GROUPE LECTEURS – AUTEURS :
LA PASSION DES MOTS
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INTERVIEW AUTEURE
Guillemette de la BORIE
JM : - Bonjour à tous
⁃ Notre amie Guillemette de la BORIE a accepté, récemment, de répondre à mes questions.
Je partage donc avec vous cet entretien à l'issue duquel, Guillemette répondra selon ses disponibilités.
JM : - Bonsoir Guillemette
⁃ Comment vas-tu ? Es-tu prête à « subir mon petit interrogatoire » ?
Guillemette : bien sûr ! C’est un tel plaisir de parler de sa passion...
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Guillemette : j’ai eu plusieurs de métiers dans ma vie, prof d’histoire(s), journaliste, pour les enfants puis les adultes, auteur de guides d’éducation, de contes pour les enfants...Donc toujours en lien avec l’histoire et les mots, mais je ne m’en suis rendue compte qu’après !
J’ai beaucoup voyagé, parce que j’ai passé toute mon enfance à l’étranger, notamment en Afrique. Et puis j’y suis revenue adulte pour enseigner. Récemment, j’ai passé plusieurs années à Rome, quelle chance !
Une autre caractéristique ? J’aime vivre avec des enfants, même si c’est absolument incompatible avec l’écriture. Et je suis très très gâtée, car j’ai dix petits-enfants dans ma vie. Ce n’est pas un secret, puisque je leur dédicace souvent mes livres, et qu’ils sont coupables de beaucoup de mes retards.
J’aurais peut-être dû commencer par dire que je suis née à Belvès, une jolie petite ville médiévale du Périgord, et que si j’ai commencé à écrire des romans de terroir, c’est qu’il me fallait une bonne excuse pour y retourner ! Faire des recherches documentaires, interroger les Anciens, apprendre un (tout petit) peu d’occitan, observer, ressentir...
JM : - Peux-tu nous parler de tes livres ?
Guillemette : Plus que “auteure” ou "écrivaine", j’aime bien me définir comme “raconteuse d’histoires”, que ce soit des histoires vraies ou imaginaires, mais qui parlent du vrai. J’ai du bonheur à transmettre, et je trouve cela important. Vous savez bien, il faut des racines pour développer ses ailes !
C’est de cela dont je parle, en particulier dans les romans dits “du terroir”, mais qui racontent la vie tout court, à toutes les époques. J’aime bien mettre en scène plusieurs générations, montrer ce qu’elles se transmettent entre elles, parfois sans même le savoir. Et comme je suis un peu prof, je m’appuie sur une documentation la plus riche et exacte possible. Il faut me pardonner mes “petits cours” sur les sujets qui me tiennent à coeur ! La vigne et le vin par exemple, ou bien l’architecture des maisons...
JM : - Si ma mémoire est bonne, tu as écrit des biographies, des livres pour enfants et adolescents, des romans du terroir.. Pourquoi ces choix variés ? Envisages-tu d'écrire dans un tout autre registre ?
Guillemette : j’ai écrit aussi des articles, des nouvelles, des guides d’éducation, fait des traductions, et même des dossiers de presse pour un petit festival de musique dont je m’occupe dans ma région. Des reportages radio aussi. Je me suis essayé au scénario, sans succès jusqu’ici. Ce sont toujours des mots, ces outils magiques pour communiquer et transmettre, des informations et des émotions, ou les deux ensemble. Je suis preneuse de tout autre registre ?
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en dire quelques mots ?
Guillemette : oh mais oui ! Je suis immergée en ce moment dans les aventures incroyables des tableaux du Louvre pendant la dernière guerre : ils ont quitté Paris avant l’arrivée des Allemands, se sont arrêtés à Chambord, ont continué leur fuite jusqu’à Montauban, puis ont été dispersés dans des dizaines de maisons, châteaux, granges disséminés le long de la vallée de la Dordogne.
Après le premier confinement, quand on avait droit à 100 km autour de chez soi, j’ai commencé ma documentation en “frappant à la porte” de certains lieux qui les avaient accueillis. Eh bien, il y avait des habitants qui avaient vécu cela dans leur jeunesse, s’en rappelaient, et m’ont raconté ! Une expérience formidable ! A paraître à la fin de 2021.
JM : -Lorsque la situation sanitaire le permettra, penses-tu assister à des séances de dédicaces ?
Guillemette : Bien sûr, je suis très disponible !
JM : - Quel est ton plus beau souvenir lors d'une rencontre avec tes lecteurs ?
Guillemette : quand une lectrice ( ce n’est jamais arrivé avec un lecteur ???) me parle d’un de mes personnages en me disant, “Ensuite, il va surement faire ceci”, ou bien “il a pensé cela”. Cela veut dire que le personnage vit sa propre vie, en-dehors des pages du livre, en-dehors de moi ! C’est une grande émotion.
JM : - Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les auteurs à promouvoir leurs écrits ?
Guillemette : J’aime beaucoup savoir ce que les autres pensent et ressentent sur un livre que j’ai aimé. Alors si je peux lire ce que des dizaines de lecteurs pensent, je suis contente. Je suis toujours stupéfaite de voir comment les avis, les ressentis peuvent être différents ! C’est la richesse des blogs. Une nouvelle façon de se retrouver autour d’un livre, comme si on bavardait en bibliothèque…
La critique sur mes livres à moi ? C’est très important ! Souvent, je trouve que le critique qui critique a raison : ce qu’il dit, je le sentais sans avoir mis le doigt, ou plutôt le mot dessus. Donc je peux y travailler. Et s’il n’a pas compris ce que je voulais faire passer, cela ne me fait pas plaisir, évidemment, mais me donne plutôt envie d’ y arriver, ailleurs et autrement.
JM : - Quand écris-tu (la nuit, le jour) et pendant combien d'heures ? En combien de temps écris-tu un ouvrage ?
Guillemette : J’écris comme un diesel ! Il me faut beaucoup de temps pour entrer dans la peau d’un univers, d’un personnage, d’une époque. Je traîne, j’accumule la doc, je vais sur place, je cherche à décrire un détail qui n’a aucune importance. Et puis au bout de quelques jours (si tout va bien !) j’y suis ! Et là je ne m’arrête plus, j’y pense tout le temps, j’écris le matin ce que j’ai mis en forme la nuit, j’en oublie l’heure. Evidemment, c’est quand le moteur est bien en route que la vraie vie m’oblige à m’arrêter !
J’écris aussi comme un tournesol, c’est-à-dire en cherchant la lumière et la chaleur. Alors je déplace mon ordinateur partout, selon la course du soleil, tout près du feu de cheminée, de la fenêtre ou du radiateur…
Enfin, je travaille comme un oignon: je repasse dix fois sur les mêmes phrases, en rajoutant une couche de détails, d’adjectifs à chaque fois. Quelquefois, je l’épluche ensuite pour la retrouver brute, et plus juste.
Il me faut plus de deux ans pour écrire un livre: je fais beaucoup de recherches de documentation ; le temps de l’écriture elle-même doit représenter un an à temps super plein ? Mais ça ne marche pas comme ça, cf ci-dessus !
JM : - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (amie, membre de ta famille, bêta lecteurs) ?
Guillemette : j’ai une amie formidable, qui écrit des livres aussi, très différents (des récits, mais pas de fiction) et d’une manière plus rigoureuse que moi. Donc, elle voit tout ce qui ne va pas dans mes livres, et moi je vois ce qui ne va pas dans les siens. Nous avons fait le pacte d’être méchantes l’une envers l’autre: il faut oser se dire les choses si on veut les améliorer. Quelquefois c’est vraiment dur...mais toujours utile ! Au bout de vingt ans, on n’est toujours pas fâchées !
j’ai aussi un fils qui détecte les erreurs de chronologie (enfin maman, tu crois qu’il peut partir à la guerre à 5 ans ?) et un mari qui sonne l’alerte quand il trouve que les hommes ne sont pas assez consistants dans mes histoires...
JM : - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes livres ? Improvises-tu ou est-ce que tu connais la fin de tes histoires avant d'en commencer l'écriture ?
Guillemette : l’inspiration, elle est dans la vie ! J’adore observer ce qui se passe dans la rue, un café (du temps où…) le bus, au marché...Ensuite, je touille, j’essaie des mélanges, je transpose dans une autre époque, j’imagine ce qu’ils ou elles feraient si...Quand je commence à les aimer, j’ai totalement oublié totalement les “modèles” de départ.
Ensuite, ce sont les protagonistes qui m’entraînent, et je ne sais pas très bien où au début. Ce qui m’oblige souvent à recommencer d’écrire le roman de façon plus structurée, quand eux, ils ont fini leur vie !
JM : - Quel est ton plus grand rêve ?
Guillemette : j’aimerais beaucoup qu’un de mes romans devienne un scénario et un film ! Et aussi, je voudrais écrire la biographie d’une femme de notre temps, vivante, dont personne n’a jamais encore sondé la vie. Je la cherche depuis longtemps...à bon entendeur ?
JM : - Quels sont les auteurs qui t'ont donné l'envie d'écrire ?
Guillemette : Les raconteurs d’histoire, de sagas au long cours …. C’est encore vrai aujourd’hui: je viens de finir le troisième tome des Cazalet
(Elisabeth Howard) : les personnalités de femmes et d’enfant y sont si vivantes que cela me donne envie d’entrer en conversation avec elles !
JM : - Quels conseils donnerais-tu à des lecteurs qui souhaitent se lancer dans l'écriture ?
Guillemette : se lancer justement ! Commencer à aligner des mots, voir où cela mène, choisir de décrire quelqu’un ou quelque chose, un sentiment, jouer avec les phrases,l e plaisir d’approcher ce que l’on veut dire. Il sera toujours temps de construire après, quand on sait ce que l’on veut dire...Enfin, c’est comme cela que je fais, mais ce n’est pas le plus rapide !
JM : - Lis-tu ? Si oui quel genre ?
Guillemette : quand je suis en période d’écriture, je ne lis que sur mon sujet (et la PAL est haute!) Sinon, les univers se bousculent dans ma tête, je n’arrive plus à me concentrer.
En-dehors, je lis beaucoup, mais je ne m’oblige pas à finir un livre qui ne m’accroche pas. Alors, mon adorable bibliothécaire me voit souvent...J’aime qu’on me donne des conseils, qu’on m’offre un livre, j’aime les récits historiques autant que les intrigues contemporaines, la psychologie m’intéresse, les biographies aussi. Je n’aime pas lire dans des livres de poche, j’aime relire plusieurs fois des textes, j’aime la littérature étrangère qui me déplace malgré moi, etc...etc...Je continue encore ?
JM : - Si tu devais organiser un dîner littéraire qui convierais-tu à ta table ?
Guillemette : oh non, je serais bien trop intimidée ! Est-ce que je peux m’installer en petite souris sous la table, pour écouter parler toutes ces contemporaines qui nous parlent de nous, à travers des histoires très différentes ? Françoise Sagan, Delphine de Vigan, Alice Ferney...Je ne veux pas citer, il y en a tellement, et j’oublierais la plus importante !
JM : - Quel est ton endroit préféré, source d'inspiration (pièce de ta maison – ville - région – pays) ?
Guillemette : le Périgord bien sûr ! Peut-être parce que j’y reviens toujours...Mais je suis tombée tour à tour amoureuse de l’Italie, de l’Inde, du Sahel...
JM : - Si tu étais une fleur, un dessert, un personnage de roman tu serais ?
Guillemette :Je choisis le camélia, pour ses fleurs rondes et rouges, pas parfaites du tout mais si parfumées.
je choisis une galette bretonne, pour son mélange de sucré et de salé.
Enfin je choisis Ludivine, une héroïne des Gens de Mogador, vieux roman oublié, pour sa longévité d’un siècle, et tout ce qu’elle a vu et compris dans sa vie !
JM : - As-tu des animaux de compagnie ?
Guillemette : j’habite chez un couple de ravissantes palombes, qui acceptent que je passe de temps en temps dans le jardin...
Je n’ai plus de chien, et à chaque fois que je marche, il me manque...je voudrais être accompagnée. Du coup, j’en mets plein dans mes livres. J’entretiens avec les chats des relations plus distantes...
JM : - Quel est ton proverbe préféré ?
Guillemette : Jamais plus toujours ? La vie quoi ...
JM : - Aimes-tu le cinéma ? Quel est ton film culte ?
Guillemette : En ce moment le cinéma, le vrai, celui qu’on partage avec des amis pour en parler après, s’apercevoir qu’on n’a pas vu et compris la même chose, hum...
Je suis en train de découvrir les séries, avec beaucoup de retard ( la faute aux périodes d’écriture, cf ci-dessus !) Des voix différentes, des univers remarquablement décrits, des constructions millimétrées...Il y a des choses formidables ! Et les confinements m’ont permis de revoir de grands classiques, les Sautet, les Lelouch...Intéressant de voir comme cela a vieilli, comme nous sommes entrés dans un autre monde !
JM : - Peux-tu nous donner une de tes qualités ? Un défaut ?
Guillemette : une qualité: j’aime les gens…
un défaut: je ne suis pas du tout rigoureuse...Et je n’aime pas beaucoup cet exercice ! Si on parlait des autres ?
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Guillemette : je suis surtout prête à répondre à toutes les questions :)!
JM : - Merci Guillemette de la BORIE pour cet agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous avez la parole : vous pouvez si vous le souhaitez poser d'autres questions à Guillemette qui y répondra sous ce post.
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