J'ai lu ce roman pour VERSION FEMINA FNAC « coup de cœur des lectrices »
« REVENIR DU SILENCE » Michelle SARDE 1er septembre 2016 JULLIARD 416 pages L'AUTEURE : Née en Bretagne au seuil de la Seconde Guerre mondiale, Michèle Sarde a longtemps tu ses origines. À travers le récit tardif de sa mère, Jenny, elle reconstitue le parcours de sa famille, de l'exil de Salonique et de l'installation à Paris, en 1921, à l'assimilation réussie dans la France des années trente. Mais les persécutions de l'occupation nazie contraignent Jenny et les siens à se cacher et à dissimuler leur identité. Jenny luttera alors de toutes ses forces pour survivre et protéger sa fille. Un traumatisme qui perdurera dans l'après-guerre et finira par les réduire toutes deux au silence.
RESUME : C’est l’histoire d’une famille qui vit à Salonique, la Jérusalem des Balkans au temps de l’empire ottoman, à l’ombre de la célèbre Tour Blanche. Quand celui-ci s’achève, les Amon, séfarades déjà chassés d’Espagne par Isabelle la Catholique, doivent reprendre le chemin de l’exil . Comme ils sont francophiles, ce sera la France et la petite Jenny, la mère de l’auteur, s’épanouit à Paris. Bien sûr, elle regrette le jardin de chèvrefeuille, l’accent rocailleux de là bas et les délicieuses pâtisseries turques, mais le clan se reconstitue dans le 7ème arrondissement et mène une vie bourgeoise. Etudes, thé dansant, rencontre avec Jacques Benveniste : la mère de l’écrivain Michèle Sarde, s’intègre tout en notant « on devient en apparence comme les autres, tout en restant entre soi ». Mais la guerre arrive et les judéo-espagnols se découvrent exclus de cette France qu’ils aiment tant . Il faut changer d’identité, se cacher, voir le magasin familial « aryanisé » tandis que les rafles se multiplient. Jenny et les siens, qui rêvaient de terre promise vont se découvrir des parias dont les nationalités chaotiques obtenues dans les années 20 après le départ de Salonique vont déterminer l’identité, donc l’existence. Tout un réseau de solidarité sera nécessaire pour sauver des nazis la petite Michèle, née en 1939, la fille de Jenny et de Jacques, nommée ainsi à cause de Michèle Morgan. A Nice, l’espoir renaît un temps pour les « musiciens » comme les Benveniste s’appellent entre eux, espérant ainsi passer inaperçus mais la nasse finit par se refermer. La famille dispersée, les copains connaîtront l‘horreur des déportations.
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AVIS : Par ce roman autobiographique quelque peu romancé mais poignant, Michelle SARDE fait la lumière sur plusieurs périodes dramatiques de l'histoire et tient le lecteur en haleine. Nous ne pouvons rester insensibles aux sentiments ressentis par ses parents, traumatisés, réduits au silence qui ont du se cacher, changer d'identité pour survivre et éviter la déportation. L'auteure a souhaité pouvoir parler enfin librement de ses origines Juives Séfarades trop longtemps occultées et libérer sa famille du silence.
J'ai beaucoup aimé cette saga très détaillée sur le plan historique que j'ai lue d'une traite. L'ajout de correspondances privées, de photos, d'arbre généalogique rendent ce récit vivant et tellement humain....
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