GROUPE LECTEURS – AUTEURS:
LA PASSION DES MOTS
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INTERVIEW AUTEUR
Franck AMIOT
JM : - Bonjour à tous,
– Notre ami Franck AMIOT a récemment accepté de répondre à mes questions.
Je partage donc avec vous l'entretien que nous avons réalisé, à l'issue duquel, vous pourrez, si vous le souhaitez, poser des questions à Franck qui y répondra selon ses disponibilités.
JM: - Bonsoir Franck
– Comment vas-tu ? Es-tu prêt à «subir mon petit interrogatoire»?
Franck: (sourire) Bonjour Joëlle, je te remercie pour ton intérêt. Je me plie volontiers à l’exercice, en espérant te livrer les « informations secrètes » que tu recherches.
JM: - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Franck: En quelques mots, j’écris depuis toujours (ou presque). Je m’imaginais dès le collège être écrivain, un peu en marge. J’ai finalement fait de la recherche scientifique, que j’imaginais également un peu hors du monde, au fond d’un labo. Bon en fait, on n’échappe pas à la vraie vie et c’est très bien ainsi, car c’est la meilleure source d’inspiration, le sujet d’étude le plus passionnant. Science et écriture sont pour moi deux facettes d’une même démarche : observer, expérimenter, comprendre, recréer. Puis reprendre depuis le début.
JM: - L'écriture est-ce une passion ou un métier pour toi ?
Franck: C’est avant tout une nature. C’est pour moi un espace de liberté où m’affranchir des standards, de ce qu’il faut faire et ne pas faire et de comment le faire. J’y suis le seul juge, du moins dans un premier temps. Je peux y explorer à loisir sujets et styles différents. C’est aussi un lieu de défis, comme celui de terminer un texte, assez fouillé et éprouvé pour découvrir ce que je n’imaginais pas en le commençant. Ce n’est pas toujours gagné d’avance. Tout cela avec la sempiternelle question de comment dire les choses. Dans ce contexte, l’expression elle-même est une recherche.
JM: - Peux-tu nous parler de tes romans ?
Franck : « Les Sans Lumière » et « La Zone Interdite » sont nés d’un projet de nouvelle où le personnage principal découvre un peuple souterrain, très évolué, dont la philosophie est précisément de s’effacer du monde pour le laisser vierge ; tout le contraire de nos sociétés. Je voulais explorer ce contraste, entre notre mode de vie, quasiment hors sol et une existence bien plus sage et évoluée, totalement intégrée et basée sur l’équilibre et l’harmonie. La nouvelle s’est révélée inadéquate pour un sujet si riche. J’ai alors entrepris le roman « La Zone Interdite », focalisé sur la découverte d’une telle société. J’ai dû me résoudre à mettre ce projet de côté et à commencer l’histoire depuis le début, trouver les fondements d’une telle civilisation. Ce que j’ai fait dans « Les Sans Lumière ». J’ai ensuite repris « La Zone Interdite ». L’ensemble a été un long processus, mais je suis parvenu à aller aussi loin que possible sur ce sujet, qui n’est pas fermé pour autant. Je suis content d’avoir pu mettre en forme ce concept, de la manière qui me correspond.
JM: - Comment as-tu procédé pour faire publier tes ouvrages ?
Franck: Là aussi, c’est un long processus, qui nous oblige à nous confronter à la réalité. J’ai publié « Monsieur Sharund » à compte d’auteur, à l’ère pré-internet, où les manuscrits étaient vraiment manuscrits. Pour les textes suivants, j’ai privilégié les éditeurs qui publiaient à compte d’éditeur, sans grand succès, je dois l’admettre. Aujourd’hui, les plateformes spécialisées m’autorisent à présenter mes textes directement aux lecteurs, qui sont selon moi les seuls juges légitimes. Leurs avis très encourageants me confortent dans ma volonté de livrer ce qui me ressemble le plus, ce qui me semble le plus abouti, indépendamment des standards du moment.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Franck : Oui, j’ai plusieurs autres projets sur des sujets, des ambiances, des genres littéraires très différents. Certains sont terminés et même aboutis. Je prévois de publier l’un d’eux prochainement. Le titre ? « La Fleur du désert », huit-clos ouvert sur le monde, focalisé sur la création et l’autodétermination. J’en dirai plus bientôt.
JM: - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes livres? En
combien de temps écris-tu un roman ?
Franck: Croquer les protagonistes à priori me semble quasi impossible. Ce n’est peut-être même pas souhaitable. Je préfère les laisser dévoiler leur véritable nature au détour d’une situation, d’une épreuve, comme dans la vraie vie. À ce moment là, j’ai accès à leur authenticité. Je les construis ensuite sur cette base, sans oublier de les faire évoluer avec l’histoire, que finalement ils incarnent.
Quant au temps, je crois que les bons textes sont comme les bons vins. Il faut les laisser mâturer et y mettre un point final au bon moment. Les deux romans « Les Sans Lumière » et « La Zone Interdite » par exemple, m’ont demandé cinq à six ans avec quelques retours à zéro.
JM: - Comment écris-tu (sur cahiers, carnets, direct sur l'ordinateur)?
Franck: J’ai pris le parti de vivre avec mon temps. Je n’utilise donc plus que l’ordinateur. Mon téléphone me permet de prendre quelques notes à l’occasion. Bon, je concède avoir un petit carnet, mais je l’utilise peu.
JM: -Lorsque la situation sanitaire le permettra, envisages-tu d'assister à des séances de dédicaces?
Franck: Oui, cela fait partie de mes projets, effectivement, même si l’incertitude ambiante complique un peu l’organisation de tels événements. J’espère pouvoir vous communiquer bientôt quelques dates.
JM: - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (ami, membre de ta
famille, bêta-lecteur)?
Franck: Je soumets volontiers à des proches de confiance les textes que je destine à la publication. Une simple remarque peut mettre en lumière un déséquilibre, une lacune, une interrogation et me convaincre de revoir totalement l’ensemble. C’est donc très constructif. J’avoue cependant avoir déjà omis cette étape pour quelques textes que je jugeais suffisamment aboutis et que je n’étais pas prêt à modifier. Je crois quand même que c’est une erreur de ne pas se confronter à un œil extérieur, et un risque de se confronter directement à trop d’yeux extérieurs.
JM: - Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux
sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Franck: Les critiques littéraires, les chroniqueurs et leurs blogs sont fondamentaux. Ces lecteurs messagers découvrent les auteurs et présentent leur travail à un public peut-être moins enclin à faire cet effort. Au-delà de la simple promotion, leur avis est en plus utile à l’auteur, car souvent avisé et représentatif de celui des lecteurs, et plus immédiat. Quant aux réseaux sociaux, ils favorisent les échanges directs entre auteurs, chroniqueurs et même d’autres acteurs tels que graphistes, correcteurs, ou réalisateurs. Je trouve que c’est une excellente alternative aux structures traditionnelles centralisées de l’édition. Ce terrain, plus propice aux échanges directs, favorise l’émergence de la diversité, ce qui me semble très bénéfique.
JM: - Sauf erreur de ma part, tu as écrit des récits, des nouvelles et des romans
d'anticipation. Pourquoi ces choix et envisages-tu d'écrire dans un autre genre?
Franck: Oui, j’ai aussi écrit quelques fables telles que « Le financier et le jardinier », « Le vieux sage » lues par Jean-Gaël Diserens dans un format audio. Chaque genre a ses exigences qui méritent d’être explorées. Je tiens à m’y confronter et à ne pas me restreindre à un genre littéraire unique. Les sujets traités peuvent en outre imposer le choix du genre. Le format percutant d’une nouvelle, par exemple, perdrait de son intensité dans un roman ; en contrepartie, un format plus long permet au lecteur de mieux s’imprégner de l’histoire. J’ai des projets d’essais, un format plus rigoureux que le roman, où il faut être prêt à défendre plus directement des arguments et des positions.
JM: - Que ressens-tu lorsque tu écris le mot FIN?
Franck: Le mot FIN, celui qu’on appose après plusieurs relectures, remaniements, réécriture complète parfois, c’est l’aboutissement d’une gestation. Je me sens fier et satisfait d’avoir relevé ce défi, d’avoir exploré de nouveaux chemins, et de produire quelque chose qui me corresponde. Il me reste ensuite à décider de l’avenir du texte. En général, après tant d’efforts, je me décide à le publier. Alors cette fin là est une naissance, que je me dois d’accompagner.
JM: - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions?
Franck: Je joue de la guitare, du flamenco. En amateur et pas au top, bien sûr, et là aussi un peu hors standards. C’est un autre espace de découverte, un autre moyen d’expression. Cet univers est très riche et chargé d’humanité.
JM: - Quel est ton plus grand rêve?
Franck : Sans doute l’accomplissement d’un vrai grand projet. En attendant, vivre heureux au quotidien, c’est déjà quelque chose.
JM: - Quels auteurs t'ont donné l'envie d'écrire ?
Franck: Je crois qu’écrire est en soi une motivation, indépendamment de mes lectures, qui peuvent bien sûr être très inspirantes pour différentes raisons. J’ai beaucoup apprécié Barjavel, Jules Vernes et d’autres classiques. Plus proche de nous, Alain Damasio, Bernard Werber ou Etienne Klein ont aussi leur intérêt.
JM: - Lis-tu? Quel genre de lecture?
Franck : J’ai beaucoup lu. Des fictions, des biographies, des nouvelles, des essais. Je lis moins aujourd’hui, faute de disponibilité, mais j’ai conservé ces ambiances, qui sont autant de références lorsque j’écris.
JM: - Es-tu thé ou café? Vanille ou chocolat? Mer ou montagne?
Franck: (Sourire) gourmand de tout, mais tout en même temps.
JM: - Quel est ton proverbe préféré?
Franck: Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage (LaFontaine).
JM: - Peux-tu nous donner une des tes qualités? Un de tes défauts?
Franck: euh…Une qualité ? Persévérance, je dirais. Indispensable pour l’écriture et pour beaucoup d’autres activités. Un défaut ? parfois trop circonspect. J’admire ceux qui se lancent corps et âmes dans tout ce qu’ils font, ça leur donne un côté héroïque plein de bravoure. Je ne me sens pas l’énergie pour faire ça.
JM: - As-tu quelque chose à ajouter ?
Franck: Un grand merci aux blogueurs, chroniqueurs, critiques, lecteurs, qui partagent et font vivre les livres.
JM: - Merci Franck pour cet agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Franck qui se fera un plaisir de vous répondre sous ce post.
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