GROUPE LECTEURS – AUTEURS :
LA PASSION DES MOTS
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INTERVIEW AUTEURE
Mylène COURBET
(Marry YOHSON)
JM : - Bonjour à tous
⁃ Notre amie Mylène COURBET a accepté, récemment, de répondre à mes questions.
⁃ Je partage donc avec vous cette interview, à l'issue de laquelle vous pourrez, si vous le souhaitez, poser vos questions auxquelles Mylène répondra selon ses disponibilités.
JM : - Bonjour Mylène
⁃ Comment vas-tu ? Es-tu prête à répondre à mon petit interrogatoire ?
Mylène : - Bonjour Joëlle, je vais bien. J’espère qu’il en est de même pour toi. J’avoue que c’est la première fois que je suis ainsi interviewée. J’espère être à la hauteur de tes attentes ainsi que celles des membres du groupe “La passion des mots”. Et un grand MERCI pour cet accueil chaleureux.
Je suis prête à répondre à tes questions.
JM : - Question habituelle mais incontournable, peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Mylène : - Je me nomme Mylène et mon pseudo est Marry Yohson. Je suis née il y a déjà presque six décennies, donc plus très jeune ; dans quelques années, je serai à la retraite.
Je suis enseignante en lycée, en Droit et en Économie, depuis plus de 30 ans.
J’habite dans l’Ouest de la France, à Angers (Maine et Loire).
Je suis maman de deux enfants : mon jeune fils qui a 26 ans et mon grand qui aurait eu 30 ans cette année.
Je suis une personne très à l’écoute, sensible... on m’appelle souvent Mère Teresa. Je suis toujours inquiète pour les personnes que j’aime et même celles que je ne connais pas. Étant sur les réseaux sociaux, comme beaucoup d’entre nous, je ne peux rester insensible à la détresse humaine que je constate sur certains groupes à thème.
J’adore les animaux ; je n’ai plus qu’un seul chien et un chat. Deux de mes compagnons sont partis cette année. Je parle d’ailleurs dans mon livre des animaux, amis fidèles qui ne nous trahissent jamais.
JM : - Peux-tu nous parler en quelques phrases de ton premier roman ?
Mylène : - Oui bien sûr. Mon premier livre “Enfermé depuis tout petit” est un témoignage romancé. J’ai souhaité volontairement me distinguer des biographies et témoignages écrits à la première personne. Dans mon livre, je suis spectatrice de ma propre vie et je mets en scène des acteurs : Carole, Julien, Mathieu et Édith, les protagonistes principaux.
La fin tragique de Julien est annoncée dès le début du livre ; c’est, là aussi, une volonté de ma part de sensibiliser le lecteur dès les premières pages du récit.
Ce livre relate la vie torturée de Julien et les appels au secours de sa maman envers une société qui les abandonne.
Ce livre accuse, ce livre dénonce. C’est une histoire très dure qui doit interroger le lecteur sur les fondements mêmes de notre société.
Dans cette histoire, plusieurs thèmes sont abordés : la violence conjugale, la violence infantile, l’isolement social, les placements en foyers, les conditions d’incarcération, l’internement en institution psychiatrique.
Le choix de la couverture est primordial : elle résume à elle seule l’ambiance du livre : un enfant qui se cache, des yeux bleus, un rideau sombre, une fenêtre éclairée… tout a son importance et le lecteur en prend conscience peu à peu au fil de la lecture.
Le titre est aussi très évocateur : le lecteur s’interroge : « C’est un enfant qui est enfermé par ses parents ? On l’a séquestré ? Il a réussi à s’échapper ? On a fini par le tuer ?... »
Le lecteur découvre le choix du titre vers la fin du livre. Je n’en dis pas plus…
JM : - Sauf erreur de ma part, ce premier roman est un témoignage. Pourquoi ce choix et envisages-tu d'écrire dans un tout autre registre ?
Mylène : - Oui effectivement ce livre est un témoignage.
Le décès soudain de mon fils m’a fait réagir... Quelle maman ne réagirait pas ? Le jour de sa sépulture, je lui ai adressé une lettre qui a ému toutes les personnes présentes. Beaucoup m’ont dit que cette lettre les avait bouleversés, que j’avais une belle plume... Que c’était beau (j’ai mis cette lettre dans mon livre).
J’ai toujours pensé écrire un jour l’histoire de mon fils, raconter sa vie torturée... je n’aurais jamais pensé écrire à cause de sa disparition.
Ce livre a été, dans un premier temps, une vraie thérapie, mais aussi une façon de crier ma colère envers un système qui abandonne une famille en grande détresse.
La fin tragique du « héro » de ce livre a fait trois fois la Une de la presse régionale. Je suis, à l’heure actuelle, partie civile contre deux institutions d’État qui ont laissé mourir mon fils.
Ce combat sera relaté dans un deuxième livre qui sera la suite de “Enfermé depuis tout petit”. J’ai déjà le titre de ce second ouvrage, mais je ne peux pas en dire plus. Je vais me servir de certains éléments de l’enquête en cours pour ce titre.
C’est une histoire qui fait grand bruit dans ma région, c’est un fait de société mal connu à ce jour.
Grâce à cette histoire, aujourd’hui publiée, je souhaite que les choses bougent.
Donc, pour l’instant, je n’envisage pas d’écrire dans un autre registre, même s’il est vrai que, lorsque j’étais très jeune, 10 ou 12 ans, j’écrivais beaucoup de petites histoires de science-fiction. Mon esprit d’enfant débordait d’imagination. J’écrivais aussi des poèmes en comptant bien les syllabes et en ajustant des rimes.
JM : En évoquant ce thème, as-tu souhaité faire passer un message ?
Mylène : - En écrivant “Enfermé depuis tout petit”, le lecteur se rend compte, lui-même, du message transmis, page après page : notre système de santé, tout comme notre système judiciaire et carcéral, est totalement inadapté. Notre société assassine...
J’ai également voulu transmettre un message d’amour et j’espère que tous les parents qui connaissent de telles situations, ou même ceux pour qui tout va bien, comprendront que l’amour pour leurs enfants doit rester une priorité, quelles que soient les nombreuses incompréhensions ou difficultés familiales.
Beaucoup de nos jeunes partent à la dérive et ce livre démontre un amour inconditionnel d’une maman qui ne juge pas, qui essaie, par tous les moyens, de comprendre et d’aider son fils meurtri par une vie qui ne veut pas de lui.
JM : - Dans ce roman y a t-il des personnages qui te touchent particulièrement et qui te ressemblent ?
Mylène : - Le personnage qui me ressemble est Carole, puisque c’est moi. Les lecteurs semblent tous très touchés par cette maman qui se bat pendant vingt-huit longues années pour sauver son enfant.
Mathieu est le frère de Julien, le fils qui va bien mais qui cache sa profonde tristesse en voyant son grand frère se détruire à petit feu et sa maman en souffrir.
Édith est la mamy de Julien et Mathieu. Elle a un rôle central dans cette histoire. Toujours là pour aider au mieux son petit fils. Elle a dû faire face, tout comme Carole, au comportement inadapté de julien, aux insultes destructrices. Aujourd’hui, elle pleure son petit-fils continuellement (elle a 94 ans).
Et Julien, le protagoniste principal de cette histoire : cet enfant, cet adolescent, ce jeune adulte qui aura, tout au long de sa courte vie, subi, humiliation, violence, placement, incarcérations, internement...
Le combat de Carole était presque gagné, son fils Julien allait enfin être pris en charge… un espoir semblait se profiler. Malheureusement, tout s’est subitement arrêté. La famille sombre alors dans l’horreur, les questionnements... la colère…
Il y a également d’autres personnages dans cette histoire : ceux qui ont traversé la vie de Julien, ceux qui lui ont fait du bien, mais aussi ceux qui l’ont humilié, assassiné (c’est une métaphore).
Ce n’est pas très gai tout ce que je te raconte…
JM : - A qui as-tu confié ton manuscrit en première lecture (amie, membre de ta famille, bêta-lecteur) ?
Mylène : - Dans un premier temps, j’ai confié mon manuscrit à une amie qui m’a encouragé à le publier. Elle-même l’a confié à ses amis et là, je suis retombée de mon petit nuage. Les critiques ont été très vives : on a jugé la maman dans l’histoire (donc moi), mon style d’écriture trop hachuré, pas assez travaillé... Bref beaucoup de critiques négatives.
J’ai décidé à ce moment là, de tout arrêter... Mon rêve d’écrire pour rendre hommage et informer un large public s’écroulait.
Je me disais « Tu n’es pas à la hauteur, arrête de te prendre pour une écrivaine !!! »
Après réflexion, j’ai recherché sur Internet “Comment écrire un livre ?”. J’ai alors constaté que toutes les étapes d’écriture étaient respectées : une trame, un message, un style...
J’ai ainsi contacté un spécialiste de l’écriture en Vendée et je lui ai demandé s’il pouvait m’aider. Ce monsieur aide principalement à l’écriture d’un livre... mais mon récit était déjà écrit… Nous avons alors échangé et je lui ai transmis mon manuscrit (retravaillé entretemps).
Sa réponse a été très encourageante : « C’est une histoire écrite avec le cœur, avec un style dans l’air du temps, j’aime beaucoup, vous écrivez très bien... ».
Il m’a fortement encouragée à ne pas baisser les bras et à publier mon ouvrage. Je ne le remercierai jamais assez... Nous restons en contact (je lui ai offert mon livre depuis sa publication).
Mais avant de publier mon manuscrit, et après de nombreux remaniements, plusieurs personnes de mon entourage l’ont corrigé, recorrigé. En tant qu’auteure, on ne voit plus les fautes...
Après plus d’un an de réflexion et de réajustement, j’ai enfin publié mon récit.
Aujourd’hui, le livre “Enfermé depuis tout petit” est à nouveau en correction, mais auprès d’une professionnelle, car malgré les nombreuses vérifications, il restait encore quelques coquilles et des erreurs de typographie (cela ne gêne en rien la lecture actuelle). Il sera republié l’année prochaine.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire éditer ton livre ?
Mylène : Sur les conseils de ce professionnel en ateliers d’écriture j’ai publié mon livre en autoédition chez Librinova.
Je suis très satisfaite de leurs nombreux services.
J’ai choisi le service qui propose la diffusion du livre sur toutes les librairies en ligne. Est inclus, dans ce pack, le suivi des ventes et des commentaires.
Je n’ai pas choisi la correction via un logiciel ni les services d’un infographiste, ni les services de promotion, à mon sens trop cher.
Dès que j’ai reçu la maquette de mon livre, avant publication, j’ai constaté de mauvais paramétrages, j’ai ainsi tout réajusté.
On constate souvent de mauvais paramétrages dans des livres autoédités (pas de justification de texte, changement de style de caractères, police qui change d’une page à l’autre…). Je ne souhaitais pas que mon livre soit mal paramétré : je suis assez pointilleuse sur ce sujet (déformation professionnelle !).
Pour mon prochain livre, je me pose quelques questions : est-ce que je tente les maisons d’édition à compte d’éditeur ? À compte d’auteur ?
L’histoire que je raconte étant médiatisée, j’ai peut-être mes chances.
En tout cas, ma seule tentative, à ce jour, a été un refus. L’explication a été formelle « on ne prend pas des auteurs autoédités » (mon livre n’a même pas été lu !!).
Si je tente les maisons d’édition, je risque de ne plus avoir la main sur le choix de mon titre, la couverture, les textes… Donc je réfléchis pour la suite… En aucun cas je changerai mon titre ni la couverture.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et peux-tu nous en dire quelques mots ?
Mylène : - Comme je le disais précédemment, mon projet est d’écrire la suite de l’histoire du livre « Enfermé depuis tout petit ».
J’ai déjà une bonne partie de l’histoire en note sur des fichiers. Mais je ne peux rien révéler, même pas donner en première correction mes écrits. Ce second livre dévoilera l’enquête qui est actuellement en cours, les expertises et contre-expertises. Ayant eu accès au dossier, je suis tenue, pour l’instant, sous le secret de l’instruction judiciaire.
Donc, ce deuxième ouvrage ne paraîtra que lorsque le procès aura eu lieu. Déjà plus d’un an et demi d’investigation et ce n’est pas fini… Nous connaissons tous la lenteur de la justice française. Mais, en tant que partie civile, je comprends à présent pourquoi : les enquêteurs font un travail remarquable, donc long, et évitent ainsi tout vice de procédure.
Mon prochain livre sera peut-être publié dans 2 ou 3 ans, dans le meilleur des cas.
Bien sûr, à ce jour, je ne connais pas la fin. Y aura-t-il des condamnations pour homicide volontaire ? Les personnes qui ont laissé mourir mon fils, seront-elles relaxées ? Notre institution sera-t-elle au cœur des débats ?
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Mylène : - L’écriture représente pour moi une délivrance : mettre sur papier des mots et mes maux.
Ce premier livre est une thérapie, mais il transmet aussi un vrai message sur un fait de société, peu ou mal connu.
Donc, en écrivant, je désire crier toute ma colère contre notre système qui fonctionne mal et qui est complètement inadapté.
Je souhaite informer. D’ailleurs, le journaliste référent dans cette affaire a écrit « Un livre pour rendre hommage et s’informer ». Tout est dit.
JM : Comment écris-tu (sur des carnets, cahiers, fiches, écriture directe sur l'ordinateur) ?
Mylène : - J’écris principalement et directement sur l’ordinateur. Par contre, dès qu’une idée me vient en tête, je la note sur un petit carnet de façon à ne pas l’oublier. Mon carnet est ainsi rempli d’annotation, de réflexion…
J’ai déjà pris plein de notes pour le prochain livre. Des écrits très précis car dans la prochaine histoire, chaque élément aura son importance.
Je mène de mon côté ma petite enquête et chaque découverte est bien conservée. Toutes mes recherches serviront à l’écriture de mon prochain livre. Ce sera, je pense, un ouvrage sur la face cachée de certaines de nos institutions. Donc je vais « taper » fort, avec un titre choc. J’en parlais précédemment…
JM : -Envisages-tu de participer à des séances de dédicaces, de rencontrer tes lecteurs et lectrices ?
Mylène : - Dans un premier temps, je souhaitais rester à l’écart de toute médiatisation, vue la procédure en cours (d’où mon pseudo qui n’est pas le fruit du hasard).
J’ai eu l’aval de mon avocat : il ne fallait rien dévoiler dans ce 1er livre qui pourrait nuire à l’enquête.
Depuis 6 mois, je reste un peu dans l’ombre… j’ai refusé des salons de dédicaces par peur d’être reconnue (par des personnes de ma région… je ne suis pas populaire non plus !!).
Aujourd’hui, j’ai pris plus de recul et j’accepterai volontiers de participer à des séances de dédicaces.
Le port du masque encore obligatoire va m’aider à ne pas être totalement identifiée…
Par contre, maintenant je ne peux plus me cacher de vous tous puisque j’ai transmis ma photo !!
J’aimerais rencontrer physiquement des lecteurs et lectrices que je ne connais pas.
Les retours de lecture se font principalement via les sites des librairies en ligne, les groupes sur FB et les messages que l’on m’envoie. Un dialogue en face à face serait très enrichissant. Et les lecteurs et lectrices sont toujours curieux de savoir qui se cache derrière ces écrits.
JM : Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Mylène : - Oui, je suis sensible à la critique littéraire et cette sensibilité va dans les deux sens.
Lorsque les lecteurs disent : « J’ai pleuré en lisant votre livre », « Je referme ce livre, totalement bouleversé », « C’est le cœur à l’envers que le lecteur en ressort », “Ce livre m’a lancé une flèche en plein cœur"… Je suis bouleversée moi-même et je me dis que j’ai réussi à transmettre les émotions.
J’avoue que tous les commentaires vont dans ce sens : c’est plutôt très positif et très encourageant pour moi qui ne suis pas une professionnelle.
Je vérifie régulièrement les commentaires sur les librairies en ligne et je compte les étoiles. (C’est tellement important ces fameuses étoiles !!)
Sur un site que je ne nommerai pas, je lis un très beau commentaire et seulement 3 étoiles et demi. Et là je ne comprends pas, je m’interroge. Peut être une personne qui note plus dur (C’est comme les profs !!!)
Puisque c’était une chroniqueuse à qui j’avais gracieusement envoyé mon livre, je la contacte et lui demande de m’expliquer sa notation : « C’est une histoire qui m’a bouleversée, ce qui m’a gênée c’est l’emploi à la 3e personne et non pas à la 1re. Vous comprenez ce que je veux dire ? »
Et là, je me rends compte que je ne suis pas prête à être confrontée à une critique négative… et je pars dans des explications pour me justifier… voire même lui dire qu’elle a peut être raison…
Mais non, je reste sur ma décision. Je veux me démarquer des biographies et témoignages à la première personne (« je »).
En ce qui concerne les réseaux sociaux, je pense qu’ils sont indispensables pour faire connaître son ouvrage.
À part les amis, la famille… il faut trouver plusieurs moyens de promotion.
J’ai alors créé une page auteure sur FB (Marry Yohson auteure). Sur cette page je partage des citations en rapport avec mon livre, je cite quelques extraits du récit, je fais des retours de lecture d’auteurs inconnus, je publie en toute transparence le nombre de mes ventes, mon classement sur Librinova et même sur Amazon. J’ai atteint depuis peu plus de 1 000 abonnés. Je n’ai pas fait 1 000 ventes !!! Et je n’ai pas 1 000 commentaires !!! Mais qui sait ? Peut-être un jour ?
J’ai également rejoint un grand nombre de groupes en France, en Belgique et au Québec. Ces groupes sont très divers : certains sont uniquement pour les lecteurs, d’autres pour les nouveaux auteurs, d’autres aux thèmes très spécifiques (par exemple : sur l’aliénation parentale, sur les violences conjugales, sur les enfants maltraités, sur les animaux…).
Quand cela s’y prête, je propose mon livre. Je pense avoir réalisé de nombreuses ventes grâce à tous ces contacts.
J’utilise certaines stratégies afin d’attirer les futurs lecteurs, via ma page auteure et via des groupes de lecture (Mais cela reste bien sûr confidentiel).
Mon livre a aussi été mis en avant dans un blog non littéraire et là aussi, des personnes ont apprécié l’histoire.
J’attire enfin un public très diversifié en pratiquant du dépôt ventes dans des grands magasins et cela fonctionne plutôt bien. Je recharge régulièrement les étals.
Donc je pense que tous ces moyens de communication sont essentiels pour se faire connaître et partager ses écrits.
JM : - Que penses-tu de l'édition numérique ? (avantages – inconvénients)
Mylène : - Le livre que je propose est en format numérique et broché.
Pour l’instant, le format numérique représente un tout petit pourcentage de mes ventes (moins de 10%).
Les avantages du numérique : pour les lecteurs compulsifs c’est une très bonne solution. Cela leur permet d’acheter à moindre coût de nombreux ouvrages. Plus besoin de pousser les murs pour entasser tous leurs livres, plus besoin d’abimer les livres dans les valises quand ils partent en vacances. Certains disent « et hop dans ma PAL » d’autres, « ...dans ma PAA ». C’est un langage que j’ai appris. Mais j’ai aussi compris que dans la PAL, il y a des centaines de livres en attente de lecture pour beaucoup, et dans la PAA, ce n’est pas sûr que le lecteur se souvienne de mon livre.
Les inconvénients du numérique : personnellement j’ai beaucoup de mal à lire le livre d’un auteur sur écran. J’avoue, je ne suis pas équipée avec une tablette spécialement prévue pour la lecture numérique.
Le papier reste, à mon sens, essentiel pour ressentir des émotions. C’est une question de perception.
JM : - Quels sont tes auteurs préférés ? Et quel est ton dernier coup de coeur littéraire ?
Mylène : - Je ne suis pas attachée à un auteur en particulier ; j’aime la diversité dans les récits, la façon dont ils sont racontés.
Par contre, mon dernier coup de cœur est un livre d’une auteure peu connue « D’une âme à l’autre », de Florence Tassoni. J’ai eu la possibilité de discuter avec elle, via les réseaux sociaux et son livre m’a beaucoup touchée, m’a fait réfléchir et m’a donné de l’espoir. Certaines phrases me restent toujours en mémoire « Ce n’est pas la peine que tu viennes sur ma tombe, je n’y suis pas ».
J’ai, bien sûr, d’autres coups de cœur en littérature, « Les fleurs du mal » de Baudelaire, « Les fourberies de Scapin » de Molière, « Vipère au poing » d’Hervé Bazin, « Le journal d’Anne Frank »… tant d’ouvrages lus pendant ma jeunesse qui me restent en mémoire.
JM : - Quel livre découvert dans ton enfance t'a donné l'envie d'écrire ?
Mylène : - Plusieurs livres m’ont marquée. Je lisais toutes les histoires de Pierre Bellemare, les histoires d’Alfred Hitchcock et beaucoup de témoignages.
Le livre dont je me souviens le plus est « Le journal d’Anne Frank ».
Une histoire que nos jeunes devraient s’empresser de lire. Les émotions sont tellement bien retranscrites qu’elles nous transmettent des valeurs humaines et morales.
Notre société part tellement en vrille aujourd’hui que des histoires vraies, sensibles, terribles, devraient faire réfléchir un plus grand nombre. Étant au contact de jeunes, je suis bien placée pour savoir qu’ils ne possèdent plus les codes (pas tous heureusement).
Ayant lu un grand nombre de témoignages, je pense qu’inconsciemment ces histoires m’ont donné l’envie d’écrire et le besoin de partager un récit de vie.
JM : - A quelle époque aurais-tu aimé vivre ?
Mylène : - Je suis née dans les années 60 et je pense que c’est une bonne époque. Je suis issue d’un milieu ouvrier où beaucoup de choses manquaient mais où personne ne se plaignait. Nous avions la leçon de morale à l’école tous les jours et cela nous a permis de grandir.
En tout cas, je n’aurais pas aimé vivre à une autre époque. D’ailleurs je ne me suis jamais posé la question.
Les jeunes d’aujourd’hui vivent dans une société, certes très moderne, mais pleine de tentation, d’addiction qui sont, à mon sens, néfastes pour leur construction.
JM : - Quel est ton film, ta série culte ?
Mylène : - Plusieurs films m’ont marqué :
« Le vieux fusil » : Film de 1975 tiré d’une histoire vraie. Les acteurs Romy Schneider et Philippe Noiret sont brillants, touchants, bouleversants. Les scènes sont dures et très réalistes. Robert Enrico, le réalisateur, a su, avec un très grand professionnalisme, parfaitement décrire l’horreur des faits de l’époque.
C’est certain que je n’aurais pas aimé vivre cette période de l’histoire qui a marqué et marquera toutes les générations.
“Mina Tannembaum” : Film de 1994 réalisé par Martine Dugowson. L’actrice principale est Romane Bohringer. Une véritable histoire d’amitié d’enfants de juifs. Deux jeunes filles veulent être aimées et souhaitent vivre libre du poids du passé de leurs parents. Très belle histoire très rarement rediffusée sur nos chaînes de télévision.
Donc mes choix s’orientent vers des histoires qui nous font réfléchir j’adore les silences dans certaines scènes.
JM : - Quel genre de musique écoutes-tu et écris-tu en musique ?
Mylène : - J’écoute presque tous les genres de musique. Je ne suis pas très fan de certains chanteurs ou chanteuses actuels où je ne comprends pas les paroles. J’aime plutôt les chansons à texte, celles où on peut s’identifier, celles qui nous parlent, celles qui nous donnent le frisson.
J’ai longtemps été hermétique au rap, mais mon fils était un rappeur auteur et compositeur. Ses textes reflètent son existence torturée, ses mots sont pleins de poésie « Mon stylo pleure de douleur », plein de vérité « On me recherche comme les Daltons », pleins de colère « Passe moi mon phone, la matonne, sinon je te cartonne »… J’ai mis un de ses textes dans mon livre.
Aujourd’hui j’écoute sa musique et sa voix devient immortelle.
J’aime beaucoup les groupes de rock : Rolling Stones, Le groupe Téléphone, AC/DC, U2, Queen…
En revanche, je n’écris pas en musique, mais dans un profond silence. J’ai besoin d’être hyper concentrée pour écrire et pour me plonger dans l’histoire sinon je perds vite la suite dans mes idées. Ça doit être l’âge !!!
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Mylène : - Lorsque j’avais une douzaine d’années, je suis allée visiter le Centre Beaubourg à Paris, avec ma classe. Les œuvres de Magritte étaient exposées et je suis tombée littéralement sous leur charme, si bien qu’en rentrant de cette excursion, j’ai voulu peindre.
J’ai réalisé, à l’époque, beaucoup de reproductions de Magritte à la peinture à l’huile et d’autres toiles que j’exposais dans ma chambre.
Puis, par manque de temps, j’ai arrêté, puis repris à des périodes de ma vie où j’avais besoin de m’évader à travers la peinture. J’ai appris à utiliser d’autres techniques : tableaux structurés, en relief (soie façonnée), peinture au couteau… J’ai ainsi réalisé un certain nombre de toiles que ne n’ai jamais exposées, par pudeur, je pense. J’ai créé une page FB pour mes toiles “Les Toiles de MyMy”, uniquement pour partager cette passion.
La peinture a été pour moi une façon de retranscrire mes états d’âme comme aujourd’hui je le fais avec l’écriture.
JM : - Quel est ton proverbe préféré ?
Mylène : Mon proverbe préféré est : « Le destin est invincible ». C’est un proverbe latin très ancien (1662) qui reflète parfaitement l’esprit de mon livre. D’ailleurs mon premier chapitre nous fait réfléchir sur notre destin : « La vie est-elle un chemin tracé ? ». Grande réflexion psychologique dont personne n’a la réponse. Julien subira toute sa vie un destin qui le conduira à sa mort. Il s’est toujours passé quelque chose qui l’empêchait d’avancer et de suivre le bon chemin (je le raconte dans mon livre).
JM : - Si tu étais un fruit, une couleur, une fleur, un animal, un dessert ? Tu serais :
Mylène : - Si j’étais un fruit, je serais une pêche pour sa peau douce et son goût parfois sucré, mais à d’autres moments sans goût ou amer.
Si j’étais une couleur, sans hésitation je serais le bleu. C’est une couleur chaude qui représente l’immensité et la profondeur d’un regard, son regard. Mais le bleu signifie aussi, je pense, la chaleur dont j’ai besoin depuis toujours.
Si j’étais une fleur, laquelle ? J’aime toutes les fleurs ! Peut-être une rose avec tous ses symboles, mais une rose immortelle et je l’offrirai à la colombe qui s’est envolée vers le ciel pour la donner à mon fils.
Si j’étais un animal, je serais un chien pour sa fidélité. Comme nos amis les animaux (et surtout les chiens) je suis fidèle en amitié. Le chien que je possède actuellement est son chien, celui qui le rassurait, son ami fidèle qui, aujourd’hui, nous réchauffe nos cœurs.
Un dessert ? Il y a tellement de desserts que j’aime (je suis gourmande !!), mais ma préférence est la tarte aux fraises sur une pâte bien moelleuse avec une crème douce et, bien sûr, nappée de chantilly. Cela signifie quoi ? Je ne sais pas… peut-être ôter toute amertume à ma vie bien chamboulée et la saveur de ce dessert doit sûrement m’apaiser.
JM : - Si tu devais partir sur une île déserte quel objet incontournable à tes yeux emporterais-tu ?
Mylène : - Je pense immédiatement à mon téléphone pour m’informer de l’actualité sur Internet, voir et répondre à de nombreuses notifications sur les réseaux sociaux, vérifier mes ventes, les commentaires et les étoiles… Mais sur une île déserte, à quoi bon avoir son portable ?!! Cela serait totalement inutile. Alors j’emmènerais mon livre et je le relirais encore et encore. Et si je rencontrais sur cette île quelqu’un, je lui raconterais l’histoire. Mais cela serait sans doute improbable… donc je me parlerais à moi-même et essayerais de comprendre tout ce qui s’est passé.
JM : - Quel mot te définit le mieux ?
Mylène : Cette question me fait réfléchir…
Comment les personnes me définiraient le mieux : sympathique, sensible, respectueuse, à l’écoute.
Comment moi je me définirais : bienveillante, honnête, sensible, à l’écoute, créatrice.
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Mylène : J’espère ne pas avoir été trop longue dans toutes ces réponses.
Je te remercie infiniment, Joëlle, de m’avoir donné la parole.
J’ai ainsi pu dévoiler quelques traits de ma personnalité et présenter mon livre qui est un véritable hommage à mon fils. J’espère que « de là- haut », il est fier de moi, sa maman, et qu’il comprend mon combat aujourd’hui, lui qui se cachait tout le temps, lui qui détestait être pris en photo, lui qui ne voulait jamais qu’on parle de lui.
Aujourd’hui, il est au-devant de la scène.
Merci beaucoup Joëlle pour cette interview. Merci à vous tous.
JM : - Merci Mylène pour ce très agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous avez la parole : vous pouvez si vous le souhaitez poser d'autres questions à Mylène qui y répondra cet après-midi et ce soir sous ce post.
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