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INTERVIEW AUTEURE
Martine PILATE
JM : - Bonsoir à tous
⁃ Je vous ai parlé sur ces pages de Martine PILATE que je compte parmi mes fidèles depuis plusieurs années et dont j'ai lu un grand nombre d'ouvrages. Martine a gentiment accepté, de se soumettre, récemment, à mes questions.
Je partage donc cet entretien à l'issue duquel Martine répondra à vos questions.
JM : - Bonsoir Martine
⁃ Comment vas-tu ? Es-tu prête à « subir mon petit interrogatoire ?
Martine : Bonsoir Joëlle.
Tout d’abord, je te remercie de m’offrir cette rencontre. Prête pour tes questions !
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Martine : Exercice difficile ! J’ai eu la chance de vivre dans plusieurs pays : mon enfance à Marrakech, mes premières armes professionnelles en Angleterre où je suis restée près de cinq ans, puis ce fut l’Italie, et plus brièvement l’Allemagne. J’ai débuté ma vie professionnelle en tant que professeur de lettres modernes. Mais j’ai très vite compris que n’était pas ma voie. Après différents essais, je me suis tournée vers le Droit et l’Economie et j’ai terminé ma carrière en tant que juriste d’entreprise. J’ai toujours eu la passion de l’écriture. J’ai écrit de nombreux articles professionnels, puis l’âge de la retraite m’a offert la possibilité de me consacrer à ma passion qui est devenue à présent une véritable addiction.
JM : - Et si tu nous parlais de tes romans ….
Martine : Le Livre ! Une fenêtre ouverte sur le rêve que l’on soit lecteur comme auteur.
A ce jour, je compte 17 parutions, dans des domaines très différents, et un best-seller grâce à un ouvrage auquel mon entourage ne croyait pas : un ouvrage, « la Passion selon cinq matous » qui relate des anecdotes villageoises au travers du regard de cinq chats qui se retrouvent le soir et vont rejoindre les papés d’un petit village du Sud, lorsque aux beaux jours, ils sortent leur chaise à la fraîche et refont le monde.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Martine : Bien volontiers ! J’ai toujours des projets car j’ai toujours trois ou quatre textes en cours. En fait, cela m’évite de souffrir de la rupture avec mes personnages quand je termine un livre. Vivre un an et plus avec eux, on se glisse dans leur peau, on vit à leur côté. Pour éviter ce malaise, je peux me réfugier auprès d’autres personnages à peine ébauchés et qui ne demandent qu’à vivre.
Actuellement, mon plus important projet, débuté d’ailleurs, est la suite de la Couleur oubliée de l’arc-en-ciel. En fait, la suite, le terme n’est pas exact. Je reprends le personnage de la sœur du héros depuis le moment où on la quitte à la fin du livre jusqu’aux années 1950 avec comme fond de toile la progression du jazz dans le monde et une intrigue, bien entendu. Quant au prochain qui paraîtra en septembre 2020, il s’agit d’une histoire de famille. Le titre n’est pas encore arrêté.
JM : - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les protagonistes de tes livres ? Improvises-tu ou connais-tu la fin de tes histoires avant d'en commencer l'écriture ?
Martine : Avant toute chose, pour écrire, il faut savoir écouter. Chacun porte au fond de soi une histoire. Si elle ne suffit pas, l’imagination y supplée. Ensuite, il faut la replacer dans un contexte historique, ou géographique ou social etc.
Je connais non seulement la fin de l’histoire avant de commencer l’écriture, ainsi que tout le déroulement. Ensuite, viennent les recherches et le style. Bien sûr, l’improvisation s’impose au milieu de l’histoire et des recherches, même si je m’efforce de respecter la trame que je me suis fixée pour ne pas m’éparpiller. D’ailleurs, lorsqu’un texte est fini, il faut le reprendre et ne pas hésiter à éliminer le superflu.
JM : Comment procédes-tu pour écrire tes romans (carnets, cahiers, fiches, écriture directe sur l'ordinateur) ?
Martine : Le premier jet est toujours sur l’ordinateur : c’est plus rapide. J’en fais un tirage papier et apporte mes corrections et mes compléments au crayon à papier.
JM : - Quand écris-tu (la nuit, le jour) pendant combien d'heures ?
Combien de temps te faut-il pour écrire un roman ?
Martine : J’écris environ 5 à 6h00 par jour, lorsque nous sommes à la maison, partagés entre le matin et l’après-midi. J’ai la chance de participer à de nombreux salons du livre parfois très loin de notre maison. Or, je ne conduits plus depuis longtemps. J’en profite pour corriger ou carrément écrire pendant le trajet. Il faut compter au moins un an, voire un an et demi selon le besoin de recherches pour écrire un roman.
JM : - Si ma mémoire est bonne, tes livres sont pour la plupart des romans historiques régionaux. Pourquoi ce choix et envisages-tu d'écrire dans un autre genre ?
Martine : C’est effectivement le cas pour près d’une dizaine de mes romans. Mais j’emmène aussi mes lectrices et mes lecteurs à l’étranger : en Italie, en Pologne, en Louisiane, en Angleterre entre autres.
Quant au côté historique, je m’attache à rappeler ou à faire découvrir des points d’Histoire que nos manuels d’histoire n’évoquent pas ou plus. J’ai également commis un ouvrage professionnel sur le monde des Travaux Publics, un autre sur la véritable histoire de la pétanque : un devoir de mémoire pour moi puisque mon grand-père est le fondateur de ce jeu de boules.
JM : -As-tu des séances de dédicaces prévues prochainement et où ?
Martine : Les deux premiers mois de l’année sont généralement plus calmes. Les salons vont démarrer en février avec Hagondange, à l’autre bout de la France pour nous qui vivons dans le Var. Puis, je l’espère le salon du livre historique de Levallois-Perret. Ensuite, Limoges etc. En général, je consacre les week-ends de décembre aux signatures, à quelques exceptions près.
JM : - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (membre de ta famille, bêta lecteur) ? Qui réalise les couvertures de tes livres ?
Martine : Mon premier lecteur est mon mari qui ignore tout de mon roman. Il découvre le texte uniquement quand il est terminé. Il se montre strict car il estime, tout comme moi d’ailleurs, que lorsqu’une personne dépense du temps et de l’argent pour me lire, il faut lui offrir un texte correct et attrayant.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes ouvrages ?
Martine : J’ai rencontré les écueils habituels même si j’ai eu la chance d’être publiée dès mon premier livre. Mais cet éditeur n’a pas respecté le contrat. Ecœurée et en attendant de trouver un éditeur correct, j’ai continué en autoédition et ai fréquenté de nombreux petits salons régionaux, jusqu’au jour où nous avons été acceptés (à nos frais) dans un salon plus important. Je présentais alors le premier tome de la Passion selon cinq Matous et j’ai été remarquée par les Editions Lucien Souny avec laquelle j’ai sign, par la suite, huit livres.
Mais mes romans s’éloignaient de plus en plus du terroir pour devenir sociétaux (notamment « la Page arrachée » avec une histoire d’amour entre deux personnes qui se rencontrent à l’aube du troisième âge ; elle est issue d’une petite bourgeoisie provinciale et lui est d’origine maghrébine). J’ai adressé le texte à une belle maison d’édition de Paris, les Editions De la Différence, qui m’a publié deux ouvrages. Cette maison connaissant des difficultés, j’ai accepté volontiers, par amitié, la proposition des Editions De Borée. A la rentrée de septembre, ce sera la cinquième parution à leurs côtés.
JM : - Quels sont les auteurs qui t'ont donné l'envie d'écrire ?
Martine : Jules Barbey d’Aurevilly, Roger Martin du Gard, Giono
JM : Lis-tu et quel genre ?
Martine : Je lis principalement des ouvrages qui se rapportent à ce que j’écris.
Sinon, je me penche surtout sur les ouvrages qui abordent les minorités en souffrance, femmes et enfants exploités dans le monde. Pas par voyeurisme mais parce qu’il est important de le savoir pour éventuellement apporter une petite aide et surtout ne de pas rester aveugle.
JM : En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Martine : Les voyages, les musées
JM : - Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs qui souhaitent devenir écrivains ?
Martine : D’abord écouter, prendre des notes, les entasser dans une boîte : elles resserviront un jour.
Surtout, bien réaliser que la première page est essentielle : le lecteur doit pouvoir se glisser dans le personnage et le décor dès les premières lignes. Il faut susciter son intérêt dès les premières lignes.
Ceci est valable pour l’auteur également car si l’on ne fait pas corps avec son personnage principal, on se force et cela se ressent dans l’écriture.
JM : - Quel est ton endroit préféré (pièce de ta maison, une région, un pays) ?
Martine : Mon bureau. Il jouit d’une vue exceptionnelle, dominant la ville et sa basilique. La vue porte jusqu’au Massif des Ecrins, au Mont Ventoux, avec une luminosité changeante au fil des saisons, des heures du jour, modifiant le paysage en alternant les couleurs.
JM : - As-tu des animaux de compagnie ?
Martine : J’ai toujours vécu entourée d’animaux aussi loin que remontent mes souvenirs. Actuellement, nous n’avons plus qu’une petite chatte sauvageonne qui s’est installée chez nous il y a une douzaine d’années. L’auberge était bonne et sécure. Nous avons récemment perdu notre matou qui n’avait que onze ans : une maladie sans appel, et ce sont des coups de griffe au cœur que nous a apporté sa disparition.
JM : - Quel est ton film culte et quel genre de musique écoutes-tu ? Ecris-tu en musique ?
Martine : « Marius » de Pagnol : c’est toute notre culture méridionale. J’aime le classique, et surtout les romantiques avec bien entendu pour les plus connus Litz, Chopin, Beethoven, et le Jazz. Nous avons d’ailleurs eu la chance de nous rendre à plusieurs reprises à La Nouvelle Orléans.
Je n’écris pas en musique si ce n’est le ronronnement de notre minette qui s’allonge sur mon bureau, lorsqu’elle ne met pas la patte sur le clavier. Peut-être envisage-t-elle d’écrire ses mémoires…
JM : - Quelle est ton odeur préférée, ta couleur ?
Martine : Mon odeur préférée : celle du thym quand il est sec et qu’il craque sous nos pas.
Ma couleur favorite est le bleu, celui du ciel, resplendissant et changeant, se nuançant de lavande.
JM : - Quel est ton proverbe favori ?
Martine : Il ne faut pas de « si » ni de « mais », il faut réussir !
JM : - Si tu devais organiser un dîner littéraire quelles personnes convierais-tu à ta table ?
Martine : Des femmes comme Yasmine Ghatta, Kenizé Mourad, Anne-France Dauteville, Doris Lesling (si elle était toujours en vie)
Quant aux hommes, je dirais Giono, Marcel Scipion
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Martine : Je ne crois pas que l’on écrive pour soi. Le livre est un partage. Je suis heureuse de m’entendre qualifier d’écrivain, mais je lui préfère l’appellation de conteur. En fait, je raconte des histoires, d’abord à moi-même, ensuite aux personnes qui me lisent. J’aime cette relation qui se noue lorsque, en signature ou en salon, je me retrouve face aux lecteurs, certains sont d’ailleurs devenus des amis au fil des ans. J’ai le bonheur de faire de très belles rencontres qui me touchent profondément et c’est le plus beau des encouragements et des cadeaux. Et ceci, c’est grâce au livre.
JM : - Merci Martine PILATE pour ce très agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous avez la parole : vous pouvez si vous le souhaitez poser d'autres questions à Martine qui vous répondra avec plaisir, en direct ou plus tard, selon ses disponibilités sous ce post.