GROUPE LECTEURS – AUTEURS :
LA PASSION DES MOTS
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INTERVIEW AUTEURE
Elisabeth FABRE GROELLY
JM : - Bonjour à tous,
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Notre amie Elisabeth FABRE GROELLY a récemment accepté de répondre à mes questions.
Il n'y aura pas de questions/réponses mais cet échange vous permettra de mieux connaître cet auteur.
JM : - Bonsoir Elisabeth
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Comment vas-tu ? Es-tu prête à « subir mon petit interrogatoire » ?
Elisabeth :
Bonsoir Joëlle ! Bien sûr que je suis prête à répondre à tes questions, dans la touffeur du midi !
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Elisabeth :
Je suis née dans l’autre siècle ; une baby-boomer en somme ; un peu rebelle donc.
J’ai enseigné l’anglais toute une vie, et à la fin de ma carrière, je me suis tournée vers l’Italie dans des projets européens pour rencontrer un auteur de grande valeur, Mario Rigoni Stern qui a été une révélation. Je l’ai rencontré avec mes élèves puis il est devenu un ami. Aujourd’hui, depuis 2010, j’écris utilisant le matériau engrangé ; toujours sur fond de l’histoire des hommes, il y a tant à en dire…
J’élève des Hellébores, des jacinthes bleues et des petits enfants. Les langues, toutes les langues m’intéressent et ma devise est : toujours le sac au dos ! La musique et l’Histoire aussi.
JM : - L'écriture est-ce une passion ou un métier pour toi ?
Elisabeth :
L’écriture n’est pas une passion, ni un métier, c’est un besoin ; j’écris partout et sur tout. Je me lève à 4 heures et demie, déjeune et me mets au travail pendant trois heures pendant que la maison est calme ; la lune est là qui me surveille …
JM : - Peux-tu nous parler de tes romans ?
Elisabeth :
Il y a 3 polar - romans noirs.
Le premier, RETOUR EN TERRE SÈCHE, est un polar dont le cadre est le triangle Mane-Forcalquier-Banon en Haute Provence. Sur fond d’Histoire. (Éditions Murmure des soirs. Belgique)
Le deuxième, À GRAND RHÔNE est un roman noir qui est une balade au bord du Rhône entre Arles et la mer où tout peut arriver…et cela arrive… Allusions à l’ Histoire également et aux conséquences toujours de la deuxième guerre. (Éditions Géné Provence-JM Desbois)
Le troisième, LA MAISON DE BOUC, QUE PIERRE A BÂTIE, parle de ces familles du sud, taiseuses et refermées sur leurs secrets. Le passé n’est jamais oublié dans un village…(Signum graphic, Bouc-Bel-Air)
Il y a ensuite un récit bilingue sur 4 générations d’hommes italiens qui ont passé les cols en émigrant vers la France ; un récit qui va jusqu’à la perte complète de leur italianité. Sur fond de guerre, les deux, de drame, celui d’un barrage en Vénétie, celui de la folie qui n’en est pas et qui relève d’une cellule de crise. ( Éditions italiennes Conti de Morgex)
Suit un récit choral, VOUS ÊTES D’OÙ ? DE BOUC , ÇA S’ENTEND, de témoignages d’hommes et de femmes tous venus de la même école communale d’un petit village du sud, entre Aix-en-Provence et Marseille ; un récit qui se déroule sur vingt ans de vie, des années 50 aux années 70 ; émouvant… ( Signum graphic)
Deux autres romans :
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LES ÉPUISEMENTS qui sont deux histoires où l’épuisement n’est que le passage obligé qui aide à comprendre ce qui nous conditionne, la famille. La première histoire, une quête, nous emmène dans les Hébrides extérieures ; la deuxième en Haute Provence. ( Éditions Nombre7)
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MA GRAND’ DE NOËL, un récit magique sur la passation ; des lettres du père Noël écrites sur 23 ans par une grand-mère qui enseigne des principes de vie, qui cajole, qui fait voyager ses petits et qui distille les vraies valeurs. Une vision de la vie savoureuse, même si au bout… (Éditions Nombre7)
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Suit un livre-coup de gueule, PAROLES DE L’ATTENTE, qui parle de cette marche limitée pendant 55 jours, de mars à mai 2020. Pensées adolescentes, vagabondages, textes de réflexion, poèmes, moments d’humeur… Jamais de désespérance et foi en l’homme, même si…( Éditions Nombre7)
Enfin, le tout dernier, ACCORDEMENTS est un récit historique ( premiers jours de la guerre de 14- 18, sur l’Ourcq) ; plusieurs générations, trois pays, une quête émouvante. Art et musique. Des voix d’hommes qui portent vers une Europe humaine… (Éditions Ex Æquo)
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes ouvrages ?
Elisabeth:
J’ai cherché, pour chacun, des éditeurs, en fonction des récits. Deux livres ont été publiés par mon fils qui a une agence de communication sur les lieux –mêmes que je décris : Bouc ; je souhaitais donc que ce soit lui qui les réalise.
Pour mon dernier, ACCORDEMENTS, j’ai souhaité que ce soit dans l’Est qu’on l’imprimât, au vu du propos (première guerre) et c’est la maison Ex Æquo de Plombières qui l’a publié.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Elisabeth :
Oui bien sûr ; d’autres projets et des manuscrits déjà bouclés ou presque.
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Trois recueils de nouvelles avec, pour chacun, une thématique précise.
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Un récit-quête : une classe de collège de Marseille et un poète dont l’établissement scolaire porte le nom. Émouvant.
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Un récit–roman historique sur la guerre de 7 ans et un ancêtre courageux qui est parti au Québec… Une aventure humaine en somme… Il en est tant !
JM : - Où trouves-tu l'inspiration pour créer les personnages de tes livres ? En combien de temps écris-tu un roman ?
Deux questions en une…
L’inspiration, ce sont les autres qui me la communiquent… Observer un corps, un regard ; entendre un témoignage, percevoir les accents tragiques dans une autre langue que la mienne. Me frotter aux autres est ce qui fait écrire.
Un roman historique exige des recherches qui ne se livrent jamais complètes ; il faut du temps pour le puzzle, disons une bonne année, année et demie, mais si j’ai les éléments, trois mois peuvent suffire !
JM : - Comment écris-tu (sur cahiers, carnets, direct sur l'ordinateur) ?
Elisabeth :
Sur l’ordinateur, directement, mais la trame, les arbres généalogiques, toujours sur un cahier. Je ne me prive pas de l’outil moderne, même si par ailleurs, j’écris de longues lettres au crayon gras ( mine de plomb nue) ou au stylo plume duofold, qu’on m’a offert pour mon CAPES ! (concours de prof’). Je suis fidèle aux outils et au cahier aussi où je laisse des traces pour ceux qui sont nés après moi ou pour celui qui trouvera dans une décharge ou dans une brocante ces cahiers d’une fois…
JM : -Envisages-tu d'assister à des séances de dédicaces ? Et où ?
Elisabeth :
Un peu tout l’été jusqu’en décembre, plutôt des salons car j’aime discuter avec les passants, lecteurs ou pas, leur raconter des histoires. À Banon, à Lussan(Uzès), à Fuveau, à Aix à Trets ; il y a matière. Ou me mettre dans un café ou dans la rue autant que dans une librairie… C’est mon côté « pèlerin »…
JM : - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (ami, membre de ta famille, bêta-lecteur) ?
Elisabeth :
À 4 lecteurs ; deux hommes, deux femmes (sensibilité différente).
Deux chapitres après deux chapitres à mon mari qui est redoutable et chasse l’incohérence ou la redondance ! Puis à un ami italien avec qui passe une bonne connivence. Enfin à deux amies lectrices de bon niveau et dont le jugement est toujours très juste.
JM : - Es-tu sensible à la critique littéraire et penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Elisabeth :
Oui, je le pense ; il faut échanger ses points de vue, dire ses coups de cœur, faire des chroniques quand le livre nous touche. Avoir un blog aussi pour lancer, à la volée, de petits textes. Les réseaux sont une bonne voie pour cela.
JM : - Sauf erreur de ma part, tu as écrit des récits souvenirs d'enfance et un roman historique. Pourquoi ces choix et envisages-tu d'écrire dans un autre genre ?
Elisabeth :
Oui, j’ai parlé aussi de trois polars, mais tout m’intéresse : la poésie, l’essai, le texte au scalpel. Le roman gothique, oui, la fantasy, boh…
Pourquoi écrire des récits d’hommes du passé ? Parce qu’on n’a pas tout écrit heureusement et qu’il me plaît, dans le souvenir, faire revivre des gens singuliers. Et puis il y a l’enfance qui doit toujours être racontée aux autres enfants. Quant à l’Histoire, elle s’offre et elle me permet de la visiter encore et encore. Il n’est que d’ouvrir un recueil de L’illustration pour avoir envie de s’atteler à une histoire à écrire !
JM : - Que ressens-tu lorsque tu écris le mot FIN ?
Elisabeth :
Je me dis alors que j’aurais pu continuer. Toutefois, j’aime le texte court, serré dont on dit en anglais qu’il tient « dans une coquille de noix » (put it in a nutshell). J’aime ces textes courts dans un livre qui coûte seulement 10 euros, qui me tient en haleine un voyage et que je relirai plusieurs fois.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Elisabeth :
Il y en a des tas ! La musique, la littérature, le théâtre, les langues, l’Histoire et les sciences ; mais aussi la randonnée, les plantes et les arbres et… les Autres !
JM : - Quel est ton plus grand rêve ?
Elisabeth :
Je n’en ai pas de grands, mais de tout petits, chaque jour, à échelle humaine. Ils adviennent le jour, jamais la nuit et ils sont concrets.
JM : - Quels auteurs t'ont donné l'envie d'écrire ?
Elisabeth :
Mario Rigoni Stern, je l’ai dit, mais aussi Pierre Magnan et ses histoires de crimes qui parlent d’endroits précis et qui mettent l’accent sur la psychologie fine de l’être humain. Mais aussi Molière et Zweig, Gorki et Darwich ; et encore GB Edwards avec Sarnia ou Boyden avec son Chemin des âmes et Haruf avec Nos âmes la nuit. Les femmes Erdrich, Huston, Munroe avec cette Amérique crue qui se débat. La littérature anglaise et italienne en général.
L’album ou la BD occupent aussi une place de choix ; je cite des titres et des auteurs : Davodeaux (Les ignorants / les couloirs aériens), Watterson ( Calvin et Hobbes), Mitsumasa Anno ( Ce jour-là, le jour d’après), Raymond Briggs ( Père Noël / l’homme) et le livre noir des couleurs/ l’onde/le chien/ Macaroni . Liste inépuisable de plaisirs complets !
JM : - Lis-tu ? Quel genre de lecture ?
Elisabeth :
Je lis beaucoup et toute sorte de livres sauf ceux qui touchent à la politique, à la vie des gens médiatiques, aux crimes. La qualité d’écriture me touche plus que l’histoire elle-même car même une petite histoire devient, sous une belle plume, presque un… morceau de bravoure !
JM : - Quel livre offrirais-tu à un proche ou un ami ?
Elisabeth :
Le Misanthrope de Molière, un album de Sempé ou la trilogie de l’Altopiano de Mario Rigoni Stern ou un livre d’art ( Giorgio Scalco, Andrew Wyeth, Norman Rockwell, Carl Larson…)
JM : - Si un de tes livres était adapté au cinéma quels acteurs verrais-tu pour interpréter les rôles des protagonistes de chacun de tes ouvrages ?
Elisabeth :
Ouh, cela va prendre du temps !
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Retour en terre sèche : le commissaire serait Jacques Gamblin ; Clément, Jacques Weber et Clémence, Aurore Clément.
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À Grand-Rhône, Vérane serait Sandrine Kiberlain
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Et la Piave murmure, des acteurs inconnus- gens du quotidien (que je connais)
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La maison de Bouc, que Pierre a bâtie, Eric Caravaca, Ronny Coutteure ou François Damien et Marina Hands
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Les épuisements : histoire 1 : Marina Hands et Ludmila Michael + Bénabar et Jean Francois Balmer ; histoire 2 : Valeri Bruni Tedeschi et Guillaume Gouix ou Guillaume Canet
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Ma Grand’ de Noël : Emma Thompson et Quentin Dolmaire ou Mathieu Spinosi
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Accordements : Alexandra Chardard et Émilie Dequenne, Fanny Ardant ou Ariane Ascaride. Jacques Gamblin toujours !
JM : - Es-tu thé ou café ? Vanille ou chocolat ? Mer, campagne ou montagne ?
Elisabeth :
Les deux boissons me conviennent : café et thé !
Chocolat noir, épais à toute heure de la journée !
La mer, l’hiver ; la montagne, l’été, la campagne à satiété, car le temps s’y arrête !
JM : - Quelle est ta citation préférée ?
Elisabeth :
Les chemins battus n’offrent aucune richesse; les autres en sont pleins.
Jean Giono.
JM : - Quel mot te définit le mieux ?
Elisabeth :
A-VAN-CER !
JM : - Si tu étais une couleur, un animal, une chanson, un dessert : tu serais ?
Elisabeth :
Une couleur ? Le gris déchiré ou gris aixois.
Un animal ? Une chèvre, elle fait ce qu’elle veut !
Une chanson ? Le cancre de Lény Escudéro
Un dessert ? Un scone à la clotted cream et à la confiture d’orange
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Elisabeth :
Partir en écriture, c’est voyager, immobile, avec une pensée qui, dans le silence, ne se disperse pas…
JM : - Merci Elisabeth pour cet agréable moment passé en ta compagnie.
Elisabeth : Grand merci, Joëlle pour ton écoute constructive !
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