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Bonsoir je partage l'interview que j'ai réalisée ce soir avec Isabelle MALOWE sur mon groupe FB : lecteurs-auteurs : la passion des mots

INTERVIEW AUTEUR

Isabelle MALOWE

Vendredi 22 mars 2019 à 18 h

différé

 

JM : - Bonsoir à tous,

 

  • Je vous ai parlé sur ces pages d'Isabelle MALOWE que je compte parmi mes fidèles amies et dont j'ai lu la plupart des romans. Isabelle a accepté récemment de répondre à mes questions et je partage donc avec vous cet entretien.

 

 

JM : - Bonsoir Isabelle

 

  • Comment allez-vous ? Etes-vous prête à « subir mon petit interrogatoire » ?

  •  

 

Isabelle : Je suis ravie d’échanger avec vous Joelle. Avec plaisir, on y va !

 

JM : - Pouvez-vous, tout d'abord, vous présenter afin que nos amis puissent mieux vous connaître ?

 

Isabelle : La question que je redoute… Dur de parler de soi. Disons que je suis une grande rêveuse/idéaliste et que la littérature est une compagne parfaite. Depuis toujours je me questionne sur le monde, les Hommes…le pourquoi et le comment.

 

J’ai exercé le métier d’infirmière, désormais je travaille dans le domaine de l’insertion. J’accompagne des personnes vulnérables. La poésie, la littérature, aident à conserver mes utopies/rêves intacts.

 

 

JM : - Que représente pour vous l'écriture ?

 

Isabelle : Je lui dois bien des bonheurs de ma vie.

 

Grâce à l’écriture je peux visiter le monde entier en restant chez moi. Je fais des rencontres époustouflantes. Rimbaud a dit cette phrase «  Des êtres parfaits, imprévus, s’offriront à tes expériences. Ta mémoire et tes sens ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice. » Tellement vrai. Le pouvoir de l’imagination….

 

 

 

JM : - Pouvez-vous nous parler de vos romans  (« Toulkelila », « Les Rumeurs de la terre », « Le Brocart Bleu » ?

 

 

Isabelle :

 

     TOULKELILA De nombreuses frontières infranchissables fragmentent ce monde, comme celles de la Corée, de l'Europe, du Mexique. Le mur qui entoure Gaza fait évidemment  partie de ces édifications qui morcellent la Terre et engendrent des douleurs indescriptibles.  Les héros de ce roman, des artistes talentueux, ont une perception plus grande et plus universelle de ces situations tragiques que les bâtisseurs de murailles. Ils parviennent, au travers de leurs oeuvres,  à édifier des passerelles virtuelles et à trouver des astuces pour réunir les Hommes séparés. 

     Ce roman offre une vision poétique d'une réalité géopolitique.  Un peu d'utopie et un chouia de rêve dans ces moments de disette, où l'enthousiasme s'essouffle et se raréfie,  ne peuvent qu'embellir nos intentions, nos pensées et pourquoi pas... le reste.  

 

 

LES RUMEURS DE LA TERRE raconte l’histoire du héros Soundjata Keïta. En Afrique de l’Ouest, sa célébrité est acquise. Je trouve dommage qu’il soit inconnu de la multitude en Europe. 

Cet homme a aboli l’esclavage au Mali au XIIIème siècle et a dessiné les contours de l’Empire de cette époque-là. Je suis fascinée par son courage et son humanisme. La première fois que j’ai lu les préceptes édictés par Soundjata - dans la Charte du Mandé -  j’ai cru qu’il s’agissait d’un texte contemporain. Il nous vient cependant du Moyen-Age. La Charte du Mandé est intemporelle. L'approche  de la condition féminine est très moderne. Soundjata n’était pas seulement abolitionniste – ce qui est déjà, dans ce contexte historique, exceptionnel –, il semblait concerné par le bien-être de tous les êtres humains, sans distinction de sexe, de caste et d’apparence physique.  

Dans l’esprit des gens, le Mali représente actuellement : l’extrémisme d’une certaine religion déjà marquée par le sceau indélébile du 11 septembre. Le Mali, pour certains,  c’est aussi les sans-papiers et l’indigence,  l’excision (puisque ce pays a été un des derniers à signer la convention internationale contre les mutilations sexuelles infligées aux petites filles) ; le Mali, pour d’autres,  c’est aussi les otages occidentaux et la misère dans tous ses aspects les plus terribles.

Dans mon roman, j’évoque l’époque glorieuse et humaniste de ce pays abîmé. Au Mali, il y a eu un roi abolitionniste et généreux.  Il y a eu un royaume où la justice universelle était une règle.  Et cela me paraît nécessaire de le rappeler ; question d'équilibre entre la lumière et l'obscurité qui oscillent, constamment. 

Je dois ajouter qu’un autre aspect de l’histoire de Soundjata me touche aussi. Certains disent  - car il y a quantité de légendes le concernant - qu’il était handicapé étant enfant. De sa faiblesse il a fait une force. Une force inaltérable. Comme souvent dans la véritable existence : à souffrance extrême, courage extrême. Cela me fascine. Soundjata  n’est pas né puissant, bien au contraire. Il  s’est levé et a lutté toute sa vie durant. Une belle leçon de courage et de persévérance. L’impossible ne l’est pas toujours, question d’audace et de volonté. Enfant handicapé d’une femme méprisée, il devint empereur puissant et imposa des lois humanistes qui allaient à l’encontre des habitudes de l’époque. Je vous laisse juge du chemin parcouru…

 Je me suis laissé emporter par l'ambiance particulière de ces sociétés où l'oralité est prépondérante, où l'imaginaire est considéré comme une facette de la réalité. Ainsi, mon écrit n'est pas une biographie mais bien une façon  de voir ce personnage mythique selon un aspect onirique.  Les Rumeurs de la Terre joue avec les paraboles et la poésie de l'ancienne Afrique. Je me suis régalée à créer une ambiance mystérieuse, emplie de sortilèges.  Les arbres ont un langage propre, les animaux pensent et soutiennent les agissements des maîtres chasseurs, les hommes sont reliés les uns aux autres et connectés à leur environnement,  la Terre laisse éclater quelques rumeurs à l’attention des hommes instruits et bienveillants. 

 

 

 

 

 LE BROCART BLEU Je vous invite en Indochine cette fois. Ce territoire offre une atmosphère idéale à l’écriture d’un roman. Les évènements y attrapent une saveur originale. Il y a dans ce roman plusieurs strates de lecture possibles. La première concernerait l’histoire d’amour entre les deux personnages principaux, une Indochinoise et un métropolitain. Cependant, cette compréhension du récit serait superficielle. Le Brocart Bleu raconte la culpabilité, la résilience, la force de ceux et celles que la vie sculpte et qui avancent, encore, toujours. Les personnages vivent des situations extrêmes, et, malgré les aléas de l’Histoire, les conflits armés, ils désirent rester dignes de leur humanité. Quels que soient leurs choix, ils résistent, à leur manière. Certaines s’engagent sur la voie de la violence, d’autres ne cèdent jamais devant la haine. Le Bien et le Mal s’emmêlent. Le contexte de cette histoire est colonial, cependant, j’ai renoncé aux idées faciles sur la présence française en Indochine. J’ai rencontré et écouté des personnes témoins de l’Histoire et leurs expériences additionnées m’ont enrichie, ont nourri ce récit d’une authenticité que vous saurez reconnaître.. J’espère…

 

JM : - Je crois savoir que vous avez obtenu plusieurs prix littéraires pour vos ouvrages.. (Prix littéraire du salon de Mazamet pour « Toulkelila »  - Grand prix littéraire 2015 du roman des « Gourmets de Lettres » de la ville de Toulouse et Prix Figeac 2015 pour « Les Rumeurs de la terre ».

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez vécu ces aventures ?

 

Isabelle : Je retiens surtout le prix de la LICRA Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme. Vivre cela m’a bouleversée. Combattre ce genre de préjugés est au centre de mes préoccupations. Que les Rumeurs de la Terre soit reconnu à ce niveau-là, par cette ligue si réputée, restera un moment fabuleux dans mon parcours. J’espère que ceux qui liront ce livre garderont en mémoire les actes de Soundjata KEITA. L’Abolition de l’esclavage au Mali, au XIII, est un fait marquant dans l’histoire de l’humanité, absent de la mémoire occidentale.

 

 

JM : - Avez-vous d'autres projets d'écriture et souhaitez-vous nous en parler ?

 

Isabelle : J’écris chaque jour, même un tt petit peu. J’ai de nombreux romans terminés. Des contes aussi. Est-ce que je désirerai un jour les partager, les faire lire, je ne sais pas encore. Mes enfants savent qu’ils auront beaucoup à lire après ma disparition. Oui, je pense à ça. Je pense retravailler encore ces romans achevés. Je cherche à rendre mes textes les moins perfectibles possibles, je tente d’aller au bout de ce que je peux leur apporter. C’est harassant ce travail mais c’est mon bonheur aussi.

 

 

JM : - Comment écrivez-vous (carnets, cahiers, directement sur l'ordinateur) ?

 

Isabelle : J’écris directement sur l’ordinateur car je fais parfois un travail de déconstruction/reconstruction. Je déménage des paragraphes, je crée, j’améliore, je peaufine sans cesse. Au stylo, impossible. De plus, lorsque la fièvre de l’écriture me prend, mes doigts courent sur le clavier, nul besoin pour moi de regarder mes mains. Les mots et les phrases qui défilent dans mon esprit sont tout de suite prisonniers du roman. Ils me viennent et sont aussitôt retranscrits.

JM : - Vous avez une imagination débordante ! Comment procèdez-vous pour créer les protagonistes de vos ouvrages et connaissez-vous, lorsque vous commencez à écrire, la fin de l'histoire ou est-ce que vous improvisez au fil des mots ?

 

Isabelle : Il y a plusieurs questions. Je réponds à la première. J’ai entendu un poète dire que l’inspiration vient du large, du large de nous-même. Tellement juste ! Tout m’inspire, une phrase dite par quelqu’un, une phrase qui lui paraît innocente, déclenche chez moi un véritable flot d’idées. Une image, une rencontre.. 

La deuxième articulation de ma réponse : Je connais la fin mais je travaille beaucoup mes textes. Longtemps. Le résultat importe tellement, le temps passé si peu. Dans ce long phénomène de construction, il m’arrive de chambouler mes plans… Je suis équilibriste  fantaisiste Joelle.

 

 

JM : - L'écriture de vos romans a nécessité de nombreuses recherches : comment avez-vous procédé pour ce faire ?

 

Isabelle : Je passe des mois/des années à écrire un roman. J’en écris toujours plusieurs en même temps. Parallèlement, je m’instruis sur les sujets en cours. Je lis toujours plusieurs livres [aussi] en même temps. Il y a ceux que je parcours pour ma culture et non pour le plaisir. Je souligne, je note, je grignote ce qui me sera nécessaire. Vous vous doutez bien que je n’ai pas connu l’Indochine française… Ma bibliographie à la fin du livre du Brocart Bleu est assez riche… Des heures de travail et d’assimilation. Mais la passion ouvre les portes du courage/ de la persévérance, tjrs…

 

 

JM : -Avez-vous des séances de dédicaces prévues prochainement  ?

 

Isabelle : le salon de la LICRA. En mai. C’est un honneur pour moi d’y retourner. Occasion pour moi de passer un petit moment dans le Panthéon et de saluer Victor Schoelcher au passage. Les Editions ROD viennent de participer au salon du livre de PARIS.

 

 

JM : - A qui confiez-vous vos manuscrits (membres de votre famille, bêta-lecteur) ?

 

Isabelle : Je ne confie mes manuscrits à personne au début. Lorsqu’après des années de travail, ou des mois s’il s’agit d’un conte, je trouve une amie. Mais j’ai décidé depuis longtemps que l’avis des autres importe peu. Je continue ma route, mon chemin d’écriture. Il sera solitaire de toutes évidences. Persévérer quoi qu’il se passe.

 

JM : - Comment avez-vous procédé pour faire publier vos ouvrages ?

 

Isabelle : J’ai persévéré. Et si mon chemin s’arrête là, j’écrirai encore et encore et encore. Tant pis pour le silence et la discrétion.

 

 

JM : - Lisez-vous ? Quel genre ?


Isabelle : Je lis chaque jour, oui. La littérature, celle des autres m’est essentielle. Je suis amoureuse de Kessel, Camus, Baldwin, Et Romain GARY.

 

 

JM : - En dehors de l'écriture quelles sont vos passions ?

 

Isabelle : Il y a peu je jouais encore de la musique mais j’ai décidé d’arrêter cette expérience. Je ne pouvais plus consacrer une heure par jour et donc j’ai constaté que je cessais de m’améliorer. J’arrive au plafond de mes possibilités personnelles. J’ai décidé, en toute conscience, d’arrêter le piano. Autrefois je chantais beaucoup. Mais vraiment beaucoup. Je me suis blessée au larynx, depuis, je chante moins… Cela ne me rend pas triste. Ne soyez pas inquiète ! Il y a la littérature des autres. Tant de livres à lire !!! D’histoires à vivre.

 

 

JM : - Quelle est votre musique préférée et écrivez-vous en musique ?

 

Isabelle : J’écris en musique. Parfois le silence est source d’inspiration aussi. Mes pensées sont denses et vont vite, j’ai besoin de les entendre circuler. J’adore Ella et Billy Holiday.

 

 

JM : - Si vous étiez : un fruit, une fleur, un dessert, un animal …..

 

Isabelle : Une cerise, un coquelicot, un tiramisu, un ours évidemment !!!!! ou un colibri… selon les jours… hihihi.

 

 

JM : - Avez-vous quelque chose à ajouter ?

 

Isabelle : La chose à ajouter est que je vous remercie pour votre présence quotidienne et de votre investissement auprès des auteurs. Je sens tellement de respect de votre part. MERCI.

 

 

 

JM : - Merci Isabelle pour cet agréable moment passé en votre compagnie , votre disponibilité et votre gentillesse.

 

 

Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Isabelle qui se fera un plaisir de vous répondre en direct ou plus tard si vous n'êtes pas présents ce soir.

 

 

 

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