INTERVIEW AUTEUR
Nathalie THOMAS-VERNEY
Lundi 2 septembre 2019 à 18 h 00
direct
JM : - Bonsoir à tous,
JM : - Bonsoir Nathalie
Nathalie : Bonsoir Joëlle, Bonsoir à tous. Je vais bien et je suis ravie d’être parmi vous ce soir. Prête à passer sur le grill ? Voici une expression qui inquiète fortement….
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Nathalie : J’ai envie de dire que je suis comme tout le monde avec une passion en plus : l’écriture. Je suis née dans une famille modeste à Montereau en Seine et Marne d’une maman briarde et d’un papa haut savoyard. J’ai une sœur plus âgée que moi. Je suis née à la maison, à quelques centaines me mètres de la Seine, c’est peut-être la raison qui fait qu’on retrouve souvent ce fleuve dans mes romans.
Depuis mon enfance, j’ai toujours écrit. Je me souviens, à l’âge de 6 ans, j’avais eu un petit bureau pour Noël et je m’y installais souvent pour écrire. Mon premier souvenir d’écriture est une pièce de théâtre, bien sûr de la qualité que peut avoir un texte d’un enfant de 6 ans. A l’adolescence, j’ai continué d’écrire des histoires qui me permettaient de m’évader. Ensuite, est venu le temps de mon entrée dans le monde du travail et là, je n’avais plus de temps pour écrire, c’était métro-boulot-dodo.
Au final, mon démon de l’écriture est revenu me hanter voilà quelques années et là, je n’ai pas pu lui résister.
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Nathalie : c’est mon exutoire.
JM : - Peux-tu nous parler de tes ouvrages ?
Nathalie : Mes ouvrages édités ?
Remontons en 2016 pour retrouver « L’Exil ». C’est le premier tome d’une série qui se nomme « Les Chroniques adaniennes ». Je l’avais écrit pour un jeune garçon hospitalisé à qui j’avais raconté l’histoire des Rois Dragons. Je n’ai toujours pas écrit le tome 2, peut-être parce que ce jeune garçon est parti retrouver les anges.
Le second fut une Nouvelle devenue roman : « Le Dernier Chant du Rossignol ». Septembre 2016, je reçois un courrier du Château de la Motte Tilly (dans l’Aube) qui annonce l’organisation d’un concours d’écriture. Je n’y prête pas trop attention jusqu’à ce que mon ami me taquine en me disant « tu n’es pas capable de le faire ». Piquée au vif, je demande le règlement et rédige ma Nouvelle. « Le Dernier Chant du Rossignol » est né. En Novembre, j’apprends que j’ai remporté ce concours. Malheureusement, le jour de la remise des récompenses, je travaillais et je n’ai pas pu me rendre au château. Une semaine plus tard, je peux enfin aller chercher mon prix et là, l’une des membres de l’organisation me dit : « votre Nouvelle était d’une qualité bien au-dessus des autres, n’en restez pas là. » Un peu plus tard, au cours de ma visite du château, je rencontre un autre membre du jury, un critique littéraire qui me dit aussi « votre Nouvelle, faites-en un roman ». Après avoir longtemps hésité, je me suis lancée dans l’aventure. Durant toute l’année 2017 j’ai fait des recherches, rencontré beaucoup d’experts qui m’ont aidée et, au bout de 9 mois, oui 9 mois comme un bébé, le roman « Le Dernier Chant du Rossignol » a vu le jour.
Le troisième, Destins Interdits a également mis plusieurs mois avant de naître. Ecrit durant l’année 2018, il n’est édité que dernièrement. Ce roman est complètement différent des autres. Volontairement, j’ai voulu m’éloigner de l’atmosphère du « Dernier Chant du Rossignol ». J’ai voulu m’ouvrir à d’autres horizons pour ne pas me laisser enfermer dans l’atmosphère de ce début de vingtième siècle. Là aussi, j’ai passé plusieurs mois à faire des recherches sur les thèmes de cette histoire, à rencontrer des personnes qui m’ont soutenue et aidée. Certaines parties de l’histoire sont un peu délicates et l’une scène a failli subir la censure.
JM : - Peux-tu nous raconter comment tu as vécu l'aventure du « Prix de la ville de Saint-Orens » pour ton roman « Le Dernier chant du rossignol » ?
Nathalie : Un souvenir merveilleux, il me suffit de lever les yeux sur la magnifique coupe que j’ai ramenée pour que l’envie d’écrire m’envahisse, plus forte.
J’ai fait ce concours un peu par hasard, sur les conseils d’une amie journaliste. Le roman a été sélectionné et au final, primé. Quand j’ai reçu le mail qui m’annonçait ma victoire, je n’y croyais pas. Ma raison première d’écrire a toujours été de faire lire et découvrir mes textes, sans plus de prétention. Là, je découvrais qu’ils pouvaient être appréciés au point de convaincre tout un jury de passionnés de littérature. Avoir une Nouvelle de dix pages primée est une chose, un roman de plus de 500 pages en est une autre. Il m’a fallu m’organiser au plus vite pour prendre le TGV jusqu’à Toulouse, et cela en peu de temps. Ma sœur aînée m’a accompagnée et j’en étais soulagée car son soutien a été essentiel dans cette aventure. Puis, le destin faisant bien les choses, l’un de mes amis, Philippe Muraret, auteur lui-même, habitait Saint Orens. Il nous a gentiment hébergées et a même accepté de devenir chauffeur pour m’accompagner jusqu’au château Catala à Saint Orens. Je me souviendrai toujours de notre entrée dans la grande salle. Toutes les coupes étaient alignées sur une longue table. Le concours international des Arts Littéraires, concerne toutes les formes de littérature : nouvelle, théâtre, poésie, roman et le prix le plus prestigieux, celui qui a fait l’unanimité : le prix de la ville. Donc en entrant, je dis à mon ami toulousain : « la petite coupe, là, elle m’ira très bien, elle tiendra dans ma valise pour le retour », et il me répond : « non je pense que toi, c’est la grande coupe au milieu », et là, je me rends compte qu’elle ne rentrera jamais dans ma valise et je n’avais aucune idée de la manière dont j’allais pouvoir la ramener. Que d’émotion quand mon nom a été appelé (en dernier bien entendu, histoire de faire monter le stress). J’ai eu l’honneur d’une présentation parfaite du roman par Madame Maryse Carrier, présidente du jury, et ce moment a été si plein d’émotion pour moi que j’ai eu du mal à refouler mes larmes au souvenir d’Annabelle et de Thomas du « Dernier Chant du Rossignol ». C’est un moment que je n’oublierai jamais.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Nathalie : Actuellement, je travaille à l’écriture de mon roman qui devrait sortir en 2020. Il s’intitule « L’Or et le Fer » et se passe en 1794, époque de la Révolution Française et de la Terreur. Comme je n’aime pas faire les choses simples, j’ai choisi une époque assez compliquée mais, encore une fois, je me suis rapprochée d’experts, je pense notamment à Suzanne, une passionnée de Maximilien Robespierre. Cependant, la Révolution n’est qu’un arrière plan, une toile de fond à mon histoire dont je vous livre en exclusivité le résumé :
— Ferronnier ! Ouvre ta maudite grille !
Dorian de Grare ne se doutait pas de l’importance de ses paroles lorsque, le 1er thermidor de l’an III, il quitte son château du Pré pour Paris, dans le but de sauver son cousin Enguerrand de l’échafaud.
Nous sommes en 1794, au cœur de la Révolution française. La Terreur est à son apogée et, après l’exécution de Danton, Robespierre règne en maître sur le Comité de Salut Public.
Aël de Kergoët, jeune ferronnier d’art, se voit proposer un travail exceptionnel en cette époque : la conception et la réalisation d’un portail en fer forgé, d’une splendeur inégalée, qui devra durer éternellement et marquer la puissance et la richesse du propriétaire du château du Pré, « château blanc flottant sur un lac ». Le jeune homme y fera une rencontre qui bouleversera sa vie : Dorian de Grare.
Libertin et débauché, Dorian fréquente les maisons closes parisiennes et sa beauté n’a d’égale que sa cruauté. Fils d’un aristocrate décédé avant la Révolution, Dorian n’a jamais accepté le remariage de sa mère avec le républicain Jean Beaujouan, à qui il doit cependant d’avoir pu conserver ses terres et son château. Un jour, cependant, son chemin croise celui d’Alwena, jeune fille pauvre qui fuit la misère de sa Bretagne natale et la guerre entre chouans et armée républicaine.
Jour après jour, tandis que la splendide grille s’élève dans des conditions tragiques et inexplicables, à une époque troublée, Aël et Dorian, aux origines pourtant si discordantes, parviendront à construire une amitié indestructible comme l’Or et le Fer.
Je travaille aussi sur une histoire d’un roman pour 2021 mais là…. Tout n’est qu’esquisse.
JM : - Comment écris tu (carnets, cahiers, directement sur l'ordinateur) ?
Nathalie : J’ai toujours un petit carnet à la tête de mon lit car, chose étrange, c’est souvent la nuit que me viennent certaines de mes idées. Sinon, je dirais que 90% du temps, j’écris sur ordinateur.
JM : - Tu as une imagination débordante ! Comment procèdes-tu pour créer les protagonistes de tes ouvrages et connais-tu, lorsque tu commences à écrire, la fin de l'histoire ou est-ce que tu improvises au fil des mots ?
Nathalie : Lorsque je lis des romans, je suis souvent déçue par la chute et cela, même chez les plus grands auteurs. Je ne suis pas douée pour l’improvisation c’est pourquoi je travaille avec un plan qui, certes, va évoluer au fil du temps mais qui m’aide à rester logique dans l’action du roman. Lorsque je commence à écrire, je sais déjà ce que l’histoire va contenir. De préférence, j’écris la chute en premier, même si je dois la changer ou la modifier par la suite.
Mes protagonistes… question difficile à laquelle je ne sais trop répondre. C’est l’histoire qui fait les personnages. J’essaie de ne pas avoir trop de personnages principaux afin de centrer l’action sur eux au maximum. Souvent, je leur donne les traits de personnes de mon entourage. Un petit secret : le physique d’Annabelle, l’héroïne du « Dernier Chant du Rossignol », m’a été inspiré par un garçon, cela explique peut-être ses actions un peu garçonnes quelques fois…
Concernant l’écriture de mes romans, je glisse toujours un indice qui annonce le roman suivant. C’est un petit jeu auquel je me livre avec joie. Pour « Le Dernier Chant du Rossignol » l’indice est Rose Dumont de Givry, la danseuse étoile de l’opéra et amie de la comtesse de Rohan-Chabot. En effet, dans « Destins Interdits », Kentin Dumont de Givry, l’un des deux personnages principaux du roman, est le petit neveu de Rose. Il en parle d’ailleurs dans l’une des parties de « Destins Interdits ». Et dans « Destins Interdits », quel est l’indice qui annonce « L’Or et le Fer » ?
JM : - Ecris-tu la nuit ? Le jour ? Pendant combien d'heures ? En combien de temps écris-tu un roman ?
Nathalie : En fait, j’écris quand je le peux, selon les libertés que me laissent mon travail et ma famille. Ecrire est un acte égoïste et solitaire, j’ai besoin d’être seule à mon bureau pour écrire et, la nuit est un excellent moment. Mais alors, que c’est difficile de se lever le lendemain matin !
Je n’ai jamais comptabilisé le nombre d’heures que je passe à écrire un roman. Par contre, je sais combien de mois durent sa préparation. Par exemple, pour L’Or et le Fer, je me suis rendue aux archives départementales afin de savoir à quoi ressemblait la région en 1794. Villes et villages ont beaucoup changé depuis plus de 300 ans. J’y ai aussi découvert des trésors : de vieux plans datant de la fin du dix-huitième siècle et quelques écrits. Aujourd’hui, le château du Pré est privé, on ne peut pas le visiter. J’ai donc dû contacter le gérant du domaine qui m’a gentiment ouvert les portes de ce magnifique château en m’en expliquant son histoire car, une fois encore, le lieu a beaucoup changé depuis 1794. Pour la confection de ma fameuse grille maudite, j’ai dû rencontrer un ferronnier d’art. Mon personnage principal, Aël, est breton. A cette époque naissait la guerre des chouans et les bretons n’étaient pas les bienvenus à Paris. J’ai voulu insérer quelques dialogues en langue bretonne mais voilà : je ne la connais pas. Je dois alors remercier ici Eric Le Parc, auteur et ami, qui a accepté de m’aider sur ce point. Au total, si on fait le cumul des recherches, nous sommes déjà à plus de 6 mois. Ensuite, une fois la première écriture réalisée, je fais une relecture/ré-écriture qui me permet d’ajouter ou d’enlever certaines scènes. Une fois ce travail terminé, j’envoie le texte à un relecteur ou relectrice. Dans ces conditions, il est difficile pour moi de chiffrer en heures le travail effectué sur un roman.
JM : -As-tu des séances de dédicaces prévues prochainement ?
Nathalie : Peut-être ai-je tord de penser ainsi, mais faire des séances de dédicaces quand on est un auteur inconnu ne se justifie pas. Quand je vais à mon centre commercial et que je vois un auteur assis derrière sa petite table à attendre un visiteur, j’ai beaucoup de peine pour lui ou elle. Je préfère les salons plus riches en rencontres et en échanges. En novembre prochain je serai au salon du livre de Dourdan. Ensuite, je ferai avec mon emploi du temps professionnel.
JM : - A qui confies-tu tes manuscrits en première lecture (membre de ta famille, bêta-lecteur) ?
Nathalie : Je travaille toujours avec un bêta-lecteur. Pour "L'Or de fer" je suis fière de travailler avec Maryse Carrier qui n'est autre que la présidente du jury des Arts Littéraires mais aussi une personne férue de littérature.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes ouvrages ?
Nathalie : Pour « Le Dernier Chant du Rossignol » j’avais eu 3 propositions d’édition. J’ai refusé la première car ils souhaitaient faire deux tomes de l’histoire. J’ai refusé la seconde car leur contrat m’engageait à leur fournir un manuscrit par an. A l’époque, je ne savais pas encore si j’allais poursuivre ou non dans l’écriture. J’ai accepté la troisième proposition parce qu’elle me laissait plus de liberté. Mes deux premiers romans sont publiés chez Le Lys Bleu mais le troisième ne le sera pas. Pour des raisons que je ne souhaite pas aborder ici, j’ai décidé de les quitter et de reprendre mes droits sur « Le Dernier Chant du Rossignol » et « Destins Interdits » dès que mon contrat me le permettra.
JM : - Lis-tu ? Si oui quel genre ?
Nathalie : Oui, je lis dès que je le peux. La lecture m’apaise. Je n’ai pas de genre très précis cependant, je suis incapable de lire du policier ou de thriller.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Nathalie : J’ai pratiqué durant plus de 15 ans l’équitation. J’ai eu la chance d’entraîner des chevaux de propriétaires et de les présenter en compétition. J’aime ce sport qui apprend le respect et l’humilité cependant, quand j’ai créé mon entreprise, j’ai cessé cette pratique sportive, trop dangereuse.
Comme le sport reste tout de même l’une de mes passions, j’adore la randonnée, en montagne de préférence mais sinon, la vallée de la Seine et la forêt de Fontainebleau me vont très bien.
JM : - Quelle est ta musique préférée et écris-tu en musique ?
Nathalie : La musique classique, sans hésitation. Lorsque j’écris, le soir, j’ai toujours un fond musical. Mon compositeur favori est Claude Debussy, vous vous en doutez si vous avez lu « Le Dernier Chant du Rossignol », mais il n’est pas exclusif. Avec « L’Or et le Fer », je me suis intéressée à la musique de la fin de ce dix-huitième siècle, Mozart bien entendu, mais également d’autres compositeurs comme Tomaso Albinoni. Je ne suis pas musicienne, même si l’on me pose souvent la question. Je laisse la musique aux musiciens, moi, je garde l’écriture.
JM : - Quel est ton plus grand rêve ?
Nathalie : le bonheur pour ceux que j’aime.
JM : - Si tu étais : un fruit, une fleur, un animal, une couleur : tu serais ?
Nathalie : un fruit ? l’abricot. Une fleur ? le lys. Un animal ? le cheval. Une couleur ? le bleu.
JM : - Quel est ton film culte ?
Nathalie : Gladiateur avec Russel Crow. J’ai dû aller le voir au moins 10 fois au cinéma quand il est sorti.
JM : - Si tu devais organiser un dîner littéraire qui inviterais-tu à ta table ?
Nathalie : Guy de Maupassant et peut être Voltaire s'il n'est pas trop désagréable !
JM : - As-tu autre chose à ajouter ?
Nathalie : Je dirais ma pensée profonde sur l'écriture : on n’écrit pas pour soi, on écrit pour les autres ; on n’écrit pas pour l’argent, on écrit par passion ; on n’écrit pas pour la gloire, on écrit par amour.
JM : - Merci Nathalie pour cet agréable moment passé en ta compagnie , ta disponibilité et ta gentillesse.
Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Nathalie qui se fera un plaisir de vous répondre en direct ou plus tard si vous n'êtes pas présents ce soir.
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