l'Officine (décembre 2019, sortie effective janvier 2020) a choisi de couper le roman en deux. Le volume déjà sorti s'intitule Madame de Gayrand, dame d'honneur de la reine de Navarre 1581-1585. Le second devait sortir quelques mois plus tard mais tout a été retardé à cause de la crise sanitaire et du manque de ventes. Il devrait s'intituler Madame de Gayrand, la fin des Valois 1585-1589. J'espère une parution dans le courant de l'année 2021. Corine, son époux et ses enfants suivent la déchéance de la reine Margot en Auvergne et sont confrontés de près à plusieurs morts plus ou moins violentes : celles du prince de Condé, du duc de Guise, de Catherine de Médicis et enfin du roi Henri III.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et peux-tu nous en dire quelques mots ?
Jocelyne : J'ai en tête d'écrire un troisième opus sur cette famille, qui serait les mémoires du fils de Corine et ferait voyager le lecteur autour du monde de l'époque, de l'Amérique des conquistadors à la Chine des Ming dans les années 1590 et 1600. Le premier chapitre est commencé.
Parallèlement, entre mes deux romans historiques j'ai écrit un roman policier qui se déroule de nos jours à Metz, où la détective est une petite grand-mère dynamique qui enquête en marge des investigations de la police. Un si gentil garçon est paru en 2018 aux éditions des Paraiges. Ce n'est bien sûr ni le même genre que les précédents ni le même style d'écriture. Ce n'est pas un thriller avec poursuites, question de survie et crimes sanguinolants. C'est un policier à l'ancienne où l'enquête est basée sur la psychologie des personnages, façon Agatha Christie ou les Maigret de Simenon, avec beaucoup de dialogues et un peu d'humour, un peu du style je l'espère des Agatha Raisin de M. C. Beaton. Le gentil garçon en question n'est pas si sympa que cela, bien au contraire, il a nui a beaucoup de personnes autour de lui ce qui multiplie les suspects.
Dès le départ l'éditeur de mon roman policier a souhaité que le personnage de l'enquêtrice devienne récurrent. Un deuxième volume des aventures de Lucette Vallerand est en cours d'écriture, il devrait s'intituler Un si charmant patron et porte sur le harcèlement moral que peut exercer un employeur. Bien sûr mon passage de trois ans à la vie syndicale en a inspiré largement le sujet… le fil rouge de cette série est que les victimes ne sont pas innocentes du tout : tant qu'à faire, plutôt tuer d'ignobles individus…
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Jocelyne : une évasion, hors du monde réel, des tâches du quotidien, un voyage dans l'espace et le temps. L'écrivain est un peu Dieu aussi puisqu'il crée des personnages, des mondes, ou fait se rencontrer monde réel et imaginaire dans le cadre des romans historiques, puisque nos héros et héroïnes côtoient des personnages ayant vraiment existé, dans mon cas la famille royale de France mais aussi tout son entourage, amis, ennemis ou serviteurs. J'aime les mêler si bien qu'au bout du compte je ne sais plus trop moi-même les démêler, mettre des mots dans leurs bouches ou leurs écrits qu'ils ont vraiment dit, leur en donner d'autres et ne plus savoir dans certaines scènes après des années où est la vérité où est l'invention… L'écriture représente aussi le plaisir d'avoir créé quelque chose qui me survivra, comme avoir des enfants ou planter des arbres. Je plante mes mots et ils seront toujours lisibles quand je ne serai plus.
JM : - Tu as une imagination débordante ! Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes romans ?
Jocelyne : Eh ! Bien dans ma petite tête ! J'ai toujours eu beaucoup d'imagination. Enfant le soir je restais parfois dans mon lit sans bouger, les yeux ouverts. Ma mère venait s'inquiéter, me demander ce que je faisais, et je répondais "je me raconte des histoires". J'imaginais des suites à des livres que j'avais lu, des films que j'avais vu à la télévision, ou je leur trouvais une autre fin ! Bien sûr j'étais aussi un des personnages.
Pour Mademoiselle de Pâquelin on m'a demandé dans quel personnage j'étais : l'héroïne, sa soubrette, sa meilleure amie Hélène de Surgères, muse de Ronsard, Margot, Catherine de Médicis ? J'ai répondu qu'il y avait une part de moi en toutes et en tous aussi. Je suis également dans les personnages masculins. Lorsque j'écris un dialogue, je me mets à tour de rôle dans la peau de chacun de mes personnages, je pense à travers eux. Et je recommence les scènes plus d'une fois, dans ma tête. Je n'écris que lorsque je suis sûre que "ça colle". C'est pourquoi ils paraissent si réels, ont été jugés attachants. Un des plus beaux compliments qu'on m'ait faits était de dire que mes personnages avaient tous une profondeur psychologique. Je lis tant de romans où les répliques paraissent improbables, les réactions étonnantes.
JM : - Sauf erreur de ma part tous tes ouvrages sont des romans historiques. L'écriture de tels romans nécessite d'importantes recherches. Comment as-tu procédé pour ce faire ?
Jocelyne : Eh ! Bien, comme je l'ai dit en préambule, je suis historienne, et archiviste. Ce qui veut dire que je sais a priori où trouver les (bonnes) sources. Comme j'ai commencé mon premier roman il y a longtemps, internet n'existait pas. Toutes les sources étaient dans des livres. Il fallait consulter ou emprunter dans des bibliothèques, des livres sur la vie au XVIe siècle, sur l'histoire de France, la famille royale, sur tel ou tel aspect, le vêtement, les coutumes, la vie quotidienne, les châteaux, les villes, les armes, les duels, les guerres de religion, les personnages célèbres de la période… A l'époque on pouvait faire des photocopies comme on voulait, je travaillais avec toutes ces pages autour de moi et j'avais construit une trame chronologique indiquant chaque source pour chaque fait ou évènement ou personnage, et je consultais ces sources à chaque chapitre ou paragraphe que j'écrivais. C'était assez fastidieux.
Pour le deuxième roman historique je n'ai pas procédé de la même façon. Il y avait certains domaines que je maitrisais déjà, mais c'était la décennie suivante, donc pour les faits et certains personnages, il me fallait une nouvelle trame. Je l'ai créée en détaillant chaque fait d'après les sources, en les insérant de façon détaillée dans ma trame, pas simplement en notant les références, du coup j'avais quelque chose de très détaillé d'une cinquantaine de pages et à quelques exceptions près je n'avais plus besoin de reprendre toutes les sources à chaque fois, mais seulement cet unique document. Cela nécessitait de faire toutes les recherches en amont et non au fur et à mesure des besoins. Pour ce deuxième roman il m'a fallu une année de recherches et deux d'écriture (sachant que je ne suis pas écrivain à plein temps). Le premier s'étant écrit en 35 ans, on ne peut comparer.
Bien sûr entretemps internet est arrivé et a permis de compléter régulièrement les sources sans se déplacer. Il ne s'agit pas évidemment de travailler à partir de Wikipedia encore que parfois cela peut aider à dégrossir. Internet permet de consulter directement de chez soi les sources de l'époque : les mémoires de Marguerite de Valois, ou de tel autre, la correspondance d'Henri de Navarre ou d'autres personnages, les plans anciens de villes, de châteaux. Reconstituer le Louvre ou le Fontainebleau, le palais de Blois du XVIe siècle n'était pas évident, car certaines parties sont plus récentes, d'autres ont disparu. J'ai privilégié les sources de services d'archives ou musées, même sur le net.
Un autre aspect est de ne pas foncer tête baissée dans les écrits des pseudos historiens ou écrivains médiatiques qui ont pris pour argent comptant ce qu'on écrivait dans les pamphlets de l'époque, ce serait comme croire tout ce qui figure dans les tracts politiques ou la presse people d'aujourd'hui. J'ai privilégié les universitaires qui ont fait des thèses sur les personnages.
En premier je construis une chronologie assez succincte des grands évènements de l'époque, puis j'y insère les chronologies détaillées des personnages réels de l'histoire de France ou d'ailleurs. Parallèlement je fais la chronologie de la vie des personnages fictifs et je l'insère dedans, en la modifiant au besoin pour que cela puisse cadrer avec l'autre. Il faut que tel évènement ait eu lieu pour que les personnages réagissent de telle façon. Il faut qu'ils vivent telle chose avant tel autre fait historique, qu'ils se rencontrent dans telle circonstance pour que ce soit crédible, etc.
Pour les romans policiers cela parait évidemment plus facile, surtout s'ils se passent à notre époque, car on n'a pas à décrire la vie quotidienne, les vêtements, les coutumes qui sont pré-acquis par le lecteur. Mais une autre difficulté se fait jour, celle de laisser des indices, des vrais, des faux, pour qu'il puisse deviner des choses mais pas trop, l'induire en erreur parfois et que tout se tienne quand même à la fin, qu'il puisse relire en connaissant la solution de l'intrigue et en se disant "mais oui il y avait tel ou tel indice dès le début". Cela demande non des recherches, mais une gymnastique intellectuelle qui n'est pas toujours évidente.
JM : Comment écris-tu tes livres (carnets, cahiers, fiches, écriture directe sur l'ordinateur) ?
Jocelyne : j'ai écrit mon premier roman historique de façon manuscrite sur de grandes feuilles A4 non quadrillées de couleur (roses, bleues, jaunes…) et il m'a fallu tout retaper ensuite ce qui était fastidieux d'une part et source d'erreurs, de sauts de lignes ou de mots, de fautes de frappe. Cela nécessitait une relecture très attentive également. D'autant que c'était un pavé de presque 1000 pages. Pour mon premier roman policier (une centaine de pages) je l'ai écrit directement sur l'ordinateur et je procède ainsi depuis.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes romans ?
Jocelyne : c'est la chose la plus compliquée de la vie de nouvel écrivain. J'ai souhaité comme tout le monde avoir une grande et belle maison d'édition. La plupart veulent recevoir des manuscrits papier, or je vous l'ai dit le mien faisait 1000 pages, vous imaginez l'épaisseur et le poids pour les envois par la poste, sans parler du prix. Avec la plupart on ne peut même pas dialoguer par mail. Une a accepté toutefois de recevoir un plan et deux chapitres, pour me répondre trois mois plus tard qu'ils n'étaient pas intéressés. A partir de là ça devenait très compliqué, envoyer des kilos de papier, pour ne même pas les récupérer la plupart du temps. Il faut savoir qu'ils reçoivent 30 manuscrits par jour dont la plupart ne sont même pas lus.
Etant abonnée à France Loisirs j'avais vu sur leurs catalogues depuis plusieurs mois une annonce de Nouvelles Plumes à qui on pouvait envoyer un manuscrit au format numérique. Il serait lu par un panel de lecteurs volontaires de FL et si on en convainquait les trois quarts on pouvait être publié, en avant-première pendant six mois à France Loisirs d'abord puis en librairie. Je me suis dit qu'au moins mon roman serait lu par des lecteurs comme vous et moi et que ce serait mieux que rien.
J'ai eu de bonnes notes et de bons commentaires et j'ai été publiée. On m'a quand même demandé de réduire mon roman de 10 % pour le publier, ce qui a été un crève-cœur. Toute l'organisation pratique était faite par FL, mise en page, corrections, couverture et tant qu'ils géraient cela s'est bien passé. Pour le passage en librairie cela a été une autre histoire car aucune publicité n'a été faite et les relations avec le responsable de la maison d'édition sont rapidement devenues chaotiques et désagréables (il a depuis été remplacé par une autre personne mais un peu tard pour moi). Néanmoins il avait signé un contrat avec Pocket qui a permis une seconde vie à ce roman (2017).
Le contrat initial prévoyait l'obligation de leur proposer mes trois prochaines œuvres, ce qui peut paraître intéressant mais se transforme rapidement en piège en cas de refus ou de non réponse. Je leur ai proposé mon roman policier qui a été lu par le panel de lecteurs, a été apprécié mais refusé sous le prétexte que j'allais "perturber mon lectorat". Quand j'ai dit que j'allais donc le publier ailleurs on m'a menacé d'un procès ! J'ai dû m'adresser au syndicat national des auteurs et compositeurs pour régler ce problème. Comme l'intrigue se passait dans ma ville, j'ai proposé ce roman à une maison d'édition locale qui l'a publié et en espère un second.
Je devais par obligation proposer à nouveau la suite de mon roman historique à Nouvelles Plumes. Bonne appréciation du panel et nouveau refus, sans explication, espéré celui-ci car deux refus consécutifs valaient rupture de contrat et je ne voulais plus avoir affaire avec eux. J'ai trouvé mon nouvel éditeur national (Editions de l'Officine) en discutant avec d'autres auteurs dans les salons littéraires de ma région. Il me fallait pour ce roman une diffusion à l'échelle du pays pour que les lecteurs du premier puissent trouver facilement la suite.
JM : -Lorsque la situation sanitaire le permettra, envisages-tu de participer à des séances de dédicaces, de rencontrer tes lecteurs et lectrices ?
Jocelyne : oui je l'ai déjà fait régulièrement par le passé dans des librairies ou des salons. J'ai fait essentiellement ceux de ma région. Mon nouvel éditeur m'avait promis le salon de Paris et d'autres mais la crise sanitaire est arrivée, j'espère que les salons renaitront bientôt, car le contact avec le public et l'ambiance de ces manifestations me manquent, les rencontres avec les autres auteurs aussi.
JM : Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Jocelyne : certainement, les blogs et réseaux sociaux sont indispensables pour les auteurs de province qui ne disposent pas de vitrine satisfaisante dans les médias classiques. J'ai eu la chance d'avoir surtout de bonnes voire très bonnes critiques. Je crois que je n'en ai vu que deux de mauvaises, blessantes car complètement à côté de la plaque. Mais effacées par toutes les autres.
JM : - Que penses-tu de l'édition numérique ? (avantages – inconvénients)
Jocelyne : mon premier roman historique a été publié sous les deux formes, papier et e-book, que ce soit à France Loisirs ou après en librairie. Les ventes en version numérique sont minimes par rapport à la version papier (4 à 5 % seulement). Je ne pense pas que le lectorat français soit prêt pour ce type de lecture dans sa majorité. Ce n'est pas le cas des anglo-saxons. Moi-même j'ai beaucoup de mal avec les versions numériques, je préfère feuilleter un livre, le sentir, tourner les pages… et puis nous sommes déjà trop souvent devant un écran.
Le coût en numérique est sans doute intéressant, et cela prend moins de place, j'y vois un côté pratique aussi pour la lecture à distance de documents conservés ailleurs et numérisés ; mais pour le plaisir, pour passer de main en main et à la postérité, rien ne vaut le papier. Et c'est une archiviste qui parle ! On peut lire aujourd'hui des livres en papier qui ont cent ans, cinq cent ans… Quid de vos tablettes et liseuses dans cent ans et plus ? Sauf à recopier éternellement sur de nouveaux supports et on ne le fera pas pour tout. Sans parler d'un accès nécessaire à l'électricité. Donc pour emmener sur une île déserte, c'est rapé… 😊
JM : - Quels sont tes auteurs préférés ? Et quel est ton dernier coup de coeur ?
Jocelyne : Molière, Dumas, Zevaco (les Pardaillan), la comtesse de Ségur, Juliette Benzoni, je lis peu d'auteurs contemporains ou de romans qui ne soient ni historiques ni policiers, sauf mes collègues de salons littéraires régionaux mais je ne vais pas en citer un pour ne pas blesser les autres ! J'ai longtemps refusée de lire les "têtes de gondole" mais me suis surprise à aimer Musso ("La jeune fille et la mort", "Central Park"). Quelques collègues de Nouvelles Plumes comme Fabienne Glineur ("La seconde chance d'Inès") Edmonde Permingeat ("Tu es moi", "le crime est dans le pré")
Sinon Agatha Christie, Georges Simenon, Fred Vargas. M.C. Beaton pour les Agatha Raisin, Peter Tremayne pour la série des "Sœur Fidelma" (religieuse enquêtrice dans l'Irlande du haut moyen âge).
Pas de gros coups de cœur récents. J'ai apprécié néanmoins "La dernière conquête du major Pettigrew" d'Helen Simonson : une campagne anglaise typique peuplée de cottages et de retraités bourrés de principe et de la grandeur de l'Angleterre, et ne voilà-t-il pas que le major Pettigrew tombe amoureux de l'épicière pakistanaise. Shocking !
JM : Lis-tu ? Si oui quel genre ?
Jocelyne : je ne lis pratiquement plus de roman historique, surtout de ma période de prédilection car j'y vois trop d'erreurs… Je lis surtout des policiers, en ce moment la série des Maigret de Simenon publiés par Le Monde tous les quinze jours ou les Agatha Raisin que j'achète chaque trimestre à France Loisirs. J'ai quelques piles à lire de romans plus "classiques" qui diminuent très lentement…
JM : - Quel livre découvert dans ton enfance t'a donné l'envie d'écrire des romans historiques ?
Jocelyne : incontestablement les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas (et ses suites Vingt ans après, le Vicomte de Bragelonne), relu plusieurs fois, visionné dans toutes les versions filmées y compris les pires (la série Musketeers, berk). Les versions cinématographiques plus que les livres de la série des Pardaillan. Mon enfance a été rythmée par les films et séries de cape et d'épée vues à la télévision (Le Bossu, Le Capitan…). Mon premier amour était Thierry la Fronde, j'avais 4 ou 5 ans et j'étais persuadée, pendant le générique où il fixait la caméra, qu'il me regardait et me souriait à moi seule ! Le héros de mes romans historiques, Quentin de Gayrand est incontestablement un croisement entre d'Artagnan et Pardaillan ! Et il a hérité du prénom de Quentin Durward (Walter Scott et série télé des années 1970)…
JM : - A quelle époque aurais-tu aimé vivre ?
Jocelyne : je vais sans doute vous étonner mais la nôtre, malgré les circonstances actuelles de pandémie. Je crois sincèrement qu'il vaut mieux naitre femme en France à notre époque qu'à n'importe quelle autre époque ou lieu dans le monde.
JM : - Quel est ton film, ta série culte ?
Jocelyne : outre les films et séries de cape et d'épée déjà citées, je vais sans doute encore étonner, je suis fan d'Harry Potter, livres et films. Et en policier les Columbo, Hercule Poirot et Barnaby (Midsomer murders).
Downton Abbey est un chef d'œuvre ainsi que la série Les Rois maudits des années 1970 qui avait une belle intensité dramatique.
JM : - Quel genre de musique écoutes-tu et écris-tu en musique ?
Jocelyne : j'écoute peu de musique et surtout en voiture. Je suis plutôt "variété française pas forcément récente"… Lors de l'écriture de mon premier roman historique j'aimais écouter de la musique ancienne des XVIIe-XVIIIe siècles : Corelli, Vivaldi, Haendel, Haydn, Bach… (du XVIe siècle on a conservé peu de choses) Maintenant je préfère le silence pour écrire.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Jocelyne : la lecture bien sûr, l'archéologie dans ma jeunesse, l'histoire toujours, la généalogie qui est une autre forme d'histoire, toute personnelle. J'ai pu remonter de nombreuses branches de ma famille jusque vers 1600. Aucun roi je vous rassure, aucun pendu non plus*. Beaucoup de vignerons, ce qui est à l'origine de mes premières recherches historiques (mémoire de maîtrise et livre sur Vignerons vigne et vin en Pays messin) et comme toute bonne mosellane qui se respecte quelques branches luxembourgeoises et allemandes, quelques tyroliens plus "exotiques" venus repeupler la région après la Guerre de Trente ans (1618-1648) dévastatrice. Encore une histoire de guerre de religion, tiens !
* En généalogie on a coutume de dire notamment à ceux qui se cherchent des ancêtres nobles ou royaux : tout roi descend d'un pendu et tout pendu descend d'un roi.
JM : - Quel est ton proverbe favori ?
Jocelyne : le mieux est l'ennemi du bien. Ma grand-mère le disait souvent et je le ressens aussi, si on essaie de trop bien faire, on peut obtenir l'effet inverse.
JM : - Si tu étais un fruit, une couleur, une fleur, un animal, un dessert ? Tu serais :
Jocelyne : un fruit je vais dire une fraise, en rapport avec la pièce de vêtement du XVIe siècle ; la couleur rouge qui était celle, prémonitoire, du mariage de Margot et Henri de Navarre et à cause du sang versé sur les pavés du Louvre lors de la Saint-Barthélémy ; la fleur de lys en hommage à la famille royale française ; en animal je vais choisir un petit bichon maltais, personnage à part entière de mon premier roman et pour rester au XVIe siècle je vais choisir en dessert des dragées, du massepain et de la confiture de rose…
JM : - Si tu devais partir sur une île déserte quel objet incontournable à tes yeux emporterais-tu ?
Jocelyne : un livre évidemment, un gros, à lire, à relire, à réécrire…
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Jocelyne : merci de m'avoir ouvert cette tribune et pardon d'avoir été trop bavarde, j'espère que cela vous donnera l'envie de découvrir mes romans.
JM : - Merci Jocelyne pour ce très agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous avez la parole : vous pouvez si vous le souhaitez poser d'autres questions à Jocelyne sous ce post.
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