INTERVIEW AUTEURE
Annie DEGROOTE
JM : - Bonsoir à tous
⁃ Notre amie Annie DEGROOTE a gentiment accepté, récemment, de se soumettre à mes questions.
⁃ Je partage donc avec vous cette interview, à l'issue de laquelle vous pourrez, si vous le souhaitez, poser des questions auxquelles Annie répondra PLUS TARD selon ses disponibilités.
JM : - Bonsoir Annie
⁃ Comment vas-tu ? Es-tu prête à « subir mon petit interrogatoire » ?
Annie : Bonjour à tous ! me voici prête …
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Annie : Auteure depuis plus de vingt cinq ans, j’étais, auparavant, comédienne et metteure en scène. Mes premières amours furent la danse classique, et le théâtre. Je garde toujours un petit pied dans le monde du spectacle, et il m’inspire beaucoup, comme tout ce qui est artistique.
Je vis à Paris, mais reste attachée à mes Flandres natales ( je suis née côté français de la frontière Nord !) . Je suis, du reste, marraine de l’ADAN ( association des auteurs des Hauts de France).
J’adore tout ce qui est historique. Au théâtre, j’ai toujours aimé les « rôles à costumes ». C’est sans doute la raison pour laquelle j’aime, au travers de mes romans, me replonger dans l’Histoire de ma région natale, cette grande Flandre qui engloba, des siècles durant, notre Nord actuel, mai aussi la Belgique et la Hollande. Je me sens proche aussi de l’âme slave et j’y ai consacré trois romans ( deux sur la Russie, un sur la Pologne). Je suis une européenne du Nord.
JM : - Peux-tu nous parler de tes romans ?
Annie :
J’en ai dix sept qui sont parus aux éditions Les Presses de la Cité, Calmann Levy, et d’autres ouvrages sur la région, notamment chez Omnibus. Vous pourrez les découvrir sur mon site d’auteure. Enfant, j’avais déjà envie de raconter des histoires ! Je suis très curieuse, et je parcours les siècles. Dans mes romans, j’aime lancer des passerelles entre hier et aujourd’hui, entre attachement aux racines et ouverture à la différence.
Avec l’Histoire du Nord, j’ai découvert une région très malmenée, couloir d’invasions, mais aussi zone de convoitise et d’ouverture.
J’aime mettre en lumière des lieux , des époques, des personnages historiques qui sont oubliés ou méconnus. Je revisite ! …. La part fictive me permet d’évoquer ce qui me touche : enfance, amours interdites, secrets de famille, exclusion, intolérance … .
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et peux-tu nous en dire quelques mots ?
Annie : oui, je suis en train d’achever un roman sur une période de l’Histoire que je n’avais encore « travaillée » : le 16 e siècle, notamment sur ce qui s’est passé en Flandre espagnole, coin oublié de l’Histoire de France, et qui a failli faire basculer une grande partie du monde dans la Réforme. Une période, des lieux, un personnage historique, méconnus . C’est une saga familiale avec un héros qui cherche la tolérance au sein d’une famille déchirée et qui porte de lourds secrets .
JM : - Quel est ton plus beau souvenir d'auteure ?
Annie : C’est un beau mais poignant souvenir, que je n’oublierai jamais : Le regard de Micheline, une de mes plus fidèles lectrices, à qui j’ai rendu visite, selon ses vœux, en soins palliatifs .
Dès mon premier roman, elle m’avait écrit :
« Merci d’embellir mes moments de solitude »
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Annie : Un chemin de sérénité, de découvertes, de liberté, et de partage.
JM : - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes romans ?
Annie : Ce doit être dans la vie de tous les jours, l’inspiration reste un mystère car elle est de l’ordre de l’intuition… Et aussi dans les faits historiques, l’envie de faire agir ou réagir des personnages à certains événements.
JM : - La plupart de tes ouvrages sont des romans historiques. L'écriture de tels romans nécessite d'importantes recherches. Comment as-tu procédé pour ce faire ?
Annie : Je place mon idée de départ dans un siècle. Ensuite, je me plonge dans cette époque, je cerne des dates, des faits qui m’étonnent ou me passionnent, des lieux plus ou moins oubliés , je fais des fiches thématiques: actualité, architecture, vêtements, climat, religion, nourriture …. car il faut aller, en plus des faits historiques, dans tous les domaines afin de recréer l’époque. Je fais des fiches par personnage, comme je le faisais au théâtre…Lorsque ceux-ci prennent vie, lorsque je suis capable de les voir en face de moi, je peux me lancer dans l’écriture, mais je reviens fréquemment à ma documentation.
JM : Comment écris-tu tes romans (carnets, cahiers, fiches, écriture directe sur l'ordinateur) ?
Annie : Je prends d’abord beaucoup de notes, sur des fiches, dans un cahier, sur des papiers si les idées me viennent ailleurs que dans mon bureau.
Puis je travaille sur ordinateur. Mais j’imprime chaque chapitre, que je corrige sur papier puis sur ordi.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes livres ?
Annie : J’ai envoyé mon premier manuscrit ( la Kermesse du Diable) à plusieurs éditeurs que j’avais ciblés, éditant des romans à fond historique. J’ai eu la chance que deux éditeurs s’y intéressent, chez Plon, et surtout Jeannine Balland, éditrice aux Presses de la Cité qui m’a proposé, sans promesse d’édition, de revoir certains aspects pas assez développés . Ce que j’ai fait. Elle a aimé, et m’a publiée. Elle débutait une collection …
JM : Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Annie : Je suis une hyper-sensible. Je ne vais pas mentir, oui, toute critique me touche. De nos jours, les blogs et réseaux sociaux nous aident, d’autant qu’ils sont tenus par de vrais passionnés de lecture. Leur rôle est d’autant plus important pour nous que les journalistes traitant des livres n’ont plus de place, ou si peu, dans la presse traditionnelle.
JM : - Que penses-tu de l'édition numérique ? (avantages – inconvénients)
Annie : De gros avantages de lecture pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent se charger de livres, dans les transports, en voyage …
Mes romans sont tous numérisés, mais pour nous autres, auteurs français( sauf les best-sellers) cela reste encore minime.
En tant que lectrice, j’ai besoin de sentir le contact du papier, l’odeur d’un livre, de tourner, retourner, corner les pages, voire noter sur les pages.
JM : - Quels sont les auteurs qui t'ont donné l'envie d'écrire ?
Annie : Elle n’était pas auteure « professionnelle « mais elle écrivait très bien, elle me lisait des poèmes de Victor Hugo ou de sa composition, elle m’a transmis tout son univers poétique, c’était ma maman.
Et puis …. Victor Hugo, Stefan Zweig, Oscar Wilde, Daphné du Maurier, des poètes comme Rilke, et des dramaturges comme Pirandello, ou Tchekhov, aux silences évocateurs. Tous ces auteurs qui parlent de l’âme humaine…
Mais aussi compositeurs, ou des peintres peuvent m’inspirer. Ainsi, au collège, j’avais écrit une nouvelle à partir d’un tableau de Pieter de Hooch, peintre du XVII e siècle. Je l’ai reprise, remaniée, éditée dans « le colporteur d’étoiles « . Il s’agit de « la porte de Pieter »
JM : Lis-tu ? Si oui quel genre ?
Annie : mes goûts sont très hétéroclites , je lis de tout ou presque, du roman historique au contemporain, des pièces de théâtre, de la poésie, et quand je suis comme en ce moment, en période d’écriture, des thrillers pour me reposer la tête !
JM : - A quelle époque aurais-tu aimé vivre ?
Annie : J’ai beau me promener dans tous les siècles, je n’ai pas encore trouvé … Je cherche, je n’ai pas écrit sur les 12 e et 13 e siècle que je laissais à mon amie Jeanne Bourin, qui les a magnifiquement décrits et me disait que c’étaient les deux siècles les plus beaux pour les femmes, je veux bien le croire. J’aime des moments comme les années folles, mais n’oublions pas qu’elles sont entourées de guerre et de tragédies. Pour les siècles de monarchie … Une femme était libre lorsqu’elle était veuve et riche … J’aime mon époque pour ma liberté de femme, dans notre pays, mais elle a aussi ses dangers et ses tragédies.
JM : - Je crois savoir que tu as reçu le Grand Prix des Lettres de la Société des Arts et des Lettres de la ville de Lille. Peux-tu nous dire comment tu as vécu cette expérience ?
Annie : Un magnifique cadeau, qui m’a fait pleurer, c’était pour mes trois premiers romans, et j’ai eu la chance de le recevoir de Maurice Schumann, un grand monsieur. Dès mon premier roman, j’ai reçu beaucoup d’encouragements, de la part des lecteurs, de la Presse et des prix. Je ne pouvais que poursuivre ! J’ai reçu d’autres prix, tel « les soleils de Nucéra » pour le roman qui me tient le plus à cœur, « les amants de la petite reine », étant très lié à l’histoire de mes parents. La reconnaissance de la Renaissance française qui m’a offert la médaille d’or du rayonnement culturel, et la Rose d’Or des Rosati m’ont beaucoup touchée.
JM : - Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs qui souhaiteraient devenir auteurs ?
Annie : Ecrire par besoin. Avoir réellement envie de partager, transmettre, toucher … Car en fin de compte, tout est là, dans ce partage avec les lecteurs. Ecrire est un acte d’amour, disait Cocteau.
Un jour, une lectrice m’a dit : « nous avons des amis en commun, j’en suis heureuse »
Lesquels ? ai-je demandé
« vos personnages » …
JM : En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Annie : - La musique, que j’adore, aussi bien les grands compositeurs classiques, que les comédies musicales, le ragtime …
J’ai repris depuis un an des cours de piano et pour moi, ce sont toujours des moments de grâce, même si je suis quasiment débutante.
- La peinture, surtout les peintres flamands et Hollandais du XVII e siècle
- Le théâtre et la poésie.
- Et je m’intéresse à toute la spiritualité, et ce qui est « inexploré » … Nous travaillons constamment avec notre imaginaire, avec des « et si …. «
JM : - Si ma mémoire est bonne, tu es également comédienne, auteure dramatique, metteur en scène, tu as créé des spectacles pour enfants, tu as également tourné des fictions pour le cinéma et la télévision.. Que de cordes à ton arc ! Peux-tu nous parler de ces activités ?
Annie : Oui, mes plus beaux souvenirs sont au théâtre comme « Carmontelle « avec ma petite famille de comédiens ( Sarah Sanders, Jean-François Prévand) Les spectacles pour enfants furent un tremplin vers l’écriture de roman, en passant d’abord par le scénario. De mes téléfilms, Je garde le souvenir de magnifiques rencontres, avec des acteurs étonnants.
Je conserve, du théâtre, une écriture très visuelle, je vois des scènes, des tableaux lorsque j’écris, et des dramaturges comme Tchekhov, Shakespeare, ou Pirandello sont de merveilleux maîtres pour les dialogues.
Je n’ai pas fermé la porte au monde du spectacle.
JM : - Si tu devais organiser un dîner littéraire, quelles personnes aimerais-tu convier à ta table ?
Annie : Mes amies auteures Nathalie De Broc et Valérie Perrin, Tatiana de Rosnay, Didier Van Cauwelaert, le fantôme d’Oscar Wilde (… J’en retrouverai d’autres après ce questionnaire !)
JM : - Quel est ton proverbe favori ?
Annie : Le préféré de ma mère qui fut pour moi une grande inspiratrice :
« les regrets sont d’effroyables pertes d’énergie «
Pas toujours facile à mettre en pratique !
JM : - Si tu étais un fruit, une couleur, une fleur, un animal ? Tu serais :
Annie : Une fleur : la Tulipe jaune,
un animal : une mouette
Une couleur : le bleu, ( mais j’hésite avec le rouge !)
un fruit : la pèche ( mais j’hésite avec les fraises !)
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Annie : Merci à toi, merci à vous tous, amis lecteurs, sans lesquels l’auteure ne serait pas …
JM : - Merci Annie pour ce très agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous avez la parole : vous pouvez si vous le souhaitez poser d'autres questions à Annie qui y répondra sous ce post.