GROUPE LECTEURS – AUTEURS :
LA PASSION DES MOTS
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INTERVIEW AUTEUR
Eric FOUASSIER
JM : - Bonjour à tous,
Je partage donc avec vous l'entretien que nous avons réalisé, à l'issue duquel, vous pourrez, si vous le souhaitez, poser des questions à Eric qui y répondra en direct ou plus tard selon ses disponibilités.
JM : - Bonsoir Eric
Eric :
On ne peut plus prêt, chère Joëlle ! Je suis ravi en fait de pouvoir, par ton truchement, m’adresser à des lecteurs. Ces derniers mois ont rendu ce type d’échanges beaucoup plus rares et difficiles, donc précieux, et c’est toujours un plaisir de parler de littérature avec des passionnés. Je te remercie donc de m’en donner l’occasion à travers cette interview et ce post.
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Eric :
J’ai 57 ans et vis en région parisienne où je suis né. Docteur en droit et en pharmacie, je suis professeur d’université et membre de l’Académie nationale de pharmacie. J’enseigne le droit pharmaceutique et l’histoire de la pharmacie à l’université de Paris-Saclay. Et depuis quinze ans, parallèlement à mes fonctions universitaires, je mène une carrière d’écrivain qui prend de l’ampleur, année après année, grâce aux lecteurs qui me suivent de plus en plus nombreux et fidèles.
JM : - L'écriture est-ce une passion ou un métier pour toi ?
Eric :
Ecrire est avant tout une passion qui me tient depuis mes 15 ans. C’est en effet à cet âge que j’ai achevé le manuscrit de mon premier roman qui – fort heureusement – est toujours resté dans mes tiroirs. Par la suite, j’ai continué à écrire, mais ce n’est qu’à 18 ans que j’ai tenté une première fois ma chance auprès des éditeurs. Comme je ne connaissais rien à ce monde, j’ai envoyé un manuscrit par la poste chez Gallimard, Grasset et Seuil. Rien que ça ! J’ai reçu trois lettres de refus, mais l’une émanait d’un directeur littéraire du Seuil qui, sur deux pages manuscrites, prenait le temps de m’expliquer tout le bien qu’il pensait de mon manuscrit, et me disait qu’il était prêt à le retravailler avec moi ou à lire un autre roman de ma plume. Encore une fois, comme j’ignorais tout alors des pratiques de l’édition, je n’ai pas compris qu’il y avait là une porte entrouverte et, en tous cas, une forte invitation à persévérer. Le baccalauréat se profilait à l’horizon, puis de longues études de pharmacie et de droit qui m’ont conduit à deux doctorats distincts. Durant toutes ces années, je n’ai pas arrêté d’écrire mais sans chercher à diffuser mes textes. Finalement, c’est par le biais des concours de nouvelles qu’au début des années 2000, j’ai commencé à publier. Aujourd’hui, et depuis quelques années, l’écriture est devenu un véritable second métier. Cela a débuté lorsque mes romans ont commencé à sortir chez de grands éditeurs, d’abord JC-Lattès, les éditions du Masque et aujourd’hui Albin-Michel.
JM : - Peux-tu nous parler de tes romans ?
Eric :
Depuis mon arrivée chez JC-Lattès en 2016, je publie un roman par an. À une exception près, il s’agit de romans policiers historiques. C’est un genre littéraire que j’apprécie, car il appartient à la fois à une littérature de genre, le roman policier qui est très populaire, mais aussi parce qu’il est exigeant et repose sur une importante documentation. Cela permet au lecteur de se divertir tout en apprenant des tas de choses sur une période historique donnée qu’il n’aurait peut-être pas explorée, si l’opportunité ne s’était pas présentée à lui sous forme de fiction romanesque. J’ai ainsi publié une trilogie consacrée à la Renaissance dont l’un des personnages principaux était le fameux chevalier Bayard, puis une duologie consacrée aux temps mérovingiens. Ces cinq romans sont parus chez JC-Lattès et ont été repris en poche aux éditions du Masque. Mon prochain roman qui paraît en mai chez Albin-Michel s’intitule « Le bureau des affaires occultes » et inaugure une nouvelle série policière avec un héros récurrent. Il s’agit d’un inspecteur qui, à l’époque du fameux Vidocq, résout des enquêtes lui permettant de se confronter à des progrès scientifiques ou techniques encore méconnus.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes livres ?
Eric:
Mon premier livre publié, un recueil de nouvelles sorti en 2005, le fut à la suite d’une victoire dans un concours de nouvelles. Durant 5 ans en effet, j’ai écumé tous les concours de France et de Navarre, glanant au passage plus d’une cinquantaine de prix. Cela m’a conforté dans l’idée que ce que j’écrivais pouvait plaire et cela m’a permis de nouer au passage de belles amitiés avec des auteurs comme Bernard Minier qui n’avaient pas encore été édités à l’époque. A partir de 2005, lorsque mon premier livre est paru, j’ai arrêté les concours et commencé à envoyer par la poste les manuscrits que j’avais accumulés durant plus de vingt-cinq ans. C’est comme cela, grâce à ces envois par la poste sans aucune recommandation et aucune connaissance dans le milieu de l’édition, que j’ai pu publier deux autres recueils de nouvelles chez de petits éditeurs, puis cinq premiers romans dans une maison de taille moyenne. Pour mon entrée chez un grand éditeur parisien – en l’occurrence JC-Lattès – les choses se sont faites, en revanche, un peu différemment. Je m’occupais de l’organisation d’un prix littéraire dépendant de l’Académie nationale de pharmacie. A l’occasion d’une remise de ce prix, j’ai rencontré Isabelle Laffont, une très grande dame de l’édition qui présidait alors les éditions Lattès et accompagnait la lauréate. Le courant est passé entre nous. Lorsqu’elle a su que j’avais déjà publié une petite dizaine de livres, elle m’a demandé si j’avais un manuscrit sous le coude à lui faire lire. Dès le lendemain, je lui ai envoyé par mail le fichier de ce qui allait devenir mon premier vrai succès de librairie « Le piège de verre ». Le manuscrit l’a emballée et, à peine trois semaines plus tard, je signais mon premier contrat avec elle.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Eric :
Ce ne sont pas les projets qui manquent, mais plutôt le temps pour les mener à bien ! Comme je le disais, j’entame cette année une nouvelle série de polars historiques chez Albin-Michel. Or qui dit série, dit aussi nécessité d’implanter ces nouveaux personnages auprès du lectorat. Donc, pour les 2-3 ans à venir au moins, mon roman annuel sera un nouveau tome de la série. Une fois que celle-ci sera bien installée, je m’autoriserai sans doute à faire quelques infidélités à mes personnages pour explorer d’autres univers littéraires. Je voudrais revenir au polar contemporain, mais aussi et surtout publier à nouveau des textes de littérature générale. Cela fait déjà 3 ou 4 ans qu’un projet de roman dit de littérature blanche me titille et il faudra bien que je trouve le temps de le coucher sur le papier.
JM : - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes livres ? En combien de temps écris-tu un roman ?
Eric :
A vrai dire, tout peut être source d’inspiration : des personnages historiques, des personnes croisées dans la vraie vie, des proches aussi (mais alors mieux vaut qu’ils ne se reconnaissent pas, surtout si je les transforme en horribles assassins !). Et puis, comme je suis un grand lecteur, les ouvrages d’autres auteurs peuvent aussi influencer mon imaginaire. Pour le temps consacré à l’écriture des romans, je dois dire que, depuis que je pratique l’écriture comme un second métier, j’ai gagné en efficacité. Autrefois, il me fallait entre 12 et 18 mois pour rédiger un roman de 300-400 pages. Aujourd’hui, la recherche documentaire me prend de 4 à 5 mois et l’écriture elle-même de 6 à 8 mois.
JM : - Comment écris-tu (cahiers, carnets, direct sur l'ordinateur) ?
Eric :
Pour tout le travail de documentation et la préparation du roman (découpage des chapitres, fiches des personnages, représentation graphique de l’intrigue) j’ai recours au stylo et aux fiches papier. En revanche, pour l’écriture proprement dite du roman, je ne travaille plus que sur ordinateur. Et contrairement à d’autres collègues auteurs qui écrivent au fil de l’inspiration et laissent aller leur « plume », quitte à écrire plusieurs versions successives de leur texte, moi je préfère me relire au fur et à mesure. Je ne passe jamais à un nouveau chapitre tant que je ne suis pas satisfait de celui que je viens d’écrire. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas une relecture finale et d’ultimes corrections ou modifications, mais celles-ci seront somme toute assez limitées. Les modifications les plus importantes, lorsqu’il y en a, résultent du travail avec mon agent littéraire ou mon éditeur.
JM : -Lorsque la situation sanitaire le permettra, envisages-tu d'assister à des séances de dédicaces et où ?
Eric :
Bien entendu. J’attends même ce moment avec impatience car cette période est très frustrante pour les auteurs comme pour les lecteurs qui aiment se rendre sur les salons. J’ai déjà un salon programmé en juin à Vernon dans l’Eure. Pour les autres dates, je ne sais pas encore car mon programme de salons et de signatures en librairie va s’établir au printemps avec mes nouvelles attachées de presse chez Albin-Michel, afin d’accompagner la sortie de mon nouveau roman en mai.
JM : - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (ami, membre de ta famille, bêta-lecteur) ?
Eric :
Depuis le premier manuscrit que j’ai adressé à 18 ans à un éditeur, ma première lectrice est restée la même. C’était ma meilleure amie de l’époque qui, depuis, est devenue mon épouse. Elle a longtemps été la seule à lire mes manuscrits avant leur envoi aux éditeurs. Aujourd’hui, j’ai un agent littéraire et c’est cette personne qui lit en second et me propose les principales corrections et modifications, avant l’envoi à la maison d’édition.
JM : - Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Eric :
Je vois mal comment un écrivain pourrait être tout à fait hermétique à la critique littéraire. On met tellement de soi dans un livre ! Même si l’image fait un peu poncif, c’est un bébé que l’on a porté pendant de nombreux mois et on aimerait que tout le monde s’extasie en le découvrant. Ceci dit, j’ai suffisamment de bouteille pour relativiser les critiques, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Les premières font plaisir, les secondes me chagrinent, mais c’est loin d’être une obsession. Je ne vais pas jusqu’à dire : « aussitôt lues, aussitôt oubliées ». Mais c’est presque ça. Les critiques ne me marquent pas. Ce que je vais vous dire peut paraître prétentieux, mais je vous assure que c’est profondément ce que je ressens : je sais ce que valent mes livres, quels en sont les qualités et aussi les défauts. Et jamais une critique – là encore qu’elle soit bonne ou mauvaise – ne m’a amené à modifier cette conviction profonde. En ce qui concerne les blogs, ils sont devenus aujourd’hui incontournables pour la promotion des livres. Pour le meilleur comme pour le pire, d’ailleurs… Quand le blog est tenu par un(e) vrai(e) passionné(e) compétent(e) qui fait ça sérieusement, c’est vraiment formidable. Et il y a sur la toile et les réseaux des blogueurs qui font un boulot tout à fait extraordinaire que ce soit en rendant compte de leurs coups de cœur, en faisant des lectures ou en mettant les écrivains en avant. Cependant, il ne faut pas se le cacher, il y a aussi pas mal de personnes qui ont vu dans le phénomène l’opportunité de ne plus payer leurs livres et d’obtenir des services de presse gratuitement. Celles-là se contentent en général de reprendre grosso modo la quatrième de couverture ou la fiche promotionnelle de l’éditeur. Sans aucun apport personnel. Et là on est à la limite de l’arnaque. Et puis, il y a aussi les gens de bonne foi mais qui se lancent dans cette activité sans en avoir les compétences. Je me souviens par exemple d’un blogueuse qui avait indiqué qu’elle avait apprécié un de mes romans mais qu’il était dommage que l’éditeur ait laissé tant de fautes d’orthographe. Cela m’a étonné et je l’ai contactée en lui demandant d’avoir la gentillesse de me signaler ces fautes pour que le puisse les corriger lors d’une prochaine édition. Elle m’a répondu qu’il y en avait beaucoup trop, mais qu’elle m’en listait déjà vingt dans les premières pages du livre. Résultat : aucune des vingt supposées erreurs n’était une faute d’orthographe ! Cette charmante blogueuse ne maîtrisait tout simplement pas les subtilités du français. Ceci dit, encore une fois, d’autres personnes font un super travail et tu en es un excellent exemple, chère Joëlle.
JM : - Tu es un auteur « éclectique » me semble-t-il puisque tu as écrit un recueil de nouvelles, des romans policiers historiques, des polars et de la littérature générale. Pourquoi avoir choisi de changer ainsi de genre et n'est-ce pas compliqué ?
Eric :
A ce jour, j’ai publié en effet trois recueils de nouvelles, deux romans de littérature générale, trois polars contemporains et six polars historiques en comptant celui-qui sort cette année. Mais j’en ai écrit bien davantage ! Changer de genre s’avère une nécessité pour moi. Justement parce que l’écriture est avant tout ma passion et que c’est le plaisir qui me guide avant toute chose. Ceci dit, l’éclectisme n’est guère prisé des professionnels du livre (éditeurs, libraires, critiques littéraires…). Tout simplement, parce que lorsque vous commencez à faire de l’écriture un métier, vous entrez – que vous le vouliez ou non – dans un système commercial où l’on préfère vous coller une étiquette. Ce n’est pas un reproche d’ailleurs de ma part. Mais il faut comprendre que l’éditeur qui a investi pour imposer avec succès un auteur dans un certain genre sera frileux à l’idée de le voir changer, au risque de désorienter une partie de son lectorat. Même chose pour les libraires pour qui il est plus simple en voyant le nom de l’auteur sur la couverture de savoir dans quelle catégorie ranger le livre avant même de l’avoir ouvert. On peut déplorer cet état de fait, mais encore une fois il y a là une certaine logique. Ce n’est jamais quelque chose qui vous est imposé, mais vous comprenez assez vite que vous y êtes fortement incité. C’est la raison pour laquelle, depuis que je publie chez de grands éditeurs parisiens, je me suis cantonné au roman policier historique, à l’exception d’un roman de littérature générale pour lequel l’éditeur a d’ailleurs préféré que je prenne un pseudonyme.
JM : Sauf erreur de ma part en 2004 tu as reçu le prix de la Ville de Castres/L'Encrier renversé pour la nouvelle Bienvenue en 2005 le prix du Val de Seine pour Entre genèse et chaos en 2011 tu as été lauréat du Festival plume de glace pour ton roman Morts thématiques et en 2011 le prix littéraire salondulivre.net pour Le Traducteur.
Peux-tu nous dire comment tu as vécu ces expériences et nous parler un peu de ces distinctions honorifiques ?
Eric :
Remporter des prix flatte l’ego sur le moment, mais ça ne va pas au-delà d’une satisfaction passagère lorsque ces prix n’ont pas pour conséquence d’augmenter votre lectorat. Et les récompenses littéraires qui font vendre ne sont pas si nombreuses que cela ! Cependant je ne boude pas mon plaisir à chaque fois que cela m’arrive, car obtenir un prix veut dire que votre ouvrage a été remarqué et c’est surtout un formidable booster qui vous donne du moral et de l’allant pour les livres à venir.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Eric :.
J’en ai quelques-unes comme le tennis de table que je pratique en compétition, les escape-games et autres chasses au trésor, et plus généralement tout ce qui est énigmes et casse-têtes. Depuis peu, je me suis mis à l’aquarelle et peindre me procure beaucoup de plaisir. Quand j’étais plus jeune, j’étais un fanatique de tennis et j’ai appris à jouer grâce à la mère et au frère d’Henri Leconte qui furent mes premiers professeurs. J’ai arrêté d’y jouer vers 40 ans à cause d’un tennis-elbow persistant. Mon idole de jeunesse était le joueur argentin Guillermo Vilas qui était aussi poète. Et je reste aujourd’hui encore un grand admirateur du talent incomparable de Roger Federer.
JM : - Quel est ton plus grand rêve ?
Eric :
J’ai eu la chance de réaliser beaucoup de mes rêves d’enfance, dont surtout celui d’épouser une femme que j’aime profondément et qui est la plus merveilleuse compagne dont je pouvais justement rêver. Celui aussi de devenir écrivain, même si c’est arrivé sur le tard. Mais finalement c’est très bien ainsi car j’ai pu auparavant me réaliser pleinement dans ma carrière universitaire. Aujourd’hui, je veux croire que mon plus grand rêve sera peut-être celui qui me visitera une de ces nuits prochaines.
JM : - Quels auteurs t'ont donné l'envie d'écrire ?
Eric :
Ils sont très nombreux car je suis un très grand lecteur. Quand j’étais enfant, mes parents nous ont fait à moi et à mes deux frères le plus cadeau que l’on puisse faire à sa progéniture : ils nous ont promis de ne jamais nous refuser l’achat d’un livre. Du coup, les librairies sont devenues pour nous des cavernes d’Ali-Baba. A chaque fois que nous entrions dans l’une d’elles, c’était merveilleux de se dire que si un livre nous plaisait, nous pourrions l’avoir. Le résultat n’a pas manqué : nous sommes tous de très grands lecteurs et, sur les trois frères alors que nous ne connaissions personne dans le monde de l’édition, nous sommes deux écrivains publiés. J’en profite d’ailleurs pour vous recommander le dernier roman de mon frère Luc-Michel intitulé « Les pantoufles » et publié aux éditions de l’Arbre vengeur. Un petit bijou de littérature qui m’a fait penser au « Bartleby » d’Herman Melville ou au « Monsieur » de Jean-Philippe Toussaint. Mais je me rends compte que j’ai un peu esquivé ta question et je te citerai donc le nom de l’auteur qui m’a fait franchir le pas et m’a décidé à écrire, à 15 ans, mon premier manuscrit. Il s’agit d’Henri Bosco, bien trop méconnu ou relégué à tort comme auteur jeunesse à cause du succès passé de « L’enfant et la rivière », mais qui est sans doute le plus grand écrivain français de l’invisible. Après avoir lu son roman « L’âne culotte », je suis tombé sous le charme de son écriture et je me suis dit que je voulais absolument faire comme lui.
JM : - Lis-tu ? Quel genre ?
Eric :
Comme je le disais, je lis beaucoup. Disons au moins deux livres par semaine en temps normal et jusqu’à quatre par semaine durant les périodes de vacances. Comme pour l’écriture, je suis très éclectique : romans classiques, contemporains, policiers, science-fiction, nouvelles, livres d’histoire, bibliographies, essais… Il serait plus vite fait de dire quel genre de livre je ne lirai jamais. C’est le cas par exemple de la littérature feel good, pourtant si à la mode de nos jours. Rien que le terme me fait fuir ! Je n’ouvre pas un livre comme on chausse des charentaises ou comme on se pelotonne dans un bon gros pull douillet. Plus d’ailleurs qu’un genre littéraire particulier, ce qui me fait fuir, c’est un ouvrage dont lecteurs et critiques disent : « Ça se lit facilement. » Bon sang ! Depuis mes sept ans et mon dernier Oui-Oui, j’ai arrêté de rechercher la facilité dans l’écriture. Les livres qui sont écrits avec des phrases qui se limitent à « sujet-verbe-complément » sont pour moi de véritables repoussoirs. En même temps, tant mieux si cela plaît à d’autres. Il faut de tout pour faire un monde !
JM : - Quel genre de musique écoutes-tu ? Ecris-tu en musique ou dans le calme ?
Eric :
En musique aussi, je privilégie la diversité. En français, je préfère les chanteurs à textes avec quelques incontournables comme Ferré, Brassens, Souchon, Bobby Lapointe (remède immédiat à la morosité). Mais je reste à l’écoute d’artistes plus proches de nous comme Renan Luce, Benjamin Biolay, Julien Doré, Carla Luciani, Pomme, même si j’ai vraiment plus de mal avec le rap et le slam. Chez les anglo-saxons, je suis resté un peu scotché aux années 70-80-90 : Rolling-Stones, Bowie, Police, U2… J’aime beaucoup aussi le jazz. Quant à la musique classique, certaines pièces me remuent profondément : les suites pour violoncelle de Bach, la cinquième symphonie de Shostakovitch, la pavane pour une infante défunte de Ravel, le Stabat Mater de Pergolesi… En revanche, je n’écoute quasiment jamais de musique en écrivant. J’ai besoin alors d’être vraiment focus sur mes pensées. Au début, j’écrivais surtout le soir et en début de nuit, dans le silence et la pénombre. Aujourd’hui, j’éprouve beaucoup moins le besoin de respecter un rituel précis, mais la concentration reste indispensable.
JM : - Quel est ton film ou ta série culte ?
Eric :
Je ne vais pas faire très moderne à notre époque Netflix, mais ma série culte reste « Chapeau melon et bottes de cuir ». J’ai tout de même aussi beaucoup apprécié « Game of thrones » (même si l’avancée de la série a fait que les romans, hélas, sont restés en suspens). Pour les films, n’en citer qu’un est vraiment trop difficile. Alors, je t’en livre plusieurs comme ils me viennent : « Un été 42 », « Le troisième homme », « Johnny got his gun », « Le labyrinthe de Pan », « Freaks »…
JM : - Tu dois partir sur une île déserte, quel livre emporteras-tu ?
Eric :
« Le désert des Tartares » de Dino Buzzati et, s’il y a possibilité d’un supplément de bagage, j’ajoute « L’âne culotte » d’Henri Bosco, « Voyage au bout de la nuit » de Céline, « Le nom de la rose » d’Umberto Ecco et le chef d’œuvre dont la lecture va me bouleverser demain ou après-demain.
JM : - Es-tu thé ou café ? Vanille ou chocolat ? Mer ou montagne ?
Eric :
Café, chocolat et mer et montagne (les deux, par amour filial).
JM : - Quel est ton proverbe préféré ?
Eric :
Aide-toi, le Ciel t’aidera.
JM : - Tu vas organiser un dîner littéraire. Quelles personnes souhaites-tu convier à ta table ?
Eric :
Cela ne risque pas d’arriver ! Je n’ai absolument aucune envie d’organiser un dîner littéraire. J’ai quelques copains écrivains, mais il ne me viendrait jamais à l’idée de les convier tous autour d’une table. Les écrivains, je les aime sagement rangés dans ma bibliothèque d’où je peux les sortir quand bon me semble. C’est quand même là qu’ils sont le plus fréquentables, non ?
JM : - Peux-tu nous donner une des tes qualités ? Un de tes défauts ?
Eric :
La question piège des recruteurs ! Alors voyons comment jouer le jeu tout en le contournant ? Ou bien encore, quel défaut je viens bien pouvoir trouver qui soit une autre façon de me mettre, malgré tout, en valeur ? Plaisanterie mise à part, pour la qualité, je dirai la loyauté. Pour le défaut, ce serait plutôt mon côté casanier.
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Eric :
Juste, en cette période si délicate pour tous et où il est si facile de sombrer, hélas, dans la morosité, je voudrais rappeler que celui qui aime lire n’est jamais seul et qu’après la pluie vient toujours le beau temps. Prenez soin de vous et gardez le moral !
JM : - Merci Eric pour cet agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Eric qui se fera un plaisir de vous répondre sous ce post.
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