INTERVIEW AUTEUR
Elisabeth LAFONT
Vendredi 25 octobre 2019 à 18 h
(en différé)
JM : - Bonsoir à tous
⁃ J'ai lu récemment “Un Escalier...”, roman de notre amie Elisabeth LAFONT qui a accepté de répondre à mes questions.
Je partage donc avec vous cet entretien et, à l'issue, vous pourrez si vous le souhaitez, poser vos questions à Elisabeth qui y répondra en direct si elle est disponible ou plus tard.
JM : - Bonsoir Elisabeth !
⁃ Comment vas-tu ? Es-tu prête à « subir mon petit interrogatoire » ?
Elisabeth : Bonsoir, Joëlle ! Je vais bien évidemment, Joëlle. avec toi, cela sera un plaisir, tellement je suis étonnée de ta capacité, à lire autant de livres et ensuite, de la qualité de tes chroniques !
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Elisabeth : J’ai vécu une enfance ss trop de difficultés apparentes pour moi, même si cela n’est pas facile pour mes parents qui ont subi des revers de situations. Dernière de 5 enfants, je suis une scolarité normale, commence une année de Fac d’histoire, en pleine révolution étudiante ! Catastrophe évidemment et je pars à Paris suivre une école de formation pour devenir institutrice, dans une école normale particulière qui étudie plusieurs pédagogies : Piaget, Montessori , Betheleim : des méthodes d’enseignement individuel ou par petits groupes, cherchant à s’adapter au rythme et à la particularité des enfants.
J’enseigne 5 ans, environ, mais me rends vite compte que cela n’est pas ma voie et que je souhaite trouver un métier qui touche l’édition ! Il faut dire que j’ai eu une mère bibiothécaire et toute mon enfance a été baignée par les livres qu’elle rapportait à la maison pour les lire et trier ceux qui lui semblaient bien ou non…! Je lisais avec elle ”Les notes bibliographiques”qui parlaient des nouveautés littéraires ! J’allais la retrouver, à la sortie de l’école, à la “BQ Pour Tous” qu’elle avait montée dans notre village et là, j’étais “BIEN” !!!
Lâchant mon métier d’institutrice, je cherche alors à évoluer dans une maison d’édition, et après une première année chez “Les 2 Coqs d’Or”, (livres que nous avons tous lus –brochés or sur la tranche et rouge pour les couvertures-.je change, par le plus grand des hasards d’une petite annonce, et je me retrouve promue attaché de presse (à l’époque, on ne demandait pas les mêmes diplômes) dans une maison d’édition parisienne très connue dans un certain milieu, “Les Editions d’Organisation”,filiale du “Groupe Eyrolles” spécialisée en publication de livres d’entreprise ! Quel changement ! Mais qui me plait énormément et je rencontre des chefs d’entreprises parlant informatique, ressources humaines, sciences humaines et sociales, Comité d’Hygiène et Sécurité, bref, un monde totalement différent que je découvre avec très grand plaisir ! Je travaille 7 ans dans cette maison d’édition avec un plaisir fou et c’est alors que m’arrive un stupide accident domestique ! Qui me coûtera bcp d’années de ma vie et qui est, en fait le petit dernier de plusieurs autres ouvrages…
JM : - Et si tu nous parlais de tes ouvrages et en particulier de ton “petit dernier” : “Un Escalier...”
Elisabeth : Petit dernier qui m’a couté très cher et qui a complètement bouleversé ma vie. Brièvement, j’en fais le résumé pour que les autiteurs puissant comprendre ce parcours en dents de scie depuis cette époque. Et cette remontée dans la vie qui m’a emmenée vers l’écriture finalement.
A 29 ans, donc, je tombe dans un escalier en portant un bébé. Le bébé s’en sort bien mais moi pas du tout. Je passe sur tous les details hospitaliers, examens, IRM, operations, ect. Et j’apprends à la sortie de tout cela que je ne remarcherais ss doute jamais comme il faut ! C’est une chose impossible à entendre quand on a 29 ans et je “jure”, oui, ”je jure” que je réapprendrai à marcher” même s’il me fait toute ma vie …
Et je raconte ds ce livre ma lutte pour réapprendre à marcher, mais ss trop m’étendre sur les details médicaux. C’est une sorte d’AVANT et APRES que je raconte. Avant l’accident où tout est encore possible, le BASCULEMENT de l’accident, la personne que je deviens ensuite et que bcp regardent comme handicapée et commencent malgré à s’éloigner car je ne peux plus suivre le même rythme… Mais j’ai voulu ce livre plein d’espoir, en montrant que certaines choses sont possibles avec bcp de volonté, d’inconscience aussi peut-être, mais j’y suis arrive. Certes, je ne ferai jamais le tour du mont Blanc, mais je peux mener une vie normale et régulière ent respectant un certain rythme…
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Elisabeth : Je pense qu’un autre livre et en train de mûrir dans ma tête actuellement car je voudrais porter cet espoir auprès des personnes handicapées. Mais je n’en suis qu’aux tout début Cela serait ss doute des témoignages sur les différentes techniques qui permettent de tenir dans le temps, aussi bien physiquement (méthode chinoise en entre autres qui réussit très bien sur certaines personnes, oser quitter la médecine traditionnelle qui ne vous voit que trop comme un n° et non pas une personne, un travail global sur le corps et l’esprit popur vivre une telle épreuve…), mais je ne sais pas encore comment je vais formuler tout cela …
JM : Comment procédes-tu pour écrire tes romans (carnets, cahiers, fiches, écriture directe sur l'ordinateur) ?
Elisabeth : Je commence toujours par écrire sur un grand cahier 21 x 29,7, à petits carreaux, ss marge, avec un stylo noir dont le capuchon doit être mis au bout du stylo et fait un certain poids ds ma main… Curieux les habitudes de chacun… Je retravaille le texte plusieurs fois s’il lel faut et quand je le sens prêt, je le tape sur mon ordinateur ! Et il m’arrive parfois de reprendre ce que j’ai pu écrire sur l’ordinateur si je sens que je dois apporter des modifications même minims… Et il y a un moment où le texte est prêt… et ne bouge plus !
JM : - Quand écris-tu (la nuit, le jour) pendant combien d'heures ? Est-ce que parfois tu passes des nuits blanches ? En combien de temps écris-tu un roman ?
Elisabeth : Je n’écris jamais la nuit… J’ai besoin de dormer la nuit pour être en forme ! Mais je lis bcp le soir pour m’inspirer pour l’écriture du lendemain… Quand il s’agit d’un nouveau texte, j’écris plutôt dans l ‘am, environ 2/3 h de suite. Puis je laisse poser. Mais en revanche, je retravaille le texte le matin et la suite de la journée s’il le faut. Je termine toujours un texte avant d’en commencer un nouveau… Quand il est termine, en effet, je passe à un nouveau, mais je peux avoir pris des notes déjà pour celui-ci mais il n’est pas rédigé encore …
J’ai écrit des nouvelles en un petite année. Des poèmes au fil du temps. Mais ce livre-là, il m’a fallu 7 ans pour l’écrire… ! Je le voulais dégagé de toute rancoeur, de la souffrance que tout le monde imagine, d’une certaine colère aussi… Il y a eu plusieurs versions… Et à la fin, c’est celle-là qui s’est imposée… J’ai vécu 7 ans avec ce livre au fond de moi et il y est toujours, car c’est un sujet tlmt particulier …
JM : -As-tu des séances de dédicaces prévues prochainement et où ?
Elisabeth : Je vais avoir des salons : Attignat, Morières-les-Avignon, Ste-Foy-les-Lyon, une dédicace à Nîmes, puis des Cultura et des salons en février, mars et avril…
JM : - Que ressens-tu lorsque tu écris le mot FIN ?
Elisabeth : C’est sur mon ordinateur que le mot FIN est le + important ! Là, je sais, à un moment ou un autre que le texte est vrt fini, réalisé. Et que si je le donne à lire, il ne m’appartient plus. Je m’en détache, un peu comme une naissance. Et cela peut faire très peur parfois !!! Le qu’en dira-t-on ??? Mais il y aura forcément des gens pour et des gens contre. Alors, un jour ou l’autre, il faut bien lâcher son “bébé”…
JM : - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (membre de ta famille, bêta lecteur) ? Qui réalise les couvertures de tes livres ?
Elisabeth : Je ne fais jamais lire mes mansucrits à qui que ce soit de ma famille. Je les donne à lire à 2 ou 3 personnes en qui j’ai confiance et qui sont elles aussi dans l’écriture et peuvent me donner des critiques positives ou négatives, me permettant éventuellement de changer certaines parties de mon livre, de les arranger, de les changer !
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes ouvrages ?
Elisabeth : J’ai contacté plusieurs éditeurs ! Et comme tout le monde, j’ai eu des refus. On essaie de de comprendre pourquoi : présentation de la lettre d’accompagnement qui doit être très brève en fait et ne pas présenter déjà le livre, sujet mal traîté à retravailler, le bouche-à-oreilles aussi qui peut très bien marcher entre auteurs… Il y a toutes sortes de possibilités…
JM : - Quels sont les auteurs qui t'ont donné l'envie d'écrire ?
Elisabeth : Camus, en premier… Il a une façon de décrire les personnages et les paysages qui m’ont emballée… Et de traîter les sujets en profondeur !
Ensuite, Maupassant et Chateaubriand,chacun dans leur style… Une écriture un peu “vieillote” dans le sens où ils utilisent des mots et une langue recherchée, châtiée, un peu d’un autre siècle et j’aime bcp leurs nouvelles, leur façon de décrire la nature aussi.
Victor Hugo aussi bien évidemment… Et Flaubert que j’ai lu pendant que j’étais arrêtée. Pas très emballée au début, je me suis aperçue qu’il utilisait des faits de tous les jours et qu’il était capable d’en écrire des chapitres entiers … La vie est un roman dont les personnages sont ceux que l’on rencontre ds la vie de tous les jours ! Cela m’a permis de prendre conscinence que des faits apparemment très simples auxquels je n’aurais pas pensé peuvent être transformés en nouvelles, par exemple…
JM : - Peux-tu nous dire quels sont les bons et les mauvais côtés du métier d'auteure ?
Elisabeth : Les bons : Ecrire, écrire, écrire si l’on aime écrire… Et découvrir l’écriture d’autres auteurs car on ne peut pas être inspiré seulement par sa propre écriture, même si l’on a un certain style. Sans que je m’en rende compte, tous les livres que je lis influencent mon écriture car je remarque alors des tournures différentes, d’autres styles auxquels j’aurais prêté moins d’attention avant… Ecrire pour soi, se libérer en qque sorte de qquechose qui bout en soi, et que l’on a envie partage. La notion de partage est importante car sinon, je ne chercherai pas à publier. Je garderai tout dans mon ordinateur.
Encore le bon : accepter la critique des autres !!! Difficile mais formateur !
Le mauvais côté : Je connais peu de personnes qui vivent de leur seule écriture. IL faut donc gagner sa vie à côté et cela demande une grande gymnastique? Une rigueur aussi dans l’emploi du temps pour garder du temps pour soi, pour écrire et chercher ses idées un peu isolée des autres. Et là aussi, le mauvais côté, la critique !!! Mais il y a un moment où on realise que l’on ne peut pas plaire à tout le monde et alors, on se lance… quitte à recevoirde auvaises critqies § Mais ells peuvent être constructives aussi… Ecouter ce que dissent les autres est très formateur et il ne faut surtout pas se fermer à leurs idées qui peuvent aller à l’encontre dece que l’on pense… On peut même changer d’idées parfois car le lecteur n’appréhende pas notre écrit de la même façon.Nous, auteurs,avons le nez ds le guidon. Le lecteur est en qque sorte un passant et il faut le faire “rentrer” dans notre écriture…
JM : Lis-tu ? Quel genre ?
Elisabeth : J’aime bcp les romans historiques, les autobiographies, les grandes sagas. Mais depuis que j’écris plus, je me concentre sur des auteurs plus actuels (ex : Laurent Gaudé, Sylvie Germain et d’autres vers lesquels je ne serais pas allée toute seule peut-être…). Je commence même à lire des essais, ce que je n’aurais jamais faits il y a 10 ans !
L’écriture apporte une grande ouverture d’esprit…et me sort d’un certain milieu ou carcan que j’ai pu avoir ..
JM : En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Elisabeth : La peinture, l’art, les voyages, surtout car j’apprends d’autres façons de vivre tout aussi valables que la mienne… Et je découvre d’autres personnes très intéressantes avec lesquels je peux avoir des échanges passionnantes.
JM : - Quel est ton proverbe préféré ?
Elisabeth : “Il faut savoir donner du temps au temps”….
JM : - Quel est ton endroit favori (chez toi, une région, un pays) ?
Elisabeth : un endroit où il y a du soleil et de l’eau, ne serait-ce qu’un fleuve. Et évidemment, je garde un amour particulier pour la Drôme d’où je suis originaire mais je préfère la Drôme du sud….
JM : - Quel est ton péché mignon ?
Elisabeth : Aller à une table de café, et regarder passer les gens… Croquer leurs attitudes, leurs gestes, leurs mouvements, leur langage qui pour eux, leur semble naturels mais qui, pour qq’un étranger à leur vie, peut faire rire, paraître original et permet surtout d’imaginer le monde ou la vie dont ils viennent ! Là, tout est permis !!!
JM : - Quel mot te définit le mieux
Elisabeth : La persévérance, je pense…
JM : - Peux-tu nous donner le titre de ton film culte et le genre de musique que tu écoutes ? Ecris-tu en musique ?
Elisabeth : Je regarderai maintes et maintes fois “Autant en emporte le vent”… Je suis fascinée par l’envie de se battre de Scarlett et ce petit jeu entre elle et Red Buttler !
JM : - Si tu devais partir sur une île déserte quel objet, indispensable à tes yeux, emporterais-tu ?
Elisabeth : Un cahier pour y mettre tout ce que je vois. Je trouverai forcément sur place, qquechose pour écrire…
JM : - Si tu étais une fleur, un animal, une couleur tu serais ?
Elisabeth : Une fleur : une rose.. Je ne me lasse pas des roses, chacune est unique avec ses différents pétales.
Un animal : Une hirondelle pour pouvoir voler et découvrir la nature d’en-haut ou d’autres pays !
Une couleur : car elle me fait penser au bleu du ciel, de la mer et aux yeux de ma maman…
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Elisabeth : Non ! Simplement je te remercie infiniment, Joëlle, de la chronique que tu as réalisée sur mon livre “Un escalier” édité chez Nombre7. Tu as “ADORE” ce livre et remarqué une certaine plume poétique, utilisée pour que le sujet paraisse moins lourd. Je voulais que ce livre soit un livre d’espoir et tu l’as tout-à-fait relevé aussi, ainsi que l’importance pour moi de l’amour et de l’amitié … C’est le style de mots que j’attends après la lecture de ce livre de la part des lecteurs… Ce sont les mots : espoir, amour et amitié que j’aimerais lire dans toutes les critiques de ce livre… Tu as très bien résumé le message que je voulais faire passer… Je tenremercie bcp… Vrt, et du fondu couer, car je veux qu’il touche maintenant des personnes qui sont dans la même situation où j’ai été et leur dire :”Courage ! Tout n’est peut-être pas fini”…Merci pour tes mots,Joëlle
JM : - Merci Elisabeth LAFONT pour ce très agréable moment passé en ta compagnie, ta disponibilité et ta gentillesse.
Les amis, vous avez la parole : vous pouvez si vous le souhaitez poser d'autres questions à Elisabeth qui vous répondra avec plaisir, en direct ou plus tard, selon ses disponibilités.