GROUPE
LECTEURS-AUTEURS : LA PASSION DES MOTS
INTERVIEW Thaïs BARBIEUX
AUTEURE
ET CREATRICE
MAISON D'EDITION : LES EDITIONS DE L'EXIL
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Bonjour à tous,
Notre amie Thaïs BARBIEUX a accepté, récemment, de répondre à mes questions.
Je partage donc cet entretien à l'issue duquel vous pourrez, si vous le souhaitez, poser des questions à Thaïs qui y répondra selon ses disponibilités. A noter que Thaïs réside au Québec d'où décalage horaire.
JM : - Bonjour Thaïs, comment vas-tu ?
Thaïs : Je vais très bien, merci ! Je suis bien heureuse de partager avec vous un peu de mon univers. Merci de l’invitation.
JM : - Question habituelle mais incontournable : peux-tu tout d'abord te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Thaïs : Je suis une femme de 37 ans, vivant au Québec, à St-Élie-de-Caxton (oui, le village de Fred Pellerin !). J’ai grandi dans une troupe multidisciplinaire, faisant mon école à domicile une fois adolescente. Je me suis donc développée à travers plusieurs disciplines artistiques : danse, musique, marionnettes géantes, peinture, mandalas et bien sûr l’écriture. J’ai publié 9 livres en solo et participé à plusieurs collectifs. J’ai fondé ma maison d’édition indépendante en 2013, en même temps que je devenais maman.
JM : - Sauf erreur de ma part, tu es auteure de romans, de pièces de théâtre, de contes, de poésie et tu as fondé en 2013 ta maison d'édition : « Les Editions de l'exil ». Je vais donc, dans un premier temps, te poser certaines questions concernant tes activités d'auteure.
JM : - Peux-tu nous parler de tes ouvrages ?
Thaïs :Comme j’en ai beaucoup, je vais vous les présenter en survol. Sachez que je suis plutôt polyvalente et que j’ai tendance à explorer divers styles littéraires. Je vais y aller par ordre chronologique.
Pour lire les 4e de couverture, je vous invite à aller sur mon site des Éditions de l’Exil, mais ici je vais vous en parler de façon un peu plus personnelle.
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« Le poète anonyme : mon premier roman. C’est un livre qui éclate un peu les standards, à cheval entre la poésie et l’humour, entre la vulnérabilité et l’insubordination. Je me suis laissée aller dans les notes de bas de page, inspirée de 3 lectures : « Le guide Galactique », « Le monde selon Garp » et les poèmes de Sappho. J’avais 21 ans, c’est un livre très personnel, qui me ressemble énormément et qui parle beaucoup de candeur et de marginalité.
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« La chute de Thésée » : c’est une pièce de théâtre, une tragédie grecque. La mythologie et particulièrement la mythologie grecque fut mon premier dada d’auteure. C’est mon école et l’endroit où je puise encore aujourd’hui bon nombre d’archétypes et d’inspiration. Je travaillais déjà sur un roman qui parlait de Thésée (que je n’ai malheureusement jamais terminé) et quand j’ai lu Antigone, j’ai eu un déclic. Je devais écrire une tragédie grecque et j’ai donc été vers ce que je connaissais bien en dévoilant le Thésée que j’avais apprivoisé. C’est une pièce très philosophique, qui parle de démocratie, de responsabilité et de choix. C’est probablement mon livre le plus ardu.
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« La pomme d’or ». Ma deuxième pièce de théâtre. Elle met en scène l’épisode du fruit de la discorde, connu pour être un des déclencheurs de la guerre de Troie. C’est une tragédie aussi, mais plus légère étant donné l’absurdité de la scène où 3 déesses se battent pour avoir cette pomme d’or sur laquelle est inscrit « à la plus belle ! » Cela nous mène alors au fameux choix de Pâris.
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« Hadès & Perséphone », un roman de mythologie grecque. J’aurais beaucoup à dire sur ce livre, c’est un de mes favoris ! C’est une excursion dans les Enfers grecs alors que Hadès enlève Perséphone, cette déesse si belle et si pure. Hadès y est décrit plus comme le prisonnier de sa tâche que comme « un méchant dieu ». Bien que diamétralement opposés, ils vont découvrir cet amour qui les mènera à de grands changements, intérieur et extérieur. Hadès découvrant sa lumière et Perséphone découvrant son ombre. J’ai respecté tout l’épisode qu’on connait et en deuxième partie j’ai été plus loin que là où le mythe va habituellement. On est dans de la psychologie des profondeurs.
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« Les sœurs d’Artémis, 3e pièce de théâtre. Une pièce tragique et dure ayant pour personnages les Danaïdes. Je mets en lumière leur côté Amazone qui aurait inspiré la jeune Artémis en quête d’identité. C’est un sujet très féministe et je n’y vais pas de main morte. Je suis bien fière de cette pièce !
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« L’enfant aux pieds d’argile » : court roman qui vient tout juste de paraître. Le plus personnel de mes romans. Il parle de l’enfance, de l’intimidation, de la systématisation et de la maternité. C’est une histoire complètement surréaliste où une fille nait sous forme de planète, de titan et plus elle vieillit et se frotte à la société, plus elle rapetisse, jusqu’à vouloir disparaître. C’est un livre qui suscite beaucoup d’émotions chez les lecteurs. Encore une fois avec beaucoup de figures poétiques et de métaphores.
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« Le feu des dieux », « Le prince d’Amadi » et « La Grande Éveillée » : trilogie « d’oriental fantasy ». Le tome 3 devrait être disponible vers la fin de 2021, c’est le projet que je suis en train de finir. On est dans une atmosphère d’antiquité perse. C’est de la fantasy qui a un rythme différent de ce qu’on lit habituellement. C’est très poétique et mystique comme approche. C’est dans la lignée de la quête initiatique et du conte sorti d’un âge ancien où les mages sont des derviches tourneurs et des exilés, où les Avatars se réincarnent et où les Djinns ne sont ni bons ni mauvais. C’est un projet qui touche à cette espèce de noyau spirituel que je porte en mon cœur et qui laisse à la danseuse et à la peintre qui fait des Mandalas que je suis, la chance de s’exprimer.
Ça fait le tour pour mes projets en solo.
J’ai participé à ces collectifs de poésie : « L’exil heureux », « Murmures de l’Ancien Monde » et « Le Féminin Sacré ». J’ai aussi des textes dans une anthologie de poèmes écrits par des femmes Roms qui fut publiée en Inde (mon grand-père était un Rom de France) et une autre anthologie mondiale de poésie rom, publiée en Allemagne.
J’ai aussi 2 livres de terminés, en co-écriture avec mon mari. Ils sont trop récents pour être encore publiés.
JM : - L'écriture est-ce une passion ou un métier pour toi ?
Thaïs : Je dirais plus un besoin ! Ça m’aide beaucoup à m’exprimer et à trouver ma place en ce monde, à gérer mes angoisses. J’écris presque tous les jours entre septembre et mai, je suis plutôt disciplinée. Je le vois aussi comme un métier, non pas au sens pécuniaire, mais plutôt dans ce désir de travailler sérieusement.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Thaïs : Oui ! Je travaille présentement sur le tome 2 de la série fantastique-jeunesse que nous écrivons, Emmanuel (mon mari) et moi. Nous terminons aussi la planification d’une trilogie de sci-fantasy, nous en commencerons l’écriture probablement l’année prochaine.
J’ai écrit un beau conte rom et j’aimerais beaucoup en écrire quelques-uns et peut-être faire un livre de « nouveaux » (non traditionnels) contes roms. C’est un gros défi pour moi !
Je tente aussi d’écrire mon premier recueil de poésie, disons à temps perdu.
Et pour mon prochain roman solo, en septembre, on sera ailleurs, car ce sera une parodie shakespearienne-fantastique. Ça va être irrévérencieux et déjanté, un peu à la Terry Pratchett. Le titre sera « Beaucoup de zombies pour rien » !
JM : - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes livres ? En combien de temps écris-tu un roman ?
Thaïs : Comme vous l’avez vu, je puise beaucoup dans la mythologie, dans le symbolisme et les archétypes. Les ouvrages de Joseph Campbell m’inspirent énormément et je me pose de moins en moins la question à savoir si mes sujets ressemblent à d’autres livres, mais plutôt pourquoi nous avons besoin de nous faire raconter encore et encore les mêmes histoires. Je suis une grande lectrice et découvrir toutes ces plumes différentes m’inspire toujours.
Depuis 4 ans environ, je peux écrire presque 2 livres par an. Sinon j’ai mis 3 ans pour « Hadès & Perséphone » et mine de rien j’ai mis 10 ans sur ma trilogie du « Feu des dieux ». Ce sont généralement de courts romans. Je suis une écrivaine de peu de mots et je me concentre sur la transformation de mes personnages plutôt que sur les descriptions. Je trouve qu’on peut dire beaucoup quand on use d’images poétiques et de symboles forts.
JM : - Comment écris-tu (sur cahiers, carnets, direct sur l'ordinateur) ?
Thaïs : Mes 5 premiers livres ont été écrits sur papier, mais maintenant je travaille directement à l’ordinateur. Mes plans sont encore sur papier : je suis très calepins et post-it pour ma planification.
JM : -Lorsque la situation sanitaire le permettra, envisages-tu d'assister à des séances de dédicaces et où ? Envisages-tu de venir en France ?
Thaïs : Je ne suis pas dans le grand circuit des Salons du Livre au Québec, ayant un train de vie qui s’apparente plus à celle de la simplicité volontaire et étant un peu indifférente aux exigences de l’industrie du livre. Je participe à de petits événements locaux quand l’opportunité se présente.
Ce n’est pas dans mes plans de voyager, ni en France où ailleurs. Disons que j’attends l’avènement de la télétransportation… je suis patiente !
JM : - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (ami, membre de ta famille, bêta-lecteur) ?
Thaïs : Immanquablement à mon mari, qui est à mes yeux un auteur talentueux, bien que malmené par le manque de temps. Ma famille aussi dont j’apprécie toujours les divers commentaires. Et pour certains projets, je peux aller chercher des bêta-lecteurs aux intérêts plus pointus ou qui correspondent mieux au lectorat visé.
JM : - Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Thaïs : Je suis une hypersensible et c’est un travail que je fais sur moi depuis plusieurs années, celui de prendre les choses moins personnelles. L’humour aidant ! Après 20 ans d’écriture, d’expérimentation et de lettres de refus, on arrive tout de même mieux à faire la part des choses. Je sais que j’ai un type d’écriture un peu audacieuse qui peut me mettre en danger, mais en même temps c’est une écriture qui me permet de me démarquer, avec laquelle je suis à l’aise au niveau artistique et c’est celle qui me vient naturellement.
Vivant à la campagne, dans un fond de rang, les réseaux sociaux me permettent de créer des liens avec mes lecteurs et aussi avec d’autres auteurs. J’adore voir l’entraide chez les auteurs et cette faculté que nous avons de nous rassembler, de co-écrire et de partager même alors que l’écriture est un acte plutôt solitaire.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Thaïs : Outre une vie paisible en famille, j’adore lire, danser, peindre des Mandalas, la musique, jardiner … siester dans mon hamac !
JM : - Quel est ton plus grand rêve ?
Thaïs : Peut-être que je manque d’ambition, mais je ne sais trop, juste être heureuse auprès de ceux que j’aime. Je sais que je réalise déjà mon rêve d’enfance, car je voulais être écrivaine et aussi être fleuriste (l’été je travaille comme fleuriste dans un atelier de fleuriste près de chez moi. La vie fait bien les choses ! ). Donc j’apprécie le privilège que j’ai, celui de simplement pouvoir écrire mes histoires.
JM : - Quels auteurs t'ont donné l'envie d'écrire ?
Thaïs : Pour faire bref, je dirais : Shakespeare (que j’ai commencé à lire vers 11 ans) et Marion Zimmer Bradley dont les livres ont bercé mon adolescence.
JM : - Lis-tu ? Quel genre ?
Thaïs : Je lis beaucoup et beaucoup de genres différents. Par contre, j’évite tout ce qui est horreur et érotisme. Mes genres de prédilection sont la fantasy, la science-fiction, les classiques, les grands auteurs modernes, les mythographes grecs, la poésie, le théâtre, des romans, beaucoup de romans, la BD aussi, des romans historiques ou des essaies sur mes thèmes favoris. Je lis de plus en plus de compères québécois. Je suis très curieuse et je suis toujours prête à essayer quelque chose de nouveau. Et puis si je n’aime pas, je trouve ça de plus en plus intéressant de chercher à en comprendre la raison. Je fais souvent de la bêta-lecture pour d’autres aussi. C’est un exercice très formateur.
JM : - Quel a été ton dernier coup de cœur littéraire ?
Thaïs : Je ne peux pas passer sous silence l’incroyable lecture que fut pour moi « La horde du contrevent » de Damasio. C’était il y a un an et je n’en suis pas encore revenue.
JM : - Quel genre de musique écoutes-tu ? Ecris-tu en musique ou dans le calme ?
Thaïs : Beaucoup de world music, de classique, de musique de film et puis du vieux rock/prog/folk. En écriture, je dois avoir de la musique, instrumentale de préférence, ou alors avec des paroles chantées dans une autre langue. Par exemple, je pense que ça fait 3 ans que j’écoute l’album « Melos : Mediterranean songs de En chordais et compagnie . C’est mon album de prédilection pour ma trilogie du « feu des dieux ».
JM : - Tu dois partir sur une île déserte, quel livre emporteras-tu ?
Thaïs : Un guide de survie ! Je suis une rêveuse pragmatique.
JM : - Quel est ton proverbe préféré ?
Thaïs : J’ai un signet, depuis mes 13 ans, avec un Einstein en short, sur lequel c’est écrit « L’imagination est plus importante que le savoir ». Il est toujours affiché quelque part, près de là où je travaille sur mes choses… il me suit !
JM : - Quel mot te définit le mieux ?
Thaïs : Mandala ?
JM : - Si tu étais un fruit, une fleur, un animal, un dessert tu serais ?
Thaïs : Je serais peut-être cette fleur discrète qui guérit pourtant des maladies. Je serais un petit bleuet heureux de nourrir un ours. Je serais aussi cet ours qui hiberne. Je serais juste une cuillérée de miel ou de sirop d’érable.
JM : - Et maintenant si tu nous présentais la maison d'édition que tu as créée ?
Thaïs : Donc en 2013, j’ai fondé ces éditions en premier lieu pour créer un véhicule pour le rayonnement de mes propres livres. Tranquillement, j’ai commencé à accueillir des auteurs et à travers ça j’ai initié des projets de collectifs de poésie. Mes éditions sont indépendantes et alternatives (à compte d’éditeur, mais sans distribution). Une des particularités est que les livres sont tous reliés à la main, façon reliure japonaise généralement. Les livres sont aussi confectionnés dans un grand respect de l'environnement (impression à la demande sur papier recyclé et/ou certifié et usant de cartouches d'encre recyclées, reliure artisanale sans colle et ne générant qu'une infime part de déchet...). Je pense que j’en suis à 22 publications. Je n’ai pas de collection en tant que telle. Je publie des romans, des nouvelles, de la poésie, du théâtre et des livres à colorier.
JM : - Pourquoi avoir choisi d'appeler ta maison d'édition « Les Editions de l'exil »
Thaïs : Viens un moment où tu ne te reconnais pas dans les modèles proposés. Ton bonheur se trouve peut-être dans l’exil. L’exil est un symbole que j’aime, même s’il peut sembler lourd. C’est pour ça que mon premier collectif avait pour thème « L’exil heureux », pour casser cette vision aride.
JM : - Quelles sont les missions d'un éditeur et comment se déroule une journée type aux Editions de l'exil ?
Thaïs : Je ne pense pas que je sois représentative de la vie d’un éditeur ! Je suis loin de travailler là-dessus tous les jours. Quand j’ai pris 2 projets qui ne sont pas les miens, dans l’année, moi ça me va. Parce que finalement, je fais du bénévolat et je ne voudrais pas être enterrée de tâches qui m’empêcheraient d’écrire mes propres livres. C’est un équilibre à trouver. Une année j’ai publié 5 livres et ça a très bien été. Une autre année, je peux avoir un seul collectif à gérer qui m’épuise. Le truc par contre, c’est que je fais tout moi-même : gestion, infographie des couvertures, mise en page, reliure, site web… la seule chose pour laquelle j’engage des pros, c’est pour la révision-correction. Donc je réduis au minimum les dépenses pour que cela soit viable pour moi. Ce sont des projets menés dans le bonheur et à un rythme sain. Je vois donc ma mission plus en lien avec ce point, donner la chance à des auteurs qui sortent un peu du cadre de tenir un livre qui correspond mieux à leurs valeurs et tout ça dans une belle harmonie.
JM : - Combien as-tu de collaborateurs et quelles sont les tâches qui leur sont confiées ?
Thaïs : J’ai mon mari qui m’aide beaucoup avec les programmes de mise en page et aussi qui répare les imprimantes (je me suis équipée d’une imprimante pour être le plus autonome possible pour faire les livres à la demande). J’ai ma mère que j’engage (quand elle a le temps !) pour faire la correction des manuscrits. Et nous sommes plusieurs artistes-peintres dans la famille qui collaborent souvent pour les images de page couverture. Finalement, c’est très familial tout ça.
JM : - Comment as-tu fait pour constituer les membres de ton comité de lecture ?
Thaïs : Pour commencer, je lis moi-même les manuscrits que je reçois. Ensuite, quand j’ai besoin d’un deuxième regard, je vais le faire lire à ceux qui sont le plus susceptibles de m’éclairer. Par exemple, j’ai reçu un texte de théâtre absurde. Je ne m’y connais pas beaucoup et j’avais besoin d’un avis. Il se trouve que ma belle-sœur a étudié en théâtre et qu’elle aime en plus le théâtre absurde. Elle était donc toute désignée pour cette tâche.
JM : - Dans le cas où des chroniqueurs, blogueurs seraient intéressés par les ouvrages de ta maison d'édition, comment doivent-ils procéder pour présenter leur candidature ?
Thaïs : Juste à m’écrire !
JM : - Sur quels critères retiens-tu les manuscrits à publier et combien de textes lis-tu par mois ?
Thaïs : Je n’en reçois pas tant que ça par année. Je n’ai pas de distribution, alors il est certain que ça en refroidit plus d’un. Et c’est correct comme ça. Je dois simplement aimer le manuscrit et sentir que ça correspond à ce que j’ai envie de livrer avec les éditions. Si c’est trop trash, ça ne passera pas. L’énergie de l’auteur est aussi très décisive, car nous devons pouvoir collaborer en toute simplicité. Je n’ai pas encore osé accepter quelqu’un d’outre-mer, principalement à cause des embûches de la distance.
JM : - Comment choisis-tu tes auteurs et quelles relations entretiens-tu avec eux ?
Thaïs : J’attire plus des artistes qui ont des vitrines parallèles, des auteurs un peu marginaux qui recherchent justement ce petit côté underground et artisanal. J’aime quand on m’envoie cette lettre de motivation qui explique pourquoi ils aimeraient tendre vers un cheminement alternatif. Loin de moi l’idée d’attirer des auteurs avec de belles paroles et de les laisser à leur déception. Car beaucoup d’auteurs ont une vision plutôt romanesque de l’édition et rêve grand. Je n’y gagne rien de toute façon, car l’auteur ne paie rien.
Avec la plupart, s’ils ne sont pas déjà des amis ou des connaissances, se crée un lien d’attachement et ils deviennent des amis. Sinon, on fait toujours un beau voyage à travers le projet.
JM : - Penses-tu que le livre papier a encore de l'avenir ou que l'édition numérique va bientôt le détrôner ?
Thaïs : Je suis bien placée pour témoigner de l’affection que les gens ont pour le livre papier. Avec la reliure artisanale, c’est encore plus valorisé.
Je lis moi-même parfois sur liseuse et j’en vois aussi l’intérêt. Je pense que pour un moment, les 2 peuvent cohabiter.
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Thaïs : J’ai l’impression que j’ai mille choses à dire et en même temps que je n’ai plus rien à ajouter. Haha !
Merci à vous qui lirez ceci jusqu’au bout.
En espérant que mon usage de formulations québécoises ne vous ait pas trop déconcerté.
JM : - Thaïs, je te remercie vivement d'avoir bien voulu m'accorder cette interview.
Les amis vous pouvez poser vos questions à Thaïs qui y répondra sous ce post.
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