INTERVIEW AUTEUR
Christian LABORIE
JM : - Bonsoir à tous,
Je partage donc avec vous l'entretien que nous avons réalisé, à l'issue duquel, vous pourrez, si vous le souhaitez, poser des questions à Christian.
JM : - Bonsoir Christian
⁃ Comment allez-vous ? Êtes-vous prêt à « subir mon petit interrogatoire » ?
Christian : Bonsoir Joëlle. Je suis ravi de répondre à vos questions pour les fidèles du groupe. Je vais bien, merci, en cette fin d’année pour le moins un peu perturbée.
JM : - Pouvez-vous, tout d'abord, vous présenter afin que nos amis puissent mieux vous connaître ?
Christian : Je suis écrivain depuis maintenant une bonne vingtaine d’années. Mais ma profession était : enseignant. J’étais professeur d’histoire-géographie. Je suis actuellement à la retraite de l’Éducation nationale. J’ai exercé les deux activités pendant quelques années puis je me suis consacré entièrement à l’écriture. Je suis originaire du Nord de la France mais je vis dans les Cévennes, près d’Alès depuis plus de quarante ans. Je suis marié, père de deux enfants et grand-père de cinq petits-enfants.
JM : - Pouvez-vous nous parler de vos romans (la liste est longue, je sais !) et en particulier de votre petit dernier : “Les Enfants de Val Fleuri” ?
Christian : À cette date, j’ai écrit 23 romans dont 21 actuellement édités, deux étant prévus pour 2021 et 2022. Dans chacun j’essaie de coller à un événement qui s’est produit dans ma région depuis le milieu du XIXe siècle. Mais j’ai une prédilection pour le XXe siècle, plus proche. D’ailleurs, dans mes derniers romans, j’aborde des périodes qui me sont assez proches. Mais je n’ai pas encore envie d’écrire sur le temps présent. Dans les Enfants de Val Fleuri, paru en avant-première chez France Loisirs, et qui paraîtra en août 2020 aux Presses de la cité (collection Terres de France), j’ai voulu parler de la céramique dans ma région, la faïence d’Uzès et la poterie d’Anduze. Mon principal personnage fait également un séjour à Limoges pour s’initier à la fabrication de la porcelaine, la reine de la céramique. L’action se situe entre 1932 et 1970. C’est l’histoire croisée de deux familles que tout oppose et qui, par leurs enfants, deviennent étroitement liées à travers de multiples péripéties comme j’aime les nouer avant de les dénouer au dernier moment afin de laisser le lecteur en attente de ce qui va se passer, mais jamais sur sa faim.
JM : - Avez-vous d'autres projets d'écriture et pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Christian : Depuis Les Enfants de Val Fleuri, j’ai écrit un autre roman dont je peux déjà vous fournir le titre. Il s’agit de « Les Fiancés de l’été » qui comprendra un second volet que je suis en train d’écrire. Les deux, comme je le fais toujours quand il s’agit d’une série, pourront se lire indépendamment l’un de l’autre.
JM : - Où trouvez-vous l'inspiration pour créer les protagonistes de vos écrits ?
Christian : La plupart de mes romans, à une exception près, trouvent leur source d’inspiration dans les Cévennes ou le Languedoc. J’ai abordé autant de thèmes que les Cévennes m’ont offerts. Mais j’aime aussi faire voyager mes personnages, ne pas les cantonner dans leur région d’origine. De même je m’efforce d’élargir mes thèmes afin de ne pas traiter que des thèmes régionaux. Sans pour autant me montrer infidèle à ma région, j’aime que les histoires que je raconte aient un caractère universel, afin qu’elles puissent intéresser tous les lecteurs quel que soit l’endroit où ils habitent. Quant à mes personnages, ils sont toujours de pure fiction. Toutefois, j’aime aussi utiliser des personnages qui ont véritablement existé et qui ont eu un rôle dans l’Histoire de notre pays Ainsi ai-je mis en scène Pasteur, Clémenceau, Marcelin Albert, Hemingway, Capa et plus récemment Albert Camus. J’affectionne de mêler la fiction à la réalité pour donner plus de véracité historique et permettre aux lecteurs de retrouver certains repères dans leurs connaissances.
JM : - Si ma mémoire est bonne tous vos romans sont des sagas familiales, des romans régionaux. Pouvez-vous nous donner la raison de ce choix ?
Christian : je n’ai pas choisi d’écrire ce type de roman. Lorsque j’ai écrit L’Arbre à pain, j’ai vraiment trouvé ma voie. Les Cévennes m’ont inspiré. Enseignant l’Histoire et la géographie, je pense que c’est assez naturellement que je me suis orienté vers ce type de roman populaire où le proche passé et le cadre géographique ont une grande importance. Mais, comme je l’ai dit plus haut, j’essaie de dépasser les frontières de ma région afin d’intéresser le lecteur à ce qui se passe également ailleurs. Quant au genre, la saga, effectivement j’affectionne ces grandes histoires de famille où plusieurs générations se succèdent. Je ne sais pas écrire « court », c’est un genre que je ne maîtrise pas. Aussi la saga me convient-elle parfaitement. Elle me donne du temps - là c’est l’historien qui ressort ! La saga me permet de faire évoluer mes personnages, de montrer les liens qui unissent les générations. En réalité la saga c’est la vie. Je n’ai pas d’autre prétention que d’entraîner mes lecteurs dans de belles histoires qui racontent la vie des gens.
JM : - A qui confiez-vous la lecture de vos manuscrits (personne de votre famille, ami, bêta-lecteur) ?
Christian : Je vais vous décevoir : à personne d’autre qu’à mon éditrice. J’estime que, tant que mon roman n’est pas achevé, il demeure une part de moi-même et je sais qu’il n’est pas parfait. Donc je ne veux pas présenter à autrui quelque chose qui mérite encore d’être amélioré. À ma femme, j’apprécie beaucoup de lui offrir mon petit dernier quand celui-ci est paru, j’aime lui offrir mon livre comme un cadeau. Aussi attend-elle le jour de sa parution pour le découvrir. Ce n’est pas une question de méfiance, mais, je l’avoue, d’amour-propre pour la chose achevée.
JM : - Comment avez-vous procédé pour faire publier vos ouvrages ? Qui réalise la couverture de vos livres ?
Christian : Pour me faire publier la première fois, j’ai fait comme tout le monde je suppose : j’ai envoyé mon manuscrit à un éditeur, que l’on m’avait conseillé par ailleurs. Un mois plus tard, je signais mon premier contrat. Je n’ai pas navigué entre de multiples éditeurs. Je suis resté dix ans aux Éditions De Borée, qui m’avaient fait une très belle place dans leur équipe. Puis j’ai estimé que pour progresser encore, il me fallait passer à un stade supérieur et me frotter aux grandes maisons d’édition parisiennes. Depuis 2012, j’ai intégré l’équipe des écrivains des Presse de la Cité et je ne le regrette absolument pas. Je suis quelqu’un de fidèle. Je n’ai nullement l’intention de chercher ailleurs ce qui me contente aujourd’hui. Pour votre deuxième question : les couvertures de nos romans sont proposées par quelqu’un de la maison, nous pouvons proposer de chercher autre chose, mais je reconnais qu’en cette matière, la personne qui fait le travail d’adapter la couverture au texte que nous avons écrit vise toujours très bien.
JM : - Que pensez-vous de l'édition numérique ?
Christian : C’est incontournable à l’heure des tablettes. Mais je regrette que, sous cette forme, la rémunération des auteurs ne soit pas la même que pour le livre papier. Lorsque tous les livres seront disponibles uniquement en numérique – ce que je ne souhaite pas -, si rien ne change en ce domaine, il y aura de moins en moins d’écrivain. Savez-vous que pour un livre papier, l’auteur ne reçoit que 1€50 en moyenne et 50 centimes sur un livre de poche ? Faites le calcul pour obtenir le SMIC ! Beaucoup d’écrivains ne le gagnent pas. Et je fulmine quand j’entends dire que les écrivains écrivent pour le plaisir – certes, heureusement ! –, comme si ce problème était un faux problème !
JM : Comment faites-vous pour écrire vos romans (carnets, cahiers, fiches, écriture directe sur l'ordinateur) ?
Christian : Depuis dix romans, j’écris directement sur l’ordinateur. Auparavant j’étais attaché à la plume et au papier. Mais il faut s’adapter aux outils modernes dont nous disposons. L’écran ne me bloque plus. C’est plus facile au demeurant de se corriger sans raturer, de bouger les mots de place etc.
JM : - À quel moment de la journée écrivez-vous ? Le jour ? La nuit ? Et pendant combien de temps ?
Christian : Je ne suis pas un oiseau de nuit ! Je dors plutôt bien, je n’ai pas d’insomnie. La nuit est donc pour moi salutaire pour régénérer mes neurones !! Quand je me mets au travail, j’apprécie d’avoir devant moi une plage de quatre heures. Comme le matin, j’ai toujours quelque chose à faire, j’écris donc l’après-midi environ cinq jours par semaine.
JM : - Vous avez noué un lien très fort avec vos lecteurs et vos lectrices, pouvez-vous nous en parler ?
Christian : Je suis étonné de la force de ce lien. Et je m’ébahis encore que tant de monde ait pu me découvrir et m’apprécier. C’est pour moi, le plus beau cadeau qu’on puisse me faire que de venir me voir au cours d’un salon ou d’une séance de dédicaces. Ce lien s’est tissé petit à petit. Il s’est trouvé que les histoires que j’écris en toute simplicité ont plu rapidement. Quand les gens me disent que ce qu’ils apprécient dans mes romans est la simplicité de lecture, je le prends pour un réel compliment de leur part, mais pour que l’écriture soit simple, c’est-à-dire à la portée de tous, cela nécessite du travail en amont. La simplicité et l’authenticité sont les deux critères qui guident mon écriture, qui ont permis sans doute de créer ce lien avec mes lecteurs
JM : -Avez-vous des séances de dédicaces prévues prochainement et où ?
Christian : je viens en ce 21 décembre de terminer mes séances de dédicaces en librairie. Je serai néanmoins dans les boutiques France Loisirs en janvier-février : le 11 janvier à Alès, le 18 à Orange et le 1er février à Nîmes toujours de 14 à 17h. Quant aux salons, je les reprends au printemps.
JM : Êtes-vous sensible à la critique littéraire et pensez-vous que les blogs, les réseaux sociaux aident les écrivains à promouvoir leurs écrits ?
Christian : Je suis très attaché à la critique littéraire, elle est une forme de liberté d’expression. Sensible, bien sûr, autant quand elle est favorable que lorsqu’elle est moins gentille. On progresse toujours d’entendre ou de lire les impressions des lecteurs ou commentateurs. En ce domaine les blogs et les réseaux sociaux sont d’excellents vecteurs pour diffuser nos ouvrages. Ils touchent de très nombreux lecteurs et plus rapidement que ne le font les journaux ou magasines. Dans ce domaine, vous constaterez que la littérature régionale, pour la définir ainsi, n’a jamais l’honneur des médias. Nous, les auteurs dits régionaux, subissons un véritable ostracisme de la part des chaines de télévision, radio et autres journaux bien-pensants. Comme si ce que nous écrivons n’était pas de la littérature !
JM : - Quels sont les auteurs qui vous ont donné l'envie d'écrire ?
Christian : Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup, Zola, Maupassant, Dumas, George Sand et surtout Stendal. Mais ils n’ont pas déclenché en moi l’envie d’écrire. En revanche les auteurs de l’École de Brive ainsi que Christian Signol m’ont tracé ma voie. Je leur dois beaucoup.
JM : - Quels conseils donneriez-vous aux lecteurs qui souhaiteraient devenir écrivains ?
Christian : d’abord écrire s’ils en ont envie sans se persuader de parvenir à être édité. Écrire pour le plaisir avant tout. Chercher à sortir des sentiers battus. Trouver son propre style. Éviter d’écrire sa vie, l’autobiographie n’intéresse pas les éditeurs, sauf cas exceptionnels. Ensuite, franchir le pas, envoyer son manuscrit à plusieurs éditeurs en toute connaissance de leur ligne éditoriale. Contacter un écrivain pour connaître les écueils à éviter. Savoir que les chances d’être édité sont minimes, ce qui ne doit pas être source de découragement, mais raison de rester humble et réaliste.
JM : Lisez-vous et quel genre ?
Christian : je lis modérément car je « ME » lis beaucoup par le fait que j’écris ! Mais je lis tous les jours et ai toujours un livre en cours. J’aime tous les genres avec une prédilection pour les romans régionaux, vous vous en seriez douté ! Ainsi que les thrillers et autres romans à suspens.
JM : - Quels sont vos endroits préférés (pièce de votre habitation, région de France, pays) ?
Christian : j’écris dans une pièce de ma maison des Cévennes que j’ai dédiée à mon activité. Ce n’est pas mon bureau, mais un endroit à l’étage où, par les fenêtres, je peux m’évader dans la nature. J’ai le privilège d’habiter sur une colline en bordure de forêt et, parfois, j’entends les sangliers dévaster mon terrain ! Depuis deux ans j’ai aussi élu domicile en Haute-Savoie, dans un petit village où je passe mes vacances depuis plus de trente ans. J’y ai acquis un pied-à-terre et y poursuit mes écritures tout en contemplation avec les paysages alpins qui m’entourent.
JM : En dehors de l'écriture quelles sont vos passions ?
Christian : je n’ai pas d’autres passions que l’écriture. Une passion dévore votre temps. Je n’ai pas assez de temps pour en avoir plusieurs. En revanche j’ai d’autres activités plus ponctuelles. Disons que je me maintiens en forme physique. À mon âge, et étant donné la sédentarité engendrée par le fait d’écrire plusieurs heures par jour, il est nécessaire de se bouger.
JM : - À quelle époque auriez-vous aimé vivre ?
Christian : dans les deux décennies 1920 et 1930. Elles sont riches en grands événements sans être encore troublées par la guerre. Mais j’avoue que vu la période de paix que nous vivons depuis plus de 70ans, je suis très heureux de vivre à notre époque.
JM : - Quel est votre proverbe préféré ?
Christian : je n’en ai pas.
JM : - Êtes-vous thé ou café ? Vanille ou chocolat ? Mer ou montagne ?
Christian : café, je n’aime vraiment pas le thé sauf quand il est parfumé au citron ou à la menthe. Mais pour moi le petit café du milieu de la matinée et de l’après déjeuner est une vrai rituel. Je suis chocolat, surtout avec le café après le repas de midi. Et je suis assurément montagne. Je m’ennuie à la mer.
JM : - Si vous deviez organiser un dîner littéraire qui inviteriez-vous à votre table ?
Christian : mon éditrice avec qui j’entretiens de vraies relations d’amitié. Ainsi que des amis écrivains, ceux qui ne se prennent pas au sérieux (je ne citerai pas de noms pour ne vexer personne). Enfin tous les lecteurs qui en manifesteraient l’envie (mais cela ferait peut-être trop de monde, non ?)
JM : - Si vous étiez une couleur, un fruit, un animal : vous seriez ?
Christian : bleu, pêche, chat.
JM : - Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Christian : je crois avoir été très bavard. Mais n’oubliez pas que je suis un auteur de saga !! Je terminerai donc en remerciant une fois de plus tous mes lecteurs pour leur fidélité et je profite de ces lignes pour m’excuser auprès d’eux si je ne réponds pas systématiquement à tous leurs messages de sympathie sur Internet. J’avoue que je ne suis pas pendu sur Face Book et autres réseaux sociaux. Quand j’ai terminé mes 4 à 5 heures d’écriture, je n’ai qu’une envie, me changer les idées. Mais qu’ils sachent que je les lis et que j’apprécie énormément leurs marques de gentillesse. Merci à tous.
JM : - Merci Christian LABORIE pour ce très agréable moment passé en votre compagnie, votre gentillesse et votre disponibilité.
Les amis, vous avez la parole : vous pouvez si vous le souhaitez poser d'autres questions à Christian qui y répondra en direct ou plus tard selon ses disponibilités.