GROUPE : LECTEURS-AUTEURS : LA PASSION DES MOTS
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INTERVIEW AUTEURE
Laurence PEYRIN
Bonjour à tous,
Notre amie Laurence PEYRIN a gentiment accepté de répondre, récemment à mes questions.
Je partage donc cet entretien. Il n'y aura pas de questions/réponses mais cet échange vous permettra de mieux connaître Laurence.
JM : - Bonjour Laurence
⁃ Comment vas-tu ? Es-tu prête à répondre à mon petit interrogatoire ?
Laurence : Toujours prête à parler de mes livres.
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Laurence : Moi, ce n’est pas l’important, mais sans doute que cela influence mon écriture. Alors, j’ai été journaliste pendant 22 ans, et j’ai choisi un jour de démissionner pour écrire des romans. C’était il y a 10 ans. J’ai 55 ans, 6 enfants, et je suis heureuse aujourd’hui d’avoir pris ce risque, malgré les galères qui ont vogué un long moment dans nos vies suite au renoncement radical à un certain confort, parce que maintenant je vis enfin de ce que j’aime et je crois que mes enfants sont fiers de moi...
JM : - Peux-tu nous parler de tes ouvrages ?
Laurence : Ce sont tous des romans anglo-saxons, parce que c’est ma culture, mon confort. J’aime être à New York par-dessus tout, cette ville que je n’avais pas du tout envie de connaître à la base est devenue, d’une manière indéfinissable, mon chez-moi. J’aime être à Miami, chez ma fille, qui a été assez courageuse pour y partir les mains dans les poches il y a 6 ans, et qui maintenant y vit sa vie. Alors j’écris sur ces endroits, que je connais davantage que ma ville de naissance où je réside toujours (le moins souvent possible, j’avoue…), Grenoble. Dans mes romans, je parle de femmes qui, pour une raison ou une autre, se découvrent et se réalisent. Ecrire sur des héroïnes féminines n’est pas une démarche volontaire de ma part, c’est simplement que je connais toutes les étapes, les questionnements par lesquels les femmes peuvent passer… puisque j’en suis une! Mes histoires se déroulent toujours dans des contextes socio-historiques différents, parce que j’aime apprendre en écrivant. Je fais énormément de recherches, et j’adore apprendre, me lancer dans un thème que je ne connais pas - la disparition volontaire, la prison, la ségrégation… Mêlés à ce que je connais, comme la maternité, l’amour et l’amitié! Souvent les sujets sont durs, mais le but est de montrer les mains tendues, la bienveillance, l’espoir, la vie envers et pour tout!
JM : - Où peut-on trouver tes livres ? A combien d'exemplaires ont-ils été imprimés ?
Laurence : On les trouve dans toutes les librairies. Je suis publiée par l’une des plus grandes et anciennes maisons d’éditions françaises, Calmann-Lévy. Les tirages évoluent en fonction des ventes, c’est une cuisine qui n’est pas la mienne, tout ce que je peux vous dire c’est que le tirage de base est supérieur à 10 000 exemplaires. Ensuite, des retirages sont faits quand le livre se retrouve en rupture de stock dans les librairies.
JM : - Ton dernier livre « Une Toute petite minute » est sorti en avril 2021. Peux-tu, pour nos amis, résumer en quelques phrases ce roman ?
Laurence : Nous sommes le soir du 31 décembre 1995, à New York. Madeline et Estrella ont 17 ans, elles sont amies pour la vie, et vont faire la fête chez des copains. Et puis, à un moment où elles se sont rejointes toutes les deux dans une salle de bain, Madeline tue Estrella. Personne ne sait ce qui s’est passé, ni pourquoi. Madeline n’est pas une psychopathe, elle n’est pas violente, c’est une fille issue de la bonne société. Elle va assumer sa condamnation à 20 ans de prison, refuser toutes les propositions de remise en liberté, continuer à aimer l’amie qu’elle a tuée. Le roman alterne les chapitres sur ses 20 ans de prison, sa cohabitation avec des prisonnières de Bedford Hills qui ont vraiment existé, et les mois qui suivent sa libération. La question étant: peut-on refaire sa vie en portant la culpabilité? Peut-on se rapprocher de gens nouveaux, qui ignorent tout de vous? A quel moment est-il trop tard de dire la vérité? Peut-on accepter le pardon? Ce n’est pas un roman de suspense - on saura à la fin ce qui s’est passé dans cette salle de bain, mais c’est anecdotique. Ce qui compte, c’est la petite minute où tout bascule et qui peut arriver à n’importe qui. Et ce qu’on en fait...
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en dire quelques mots ?
Laurence : J’écris un roman tous les ans. Alors, bien sûr, je suis sur le prochain, totalement différent comme à chaque fois, mais je n’en dirai pas plus...
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Laurence : Ma vie.
JM : - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes romans ?
Laurence : Je ne sais pas. Partout. Dans les questions que je me pose.
JM : - Sauf erreur de ma part, tu as écrit principalement des romances historiques ». Pourquoi ce chois et envisages-tu d'écrire dans un tout autre registre ?
Laurence : Non non non, ce ne sont pas du tout des romances historiques! Pas de romance, déjà, même si le sentiment amoureux est souvent présent. La plupart de mes histoires sont modernes, entre les années 1960 et nos jours, sauf « L’aile des vierges » qui commence en 1946...
JM : Comment écris-tu (sur des carnets, cahiers, fiches, écriture directe sur l'ordinateur) ?
Laurence : Sur mon ordinateur. Avec un cahier ouvert à côté pour noter mes recherches, que je fais en même temps que l’écriture. Je n’ai pas de plan; Mes recherches me guident.
JM : - Que ressens-tu lorsque tu écris le mot FIN ?
Laurence : Je pleure.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes livres ?
Laurence : J’ai publié mon premier roman sur un site internet spécialement dédié à cela, et gratuit. Il y avait alors 1 500 000 livres, recueils et divers, dont beaucoup d’auteurs connus et édités. Les lecteurs ont aimé, écrit des commentaires, les téléchargements se sont envolés et je suis rentrée dans le top 100 sans éditeur, puis j’ai été 6e. Alors là, les maisons d’édition ont commencé à me contacter.
JM : -Lorsque la situation sanitaire le permettra, envisages-tu de participer à des séances de dédicaces, de rencontrer tes lecteurs et lectrices ? Que ressens-tu à ces occasions ?
Laurence : J’ai déjà repris les dédicaces depuis le mois dernier. En année habituelle, mes attachés de presse me font un agenda très chargé entre les dédicaces en librairies et les salons du livre. L’année dernière a été morte. C’est terrible de ne pas rencontrer les lecteurs et d’avoir leurs retours.
JM : - A qui confies-tu la première lecture de tes manuscrits (ami, membre de ta famille, bêta-lecteur) ?
Laurence : A personne! Il ne faut surtout pas! L’entourage y mettra ses propres fantasmes, ses propres envies de lecture. La première personne qui lit mon manuscrit est mon éditrice depuis 6 ans chez Calmann-Lévy. C’est une professionnelle, avec du recul, elle m’a appris à éviter des erreurs, et c’est la seule personne dont les conseils m’importent.
JM : Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Laurence : Y être sensible… Ce serait difficile de le nier. On dit toujours que si après 500 critiques dithyrambiques une 501e arrive, très méchante, l’auteur ne retient que la méchante. C’était vrai au début pour moi, cela le reste un peu, mais beaucoup moins: parce qu’un livre est une décision de l’auteur! Après, que le lecteur y soit sensible ou pas, on n’y peut rien! Le principal, pour moi, c’est de terminer d’écrire mon histoire sans frustration, avec la certitude d’avoir écrit ce que je voulais raconter. Et bien sûr que les réseaux sociaux, les blogs, sont un formidable vecteur! J’ai la chance d’avoir des bloggeuses qui aiment ce que j’écris, et le disent d’une manière si émouvante que j’en ai souvent les larmes aux yeux...
JM : - A quel moment écris-tu (le jour, la nuit...) ? Et pendant combien d'heures ? En combien de temps écris-tu un ouvrage ?
Laurence : J’écris tous les après-midi, après avoir passé la matinée à marcher, sortir, faire autre chose. Sinon, je passerais toutes mes journées enfermée. Il faut avoir un emploi du temps sain et carré pour exercer le métier de romancière, sinon on devient rapidement neurasthénique, je pense.
JM : - Que penses-tu de l'édition numérique ? (avantages – inconvénients)
Laurence : Chacun fait comme il veut, tant qu’il lit. Il ne faut pas oublier que l’écriture est un métier, pas un hobby, et que pour en vivre l’auteur doit être lu.
JM : - Quels sont les auteurs qui t'ont donné l'envie d'écrire ?
Laurence : Marcel Pagnol, quand j’étais à l’école. Puis « Les dossiers extraordinaires de Pierre Bellemare » (je les ai tous). Puis Stephen King. Puis d’autres. Ceux qui m’ont donné envie de raconter des histoires.
JM : - Quel conseil souhaiterais-tu donner à un lecteur qui désire devenir écrivain ?
Laurence : Vas-y, tu ne prends aucun risque!
JM : - Si mes sources sont bonnes, « La Drôle de vie de Zelda Zonk» a remporté le Prix de la Maison de la Presse en 2015. Qu'as-tu ressenti lors de cette remise de prix ?
Laurence : Comme si un immeuble me tombait sur la tête. C’est ce que j’ai d’ailleurs dit lors de mon discours...
JM : Lis-tu ? Si oui quel genre ?
Laurence : Je suis incapable de lire quand j’écris, parce que je ne vois que la forme, et pas le fond. Le reste du temps, je ne lis que des thrillers et polars anglo-saxons!
JM : - Quel est ton dernier coup de cœur littéraire ?
Laurence : « Anatomie d’un scandale », de Sarah Vaughan. Un polar. Et un roman formidable de mon ami Nicolas Robin, « La claque », qui évoque courageusement, et enfin, le thème de l’homme victime de violences conjugales.
JM : - Que préfères-tu : écrire ou lire ?
Laurence : Alors là… L’un ne va pas sans l’autre.
JM : - Quel genre de musique écoutes-tu ? Ecris-tu en musique ?
Laurence : Non, j’écris dans le silence. En revanche, j’adore la musique. Le rock américain et anglais des années 70, en particulier. Et Nirvana, plus tard. Je suis très rock! C’est ce que qui m’a inspirée dans « Les jours brûlants ».
JM : - Quel est ton film ou ta série culte ?
Laurence : Je vois environ 20 films (je suis une ancienne critique de cinéma!) et 5 séries par semaine, alors ça va être compliqué… Pour rester dans les classiques, je dirais évidemment « Autant en emporte le vent », « Les hommes du président », « Inside Man » , et « Sur la route de Madison », par-dessus tout. En France, « Garde à vue ». Lino Ventura et Michel Serrault, géniaux... Pour les séries… « The killing », « The Knick », « The Fall »… « Orange is the New Black », j’ai tellement pleuré à 4 heures du matin lorsque la série s’est terminée que mon fils est venu s’inquiéter! Et, par-dessus tout, LA série ignorée la plus sensible, la mieux écrite des années 90: « Côte Ouest ».
JM : - A quelle époque aurais-tu aimé vivre ?
Laurence : Maintenant. SANS MASQUE.
JM : - Si tu devais partir sur une île déserte quel objet incontournable à tes yeux emporterais-tu ?
Laurence : Pas un objet, ma chienne, Waffle. Et une tonne de croquettes pour elle.
JM : En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Laurence : Le cinéma. Le tricot. LES VOYAGES!!!
JM : - Quel est ton proverbe préféré ?
Laurence : C’est de John Lennon: « Everything will be alright at the end; if it’s not alright, it’s not the end ». (« Tout ira bien, à la fin; si tout ne va pas bien, c’est que ce n’est pas la fin."
JM : - Quel mot te définit le mieux ?
Laurence : Battante?
JM : - Si tu étais un fruit, une couleur, une fleur, un animal, un dessert ? Tu serais :
Laurence : Une mangue. Vert. Un coquelicot. Un chat. Une pavlova!
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Laurence : J’en ai déjà trop dit!
JM : - Merci Laurence pour ce très agréable moment passé en ta compagnie.
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