INTERVIEW AUTEURE
Marjorie TIXIER
JM : - Bonsoir à tous,
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Notre amie Marjorie TIXIER a gentiment accepté de répondre, récemment, à mes questions.
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Je partage donc cette interview à l'issue de laquelle vous pourrez, si vous le souhaitez, poser des questions à Marjorie qui y répondra en direct ou plus tard selon ses disponibilités.
JM : - Bonsoir Marjorie
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Comment vas-tu ? Es-tu prête à « passer sur le gril » ?
Marjorie : Sur le gril de la littérature et de l'échange avec les lectrices et les lecteurs, je suis forcément prête à répondre à l'invitation. Et c'est avec plaisir!
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Marjorie : J'écris à la fois des romans et de la poésie. J'aime chercher l'inspiration et m'oublier pour me plonger dans la création. J'enseigne les lettres en collège puis en lycée depuis vingt ans, c'est un moyen de transmettre ma passion de la littérature et d'essayer de donner envie à la jeune génération de lire et d'échanger autour de la lecture. Je suis actuellement en congé de formation pour passer le concours de l'agrégation et me replonger dans les classiques.
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Marjorie : L'écriture est ma façon naturelle d'être présente à la vie. Tout ce que je découvre, tout ce que fais, chaque rencontre, chaque instant, chaque émotion, tout me semble exister pour nourrir mon écriture et ma création. C'est mon épine dorsale, mon essentiel.
JM : - Peux-tu nous parler de ton premier roman fort prometteur d'ailleurs : « Un Matin ordinaire » ?
Marjorie : C'est une histoire qui m'est venue à l'esprit en quelques minutes, mais que j'ai ensuite plusieurs fois réécrite pour en arriver à la version définitive qui vient de sortir au Fleuve. Dans ce roman choral, je raconte l'histoire de Laurence, une jeune infirmière, mère de deux filles qui va faire sa course à pied tous les vendredis matin; mais une mauvaise rencontre va stopper sa vie en plein élan, l'obliger à revoir l'ordre de ses priorités et à se reconstruire. C'est un roman à double facette. Triste, bien sûr, parce que Laurence est face à une épreuve de la vie empreinte de violence et d'injustice, mais aussi rempli d'espoir parce que cette femme va se battre et qu'elle est entourée de plusieurs personnes qui vont contribuer à l'aider à se relever. L'écriture polyphonique permet de changer souvent de point de vue et ainsi d'envisager tous les aspects du problème. Cela permet également de varier les registres et d'insérer des passages plus légers, notamment à travers le personnage d'Annie qui est une pré-adolescente bien ancrée dans sa génération ou de Thérèse, la voisine, une commère plutôt attachante en définitive.
JM : - Ton roman est un thriller. Penses-tu écrire dans un autre genre ?
Marjorie : Il y a en effet une intrigue qu'on pourrait qualifier de policière et un suspens dans le roman, mais ce n'est pas l'effet que j'ai recherché. Dès les premières pages, on peut deviner ce qui va arriver à Laurence. J'ai plutôt cherché à interroger les réactions et les émotions de chacun des personnages dans une situation de crise. On se focalise souvent sur la victime, mais on oublie qu'elle a une famille, des proches, qui souffrent avec elle. J'ai donc essayé de faire ressentir la multiplicité des points de vue et les conséquences pour chacun, tout en accordant une attention particulière à l'expression des émotions et des sentiments.
Pour l'instant, je ne pense pas écrire dans un autre genre que le roman réaliste. J'ai envie de continuer à creuser la psychologie humaine en imaginant des personnages qui se construisent et se forgent un destin grâce ou en dépit des épreuves de la vie.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Marjorie : La poésie m'accompagne toujours, c'est le fruit de l'inspiration du quotidien, l'instant que je capte et que j'ai envie de garder et de partager. Je travaille également un nouveau roman. Ces derniers mois de concours m'ont obligée à le laisser de côté, mais ce n'est que pour mieux m'y replonger en mai et vous en parler ensuite, quand j'y aurai mis le point final.
JM : - Comment écris-tu (carnets, cahiers, directement sur l'ordinateur) ?
Marjorie : J'écris mes poèmes sur des cahiers et mes romans à l'ordinateur. Disons que c'est le principe général... mais il y a parfois des exceptions!
JM : - Comment as-tu procédé pour créer les protagonistes de ton livre et connaissais-tu, lorsque tu as commencé à écrire, la fin de l'histoire ou est-ce que tu as improvisé au fil des mots ?
Marjorie : L'idée d'Un matin ordinaire a germé dans mon esprit après avoir entendu un fait divers à la radio. J'étais au volant de ma voiture pour me rendre au travail. C'était en 2009. Mes élèves étaient en contrôle et je n'avais qu'à les surveiller. Je me souviens d'avoir écrit à la va-vite une liste de prénoms sur une feuille de couleur avec une phrase d'esquisse du personnage et son rôle dans l'histoire. Plus tard, j'ai repris ce canevas et me suis mise à développer chaque voix. J'ai écrit chaque matin pendant une dizaine de jours où je suis littéralement devenue chacun de mes personnages. C'est le miracle de l'écriture, ce que je préfère et qui est assez rare en définitive: ces heures où l'on devient l'autre. C'est comme une longue improvisation que rien ne vient suspendre, un moment de liberté totale, mais très éprouvant en même temps.
JM : - Ecris-tu la nuit ? Le jour ? Pendant combien d'heures ?
Marjorie : Je n'ai pas de rituel d'écriture. Chaque livre que j'ai écrit a sa propre histoire. J'aime particulièrement écrire le matin quand tout est endormi et que je suis encore dans le léger flottement de l'esprit qu'offre le réveil.
JM : -As-tu des séances de dédicaces prévues prochainement ?
Marjorie : Je serai à la librairie le Bois d'Amarante à Chambéry le 6 février à 17h et d'autres rencontres sont en train de se mettre en place...
JM : - A qui as-tu confié ton manuscrit en première lecture (amie, membre de ta famille, bêta-lecteur) ?
Marjorie : La première lecture de mes livres revient toujours à mon épouse. Je sais qu'elle aura l'art de repérer tout ce qui pourra lasser le lecteur et les détails superflus. Un matin ordinaire a une histoire très particulière car j'en ai écrit plusieurs versions et ce sont les retours des lecteurs qui m'ont vraiment incitée à étoffer l'histoire et à orienter mon roman vers la résilience. D'ailleurs, deux des dédicataires de mon livre, Marianne et Quentin, m'ont vraiment donné l'élan et l'envie de me replonger dans l'écriture.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier ton roman ?
Marjorie : D'abord, j'ai envoyé mon livre aux éditeurs par la poste. J'ai eu des retours encourageants, mais pas de proposition pour l'éditer. Ensuite, j'ai participé à des concours d'écriture. Le premier, en 2015, m'a permis de publier mon livre sous un autre titre, en numérique, aux éditions Chemin vert. Suite aux retours des lecteurs, j'ai eu envie d'écrire une suite à la version publiée et j'ai confié mon tout premier roman, La Danse du feu, à Librinova, une maison d'auto-édition. Quelques mois plus tard, Librinova a lancé un concours d'écriture sur la résilience. J'ai proposé Un matin ordinaire dans sa nouvelle version et j'ai eu la chance de remporter le premier prix du concours en avril 2018. Fin août, les éditions Fleuve m'ont contactée pour éditer mon livre.
JM : Penses-tu que les blogs, les réseaux sociaux aident les auteurs à promouvoir leurs écrits ?
Marjorie : Les blogs et les réseaux sociaux sont essentiels pour les auteurs. D'abord, ils nous encouragent en faisant attention à notre travail et en prenant le temps de le commenter, d'en parler et de le mettre en valeur. C'est aussi un moyen de faire émerger de nouveaux talents et de les porter à la connaissance des éditeurs. Ils sont également force proposition de lectures nouvelles car leur avis compte de plus en plus. Ils ont donc un rôle de premier plan de nos jours.
JM : - Lis-tu ? Si oui quel genre ?
Marjorie : En ce moment, je lis et relis le programme de l'agrégation! Garnier, Scarron, Voltaire, Corbière, Cendrars, Mc Cullers, Duras et Christa Wolf.
En temps normal, je lis en parallèle des classiques et de la littérature contemporaine. Des romans et de la poésie.
JM : Que penses-tu de l'édition numérique ?
Marjorie : C'est une bonne façon de publier ses écrits et de les diffuser facilement. Le livre numérique se banalise et cela permet aussi aux auteurs qui n'ont pas d'éditeur ou ne souhaitent pas être publiés de partager leurs textes avec des lecteurs de tous horizons.
Dans mon cas, le numérique a été un vrai tremplin pour trouver mon éditeur.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Marjorie : J'aime la randonnée, voyager, peindre et composer de la musique, en écouter aussi!
JM : - Quelle est ta musique préférée et écris-tu en musique ?
Marjorie : Je n'ai pas de musique préférée, j'écoute un peu de tout selon mon humeur: Bach, Chopin, Rachmaninov, Ravel, Fauré, Debussy sont les piliers dont je ne me sépare pas. Pour la musique actuelle, j'écoute entre autre Kings of convenience, Lhassa, Luz Casal, Bon Iver, Agnès Obel, Christine and the Queens et bien d'autres...
J'écris dans le silence, la musique me permet de revenir à la réalité quand je sors de mon bureau.
JM : - Quel est ton plus grand rêve ?
Marjorie : Écrire et aller à la rencontre des lecteurs! J'aimerais pouvoir me consacrer entièrement à cela.
JM : Quel est ton endroit préféré (pièce de ta maison, ville, région, pays) ?
Marjorie : Le village où je vis est mon port d'attache. Le paysage m'émerveille et m'inspire sans cesse. Je suis également très attachée au Chili que j'ai découvert en 2014. J'ai hâte d'y retourner, d'y marcher longtemps et d'en profiter pour écrire.
JM : - Si tu étais : un fruit, une fleur, un animal, une couleur : tu serais ?
Marjorie : Eh bien, citons quelques vers, vous y trouverez les réponses du jour.
"La terre est bleue comme une orange" (Éluard)
"Mignonne allons voir si la rose..." (Ronsard)
"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers" (Baudelaire)
JM : - Peux-tu nous dire quel est ton film culte ?
Marjorie : "Cold war" de Pawel Pawlikowski, un choc esthétique et musical.
JM : - Si tu devais organiser un dîner littéraire qui convierais-tu à ta table ?
Marjorie : Honoré de Balzac, Pablo Neruda, Marie-Louise von Franz et Nancy Huston, chacun d'entre eux m'a guidée sur mon chemin d'écriture.
JM : - Peux-tu nous citer une de tes qualités, un défaut ?
Marjorie : Me voilà donc sur le gril! Disons que je suis organisée pour la qualité et pour le défaut... (encore) trop stressée (mais je progresse)!
JM : - As-tu autre chose à ajouter ?
Marjorie : C'est une joie d'avoir pu répondre à tes questions Joëlle et je te remercie de m'avoir proposé cette interview. Je reste à l'écoute des lectrices et lecteurs qui te suivent pour la suite de notre échange.
Je vous souhaite de très belles lectures et moments d'écriture si vous écrivez également.
JM : - Merci Marjorie pour cet agréable moment passé en ta compagnie , ta disponibilité et ta gentillesse.
Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Marjorie qui se fera un plaisir de vous répondre sous ce post.
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