INTERVIEW AUTEUR
Rémy JEDYNAK
Lundi 6 MAI 2019 à 18 h
différé
JM : - Bonsoir à tous,
JM : - Bonsoir Rémy
Rémy : Oui bien sûr, j’espère bien que vous n’allez pas me dévorer tout cru.
JM : - Question habituelle mais incontournable : pouvez-vous, tout d'abord, vous présenter afin que nos amis puissent mieux vous connaître ?
Rémy : Né à Saint-Etienne dans la Loire, j’ai fait mes études au Lycée du Portail Rouge de cette ville puis à la faculté de droit de Lyon avant de m’installer à Paris pendant 30 ans comme fonctionnaire puis à Lille, Grenoble, Nîmes et Valence au gré de mes mutations et de mes promotions. Je suis désormais Drômois à part entière depuis 20 ans et heureux de l’être. Quelques points d’ancrage qui sont autant de repères pour faire connaissance, parce que ce sont les expériences vécues qui illustrent et façonnent les personnalités.
Travail dans les entreprises pendant les vacances scolaires, premiers contacts avec la vie active et la solidarité salariale.
Expériences d’éducateur auprès d’enfants handicapés ou en rupture de société.
Surveillant d’internat.
Service militaire dans les Ardennes, une expérience riche en relations humaines, un melting-pot de classes, de races, de milieux sociaux où j’ai même pu jouer à l’instituteur au lendemain de la guerre d’Algérie.
Je me suis essayé à la comédie, ce que j’ai adoré, et bien plus modestement au piano où j’ai fait le désespoir de mes professeurs.
…Toutes ces traces du passé ont construit mon avenir.
Bien qu’à la retraite, je continue à effectuer quelques vacations en qualité de magistrat avec une ou deux audiences par semaine, ce qui me permet de consacrer davantage de temps à l’écriture.
JM : - Que représente pour vous l'écriture ?
Rémy : Un moyen de gagner beaucoup d’argent.
Non, là je plaisante.
Mon rapport à l’écriture est né de la lecture. Il faut se replacer à une époque sans ordinateur, sans internet, sans tablette.
J’avais une sœur de quatre ans mon ainée et je dévorais les bouquins qu’elle achetait et qui s’adressait à un lectorat plus âgé que moi avec les grands auteurs de l’époque : Sartre, Gide, Camus, Steinbeck, Remarque, Hemingway…La liste serait trop longue mais on y trouverait peu d’auteurs de roman policier ou de science-fiction à part peut-être Huxley ou Bradbury.
Par ce biais, j’ai découvert le bonheur d’écrire dès ma scolarité et je crois qu’il ne m’a plus jamais quitté. Ce qui était pour les autres un pensum devint pour moi un plaisir, celui des mots choisis, des phrases expressives, de la transmission de idées, de la communication et de l’évasion.
C’est l’écriture en fait qui s’est imposée à moi. Elle m’a conduit de la poésie, à la rédaction d’articles de presse et de nouvelles et à l’élaboration d’un magazine professionnel dont j’étais le rédacteur en chef.
J’évoque souvent, pour le fun, une anecdote authentique qui répond mieux que je ne saurais le faire. J’étais, je crois, en quatrième.
Mon prof de français :
-
Rémy : 0
-
Rémy : Pourquoi zéro ?
-
Le Prof : faudrait voir à pas me prendre pour un imbécile !c’est copier dans un bouquin chez un vrai écrivain. Cela s’appelle du plagiat. Un gamin de 14 ans ne peut pas écrire aussi bien que ça.
-
Rémy : Mais Monsieur, je vous jure que c’est moi qui l’ai écrit tout seul, je l’ai pas pompé.
-
Le Prof : à d’autres, si en plus tu mens tu aggraves ton cas.
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Mais Monsieur je suis toujours dans les trois premiers en dissertation !
-
Le Prof : C’est pas une raison pour plagier.
-
Mais Monsieur, chez quel écrivain je l’aurai copié mon texte ?
-
Le Prof : ça n’a pas d’importance mais ça ne peut pas être de toi. On en reste là 0 pointé.
Il faut quand même que je dise que j’ai eu ma bulle mais que, quelque part, j’étais super fier qu’un prof ait pu me comparer à un écrivain, un vrai de vrai. Trop beau !
JM : - Pouvez-vous nous parler de vos ouvrages et en particulier de votre dernier roman « La Forêt des ombres » ?
Rémy : Je vais commencer par ‘Purgare’, une pièce en deux actes, parce qu’elle a une origine bien particulière. On me demande souvent si les affaires jugées par le magistrat influencent l’écrivain. Soyons clair, les dossiers que j’ai traités n’ont jamais inspiré mes romans. Je n’irai pas cependant jusqu’à dire que mon expérience et mon vécu n’ont jamais influencé mes écrits. C’est notamment le cas pour Purgare, une pièce de théâtre qui traite de la maltraitance des enfants et qui est née de mon exaspération devant le trop grand nombre de dossiers de ce type dont j’ai eu à connaître, affaires graves, pleines de souffrances et de détresse, qui plus est chez des enfants parfois très jeunes, fragiles et sans défense. Un traumatisme aux lourdes conséquences physiques et psychologiques, qui ne disparaît jamais et impacte à vie le quotidien.
Un livre n’est pas seulement une lecture. Il peut être aussi un appel au secours destiné à sensibiliser les gens sur la gravité et la fréquence d’un drame et les saloperies de la vie. C’est enfin une incitation forte pour les victimes à ne pas culpabiliser comme c’est trop souvent le cas.
Pourquoi une pièce de théâtre alors qu’elle est moins attractive qu’un roman pour un lecteur ? Parce qu’un personnage irrigue sa souffrance, partage visuellement son désespoir, crie sa douleur. Peut-être aussi que mes quelques années sur scène m’ont donné le goût de ce choix. Sans doute enfin parce qu’elle m’a permis de mettre en scène un procès avec les tics et les artifices de chacun, avocats, procureur, magistrats. Ma principale difficulté a été de traiter un sujet aussi grave avec, parfois, une apparence de légèreté et même un certain humour dans les dialogues pour que le spectateur ne sombre pas dans le pessimisme le plus noir.
Elle est destinée à être jouée sur scène et vécue avec les spectateurs.
Dans un roman, l’imagination est au pouvoir. Tout devient possible et la réalité s’estompe devant les personnages. Pourtant, pour moi, une exigence demeure, celle de la vraisemblance, de la cohérence et de la crédibilité du récit et des personnes. Qu’il s’agisse de livre ou de film, il faut que j’adhère. Sans doute une résultante de mon activité où les affaires traitées en audience ont bien souvent des relents de polar.
En fait, quand on me demande ma recette pour écrire, je réponds, et c’est vrai, que ma méthode se caractérise par n’en avoir aucune. Jamais je n’ai rédigé un synopsis détaillé, jamais je n’ai conçu la fin d’un roman avant d’en avoir écrit la trame. Je ne sais pas comment un livre que je commence va se terminer. Le canevas et l’épilogue se dessinent en fonction de mes personnages, de leur caractère, leurs qualités et leurs faiblesses, leurs désirs et leurs rancunes. Tous ont une âme, des convictions, des certitudes, des lâchetés et sont ancrés dans la société. Je veux dire par là qu’ils sont profondément vivants et qu’avec une autre personnalité, ils auraient sans doute agi autrement et que le dénouement aurait été différent.
Autre roman, ‘Tentative de deuil et autres réflexions anodines’, en partie autobiographique et qui a trouvé ses origines dans un besoin de livrer quelques-unes de mes réflexions sur notre société actuelle et accessoirement d’évoquer celle des années 1960. Il analyse aussi nos comportements dans un style très particulier, assez virulent et proche de l’oralité. Un livre qui appelle la réactivité. Le lecteur devient un interlocuteur que je tutoie et interpelle. Il m’a plu de mélanger dans un même roman deux mondes habituellement étrangers, l’aspect polar et sociétal, en condamnant les personnages à réfléchir sur leur individualité et leur rapport au monde dans lequel ils survivent. Comme a écrit un lecteur, « un polar mais pas que…un polar qui pense » ou un autre, « Des réflexions pas si anodines que ça ». Une curiosité où apparait un couple de flics disparates où la capitaine, avec ses qualités de femme, et le lieutenant, avec ses défauts d’homme, forment un couple si différent qu’ils en sont parfaitement complémentaires.
‘La Nuit Assassine’ est née d’une idée : mettre en scène, en France, un crime que le principal suspect ne peut avoir matériellement commis parce qu’il se trouve physiquement à l’étranger. Meurtre parfait ? En exergue, j’ai écrit « Le meurtre parfait n’existe pas, la preuve, on n’en connaît pas ». Tout un mystère qui plane sur l’énigme, mâtinée d’une belle histoire d’amour, qui se termine en drame et où apparaissent nos deux policiers hors normes. À ma connaissance, aucun lecteur n’a encore trouvé la solution de cette énigme avant que l’Inspecteur Rabbit et le Capitaine Michalat ne la découvrent.
Le dernier roman qui vient de paraître aux éditions ROD, qui m’a accueilli avec chaleur et compétence, est ‘La Forêt Des Ombres’. Il a pour origine un fait divers réel qui s’est produit dans un village de Haute-Loire où, bien des années auparavant, j’ai été surveillant d’études et d’internat. Bien entendu, le roman lui-même est de pure fiction. J’ai eu un énorme plaisir à l’écrire en prenant un bain de jouvence rétrospectif dans ce milieu d’adolescents. Il y a aussi un personnage anonyme, obscure et inquiétant que j’adore et qui rode tout au long du roman à la recherche de son accomplissement et dont on ne sait qu’in fine qui il est et quel rôle il a joué. Extrait. « L’angoisse s’installe : accident, enlèvement, viol, assassinat ? Bien sûr, il y a cette gourmette, anonyme et mystérieuse, dont on ne sait à qui elle appartient. Bien sûr, il y a ces affrontements ouverts ou larvés et ce jeune garçon poignardé. Vient le temps des suspects trop nombreux et des victimes pas forcément innocentes. Et puis, il y a cette boule qui va et vient dans ce crâne, invisible et présente, imprévisible et monstrueuse ». Connaissant les lieux et la mentalité des acteurs, élèves ou villageois, la tentation s’est révélées trop forte pour que je résiste au plaisir de m’emparer du sujet avec une multitude de rebondissements et de suspects potentiels qui tiennent, sur un rythme haletant, le lecteur en haleine jusqu’au dénouement. C’est en tout cas ce qu’en ont dit certains chroniqueurs dont je partage l’avis (sourire).
Ainsi, du théâtre au roman, j’aime varier les styles et les genres. À quand de belles histoires d’amour mais je pense être plus doué pour les vivre que pour les écrire.
JM : - Avez-vous d'autres projets d'écriture et souhaitez-vous nous en parler ?
Rémy : Je viens d’achever l’écriture d’un nouveau roman, un polar disons historique, où se mêlent passion, haine et violence. Il a pour cadre la seconde guerre mondiale et plus particulièrement la Résistance, période que j’affectionne pour sa complexité des comportements. C’est le point de départ d’une intrigue surprenante qui se poursuit dans les années 60.
Quand je dis que l’écriture est achevée, ça ne veut pas dire que le livre est terminé pour autant car commence la partie la plus ingrate pour moi avec les corrections de toutes sortes (orthographiques, typographiques, invraisemblances, répétitions…). J’aime aussi soumettre mon premier jet à des lecteurs pour avoir leur avis, avant même que le tapuscrit soit soumis aux éditeurs. Il ne s’agit pas d’une aide à l’écriture mais juste de me donner une première impression en quelques phrases, après lecture. Ce n’est pas chose facile car la famille et les amis n’osent pas trop critiquer et font preuve d’une certaine indulgence bien compréhensible. Quelque part, je suis en manque de critiques objectives mais je vais y remédier en faisant appel aux bonnes volontés. Ici, qui sait ?
JM : - Comment procèdez-vous pour l'écriture de vos ouvrages (carnets, cahiers, directement sur l'ordinateur) ?
Rémy : L’écriture d’un roman ne s’improvise pas. On ne s’assoie pas un matin devant l’ordinateur en se disant aujourd’hui, je vais écrire un livre. Il faut que ça murisse dans la tête à partir d’une idée, d’une envie, d’un fait (divers ou pas), d’une circonstance. Beaucoup de gens commence à écrire et s’arrête au bout de quelques pages, faute d’inspiration ou simplement d’envie. Il m’arrive de commencer un roman à partir d’une idée et de la modifier parce que je ne la juge pas satisfaisante. Il m’arrive d’inverser des chapitres parce que c’est davantage crédible ou de les supprimer.
Je veux dire par là qu’à partir de l’instant où je m’investis dans l’écriture, l’idée générale de mon roman est déjà incrustée dans ma tête et n’en sortira plus, ce qui ne signifie pas que j’en connais la fin. À partir de ce moment-là, nous nous mettons en couple et commence notre vie commune. Parfois, ma femme me demande, voyant que je ne l’écoute pas : mais où es-tu ? La réponse est simple, je suis avec et dans mon livre. A ces moment-là, l’écriture me bouffe la vie parce qu’elle est mes jours et mes nuits.
En regardant la télé, il m’arrive de me lever soudain pour prendre des notes. C’est fou aussi ce que l’esprit travaille la nuit et c’est au petit matin que je rassemble et note le fruit de mes réflexions nocturnes. Ensuite, je me lève et fait de ces quelques lignes des pages entières sur l’ordi. Écrire n’est pas pour moi le plus difficile, c’est même un bonheur et les mots s’écoulent alors souvent avec facilité.
Dans la journée, j’utilise beaucoup le dictaphone de mon téléphone. J’enregistre parfois des mots, des phrases et surtout des idées. Les scènes de la vie quotidienne sont une source inépuisable d’inspiration.
Je suis en admiration devant nos anciens quand je pense aux corrections, ratures, modifications qu’ils devaient apporter à la plume ou au stylo. Maintenant, copier-coller et on déplace, un clic et on efface, un autre et on corrige. Je ne suis pas certain que nous ayons conscience de notre chance à cet égard!
JM : - À quel moment de la journée ou de la nuit écrivez-vous et pendant combien d'heures ?
Rémy : Je pense avoir répondu à cette question.
JM : -Avez-vous des séances de dédicaces prévues prochainement ?
Rémy : Je dois dire que j’ai une affection particulière pour les séances de dédicaces. J’ai fait les dernières à la librairie Baume à Montélimar le 16 mars et à Cultura à Valence le 30 mars. Ces rencontres sont des moments privilégiés pour discuter avec les lecteurs. Je suis toujours étonné par la variété des sujets que nous abordons, parfois futiles et parfois graves, concernant les problèmes du quotidien ou ceux de société. Il arrive même qu’une une certaine sympathie réciproque s’installe et que j’en oublie pourquoi je suis là. Mes prochaines dédicaces auront lieu dans la Drôme au centre culturel Leclerc de Valréas le 25 mai, puis à la Fnac de Crest le 22 juin et à celle de Montélimar le 6 juillet. Inutile de noter, je vous le rappellerai ici, dans votre groupe préféré (sourire).
JM : - Comment avez-vous procédé pour faire publier vos écrits ?
Rémy : Quand on n’est pas introduit chez un éditeur, c’est relativement difficile de se faire admettre. J’envoie donc des tapuscrits et le fait que certains les acceptent désormais par mail facilite grandement les choses en faisant gagner du temps et épargner les frais d’envoi. Non seulement, il faut trouver l’éditeur mais aussi être en phase avec lui dans la conception et le suivi de son travail. Derrière trop de soi-disant éditeurs se cachent de simples imprimeurs.
Éditer un livre est une chose mais en assurer la distribution, la diffusion et la promotion reste essentiel, ce qui ne veut pas dire que l’auteur n’a pas également son rôle à jouer (salons, dédicaces…).
Chez Rod, j’ai été de suite séduit par les méthodes de travail, le relationnel qui s’est instauré, la disponibilité et l’écoute des interlocuteurs, l’atmosphère conviviale. Tout s’est fait ensuite en étroite collaboration et j’ai été associé à l’élaboration de la première de couverture et, cerise sur le gâteau, à la vidéo de présentation. Bref à ce jour, je n’ai qu’à me louer de ROD et de tous ses acteurs que je remercie.
JM : - Que pensez-vous de l'édition numérique ?
Rémy : Je suis pour le principe mais mes tentatives ne m’ont pas enthousiasmé. C’est un énorme moyen de diffusion à bas coût ce qui me séduit mais le bruit des pages qu’on tourne et l’odeur du papier d’un livre neuf me sont indispensables. Les objets inanimés ont une âme et à fortiori quand il s’agit d’un bouquin que je lis.
J’ai entendu dernièrement qu’il était mieux de lire un livre papier le soir qu’en numérique pour avoir un sommeil plus réparateur. Qu’on se le dise.
Ceci dit, si le numérique peut conduire à la lecture du plus grand nombre, et des jeunes en particulier, alors je dis oui, mille fois oui.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont vos passions ?
Rémy : La retraite n’est pas un havre d’inactivité mais le royaume où l’on peut enfin donner libre cours à ses amours de toujours.
J’adore jouer. Ça va du tarot ou de la pétanque à la comédie, c’est dire si le panel est large. Je suis aussi un grand pêcheur (je n’ai pas dit un bon) devant l’éternel et, là également, dans tous les sens du terme.
J’aime manger et boire du bon vin parce que la table est un moment de partage et de convivialité. J’adore échanger avec les gens, c’est fou ce qu’ils ont de choses intéressantes à dire surtout si ce ne sont pas des énarques qui s’inscrivent dans un moule. Notre société est de moins en moins permissive et je le déplore car seul l’excès est préjudiciable. Nous sommes encadrés, filmés, écoutés, les interdits fleurissent. Vivre est un risque en soi, celui de souffrir et de mourir, et il faut l’accepter.
J’aime la poésie, de Villon à Prévert, toute la poésie.
Mon métier me passionne et ceux qui n’aiment pas leur job doivent être bien malheureux.
Pour moi, l’inactivité est haïssable.
Savez-vous aussi que dans certains pays, de plus en plus de retraités se font emprisonner afin d’éviter de vivre dans la misère en liberté.
JM : - Lisez-vous ? Quel genre ?
Rémy : Moins que je le voudrais. J’aime les romans réalistes, les histoires d’hommes et de femmes qui aiment, qui souffrent, qui osent, qui risquent, bref qui vivent en somme. Les longues descriptions de gens ou de paysages m’ennuient (merci monsieur Balzac). Je suis très éclectique et citerai pêle-mêle Hemingway, Boris Vian, Frédéric Dard, Richard Llewellyn, Kessel, Zola auteur prolifique ancré dans la vie et que je viens de relire entièrement avec toujours autant de bonheur, Steinbeck, Chandler, Sartre, Agatha Christie, Molière, Saint-ex avec une tendresse particulière pour le Petit Prince.
Mais il y en a tellement d’autres…Pour terminer, un livre maudit, un vrai : La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. L’auteur s’est suicidé en 1969, lassé d’avoir vainement essayé de faire publier son roman qui fut couronné à titre posthume par le prix Pulitzer en 1981.
Aujourd’hui, il continuerait peut-être à vivre grâce à l’autoédition mais pensez quand même à cela, chers éditeurs, lorsque vous refusez nos livres (sourire).
JM : - Quel est votre style de musique préféré et écrivez-vous en musique ?
Rémy : Sans conteste, ma préférence va aux auteurs à texte qui ont d’ailleurs marqué ma jeunesse et mon adolescence.
J’adore l’écriture de Brassens dont chaque phrase est ciselée, chaque mot choisis et irremplaçable, chaque tournure de phrase adaptée, chaque image éclairante.
Je pourrai dire la même chose de bien d’autres comme Brel ou Ferrat dont les chansons sont autant de leçons de vie et que je considère davantage comme des poètes que comme des compositeurs. Il m’importe aussi que leur mode de vie et leurs actes soient en adéquation avec leurs textes.
Le jazz me transporte dans le Sud des États-Unis (New-Orleans) : Bechet, Armstrong et sa voix d’outre-tombe, Gershwin, Miles Davis, Ella Fitzgerald.
Le classique me submerge parfois, de Chopin le charmeur, à Mozart le divin, où Beethoven le fou. Certains opéras aussi mais je ne comprends ni l’Italien ni l’Allemand et je le regrette.
Quand à écrire, il me faut un silence monacal.
JM : - Quel est votre plus grand rêve ?
Rémy : Je rêve de l’impossible, d’un monde apaisé où l’économie servirait le social et où règnerait l’esprit communautaire au détriment de l’argent. Un pays où l’humain serait au centre de nos préoccupations et supplanterait l’individualisme forcené et où les médias se limiteraient à nous donner des informations objectives sans répéter en boucle, comme si c’était de la pub, ce qu’il faut en penser jusqu’à ce que ça imprègne nos cerveaux. Le politiquement correct me fatigue. Qu’elle est belle notre devise gravée sur le fronton de nos mairies. Autant dire qu’on en est loin. Je suis un utopique acharné et plein de contradictions mais ce n’est pas grave puisque ce n’est qu’un rêve et que les hommes restent ce qu’ils sont.
JM : - Quels auteurs vous ont donné l'envie d'écrire ?
Rémy : Un peu tous ceux que j’ai lus et aimés je suppose, chacun à leur manière.
JM ; - Quel film pourriez-vous voir plusieurs fois ?
Rémy : Ceux que j’ai adoré, vu, revu et rerevu, dans des genres très différents. Pêle-mêle et ce n’est pas forcément l’ordre de préférence : Il était une fois la révolution, La ligne verte, les Chti, Les tontons flingueurs dont j’aime répéter les répliques, La grande vadrouille, Rio bravo, Le crépuscule des Dieux, La liste de Schindler, L’armée des ombres, 12 hommes en colère, le Parrain, A l’ouest rien de nouveau, Les choristes, Don Camillo, Fahrenheit 451, Pulp fiction, Il était une fois l’Amérique, Les affranchis, Le dictateur, Délivrance (pour la musique), Les 7 mercenaires, Full metal jacket…Mais puisque je dois me limiter à un seul, et bien que ce soit injuste pour les autres, je dirai ‘Les temps modernes’ pour son côté visionnaire et rebelle.
JM : Quels sont vos endroits préférés (chez vous, région, pays) ?
Rémy : Si j’avais droit à un joker, je l’utiliserai là parce que peu d’endroits me laissent vraiment indifférent. Ils peuvent m’enthousiasmer pour la beauté d’un paysage, pour le caractère chaleureux des habitants (le Nord) mais ce peut être aussi pour un lieu chargé d’histoire (la vallée du Nil, Rome), pour l’immensité de l’océan, un village perché de Provence, les gorges du Verdon, La vallée du Rhin et le rocher de la Lorelei. Tout se passe dans mes tripes. La Haute-Loire et l’Ardèche me sont chères pour des raisons sentimentales liées à mon enfance.
La Drôme m’enchante, pays entre mer et montagne au paysage encore verdoyant et qui respire la quiétude par la douceur de son climat. J’aime ma maison parce qu’il fait bon y vivre et que c’est fondamental. Finalement, je suis bien partout où je suis heureux.
JM : - Quel adjectif vous définit le mieux ?
Rémy : Impatient dirait d’aucune, j’ai horreur des files d’attente et je voudrai que ce soit fini dès que je commence. Moi, je pense que je suis un gourmand de la vie, un hédoniste. Pour trouver un adjectif qui me convienne mieux pour dévoreur de vie, je dirai un vivore puisque j’aime faire des enfants à la langue française. Je résiste à tout sauf à la tentation comme disait Oscar Wild et j’ai souvent donné la préséance à mes envies et à mes plaisirs, ce qui est très mal. J’ai l’espoir que ça continue ainsi le plus longtemps possible et qu’au bout du bout je puisse me retourner sur mon passé sans regretter de n’avoir pas osé faire ce que j’aimai. J’espère aussi pouvoir me regarder chaque matin dans la glace sans avoir trop honte de ce que j’ai fait la veille.
Quand à mes défauts, il faudrait interroger mes amis car ce sont eux qui en parlent le mieux.
JM : - Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Rémy : Je suis un amoureux de la vie, vous l’aurez compris et je vous souhaite de continuer à savoir rêver, aimer et agir. Ce n’est pas incompatible. Et à tous, merci d’exister et d’être là.
JM : - Merci Rémy pour cet agréable moment passé en votre compagnie.
Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Rémy
qui se fera un plaisir de vous répondre en direct ou plus tard si vous n'êtes pas présents ce soir.
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