INTERVIEW AUTEUR
Gérald VAUSORT
Lundi 21 janvier 2019 à 18 h
différé
JM : - Bonsoir à tous,
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J'ai lu “Le Monde selon Marie, roman de notre ami Gérald VAUSORT que j'ai interviewé récemment et je partage donc avec vous, ce soir, cet entretien.
JM : - Bonsoir Gérald
-
Comment vas-tu ? Es-tu prêt à « passer sur le gril » ?
Gérald : Bonjour à toutes et à tous, je suis prêt même si parler de moi-même est un exercice auquel je n’ai pas l’habitude de me livrer. Je vais néanmoins tenter de vous dresser un portrait le plus fidèle possible du sac de noeuds que je suis ;-)
JM : - Question habituelle mais incontournable : peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Gérald : Bon, ok, je me jette… Je suis Belge de naissance, né à Namur le 1er décembre 1964, jour de Saint Eloi, saint patron des métallurgistes et des orfèvres. Autant vous dire que je suis tombé dans une marmite « fêtarde » dès ma naissance, d’autant que ma famille possédait une petite entreprise de menuiserie métallique et que nous vivions en région sidérurgique.
Mes études se passent normalement, avec une orientation plutôt scientifique et sportive. Que j’approfondirai pour deux années à l’issue de mes études secondaires pour obtenir un diplôme de professeur en biologie et éducation physique. De niveau Bac+2 à 19 ans, et un peu poussé par mon papa, j’ai ensuite continué et terminé des études d’ingénieur en Biochimie en 1989.
Ensuite, un an de service militaire me pousse vers le nord où je m’installe pour dix ans pour y exercer le métier d’inspecteur maritime rattaché au transport chimique, et ensuite de technico commercial dans la vente de câbles électriques.
L’environnement de ce grand port international qu’est Anvers m’a beaucoup apporté tant au niveau de la pratique des langues que de la « vie ». Je suis au cours de cette période 6 jours sur 7 en vadrouille de par mes activités musicales.
C’est finalement en 2000 que tout bascule puisque je rencontre celle qui deviendra mon épouse (Olya) et que je déménage dans le Loiret, attiré par la beauté de la région mais aussi par une certaine envie de retour au calme.
Pour être le plus franc possible, je n’ai pu tenir qu’une année… Chassez le naturel… Ce vieil adage se vérifia encore une fois, et je ne pus m’empêcher de reprendre mes activités musicales.
Ainsi naquit Hobo, un groupe composé de 5 musiciens qui eut ses heures de « gloire » entre 2001 et 2015. Entretemps, je me suis marié, et nous avons eu 2 garçons, Sébastien et Sacha, aujourd’hui âgés de 15 et 14 ans.
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Gérald : C’est simple, j’ai toujours écrit. Et pourtant, jamais je n’oserais me qualifier de « littéraire » dans l’âme. Quand j’avais 12 ans, je remplissais des pages de carnets de poésies. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. C’était comme une musique pour moi. Tant que ça sonnait, ça me plaisait.
Vers 14 ans, j’ai découvert la « vraie » musique. La période était franchement punk, mais j’étais plutôt attiré par les groupes psyché tels que Pink Floyd, Deep Purple, Led Zeppelin etc. Et c’est là que tout à commencé.
Je vous parle plus de musique que de lettres, je sais, mais l’écriture est vraiment venue de cette façon, quand je me suis mis, à 16 ans, à composer des chansons.
Pendant 34 ans, je n’ai plus écrit un mot de texte en français. L’anglais était devenu ma langue d’écriture. J’avoue même ne pas avoir aimé ma propre langue pendant plusieurs années, la trouvant rébarbative musicalement. C’était une erreur, je ne l’ai compris que bien plus tard.
Et puis, il y a eu cette séparation du groupe, forcée par un arrêt médical de l’un de nos musiciens. Ce jour là, je me suis senti perdu. Cette impression d’avoir fait « tout ça pour rien ». J’ai donc lancé un projet, une comédie musicale à partir de notre cd « Bamboo Town » dont j’avais écrit les paroles, toujours en anglais…
Malheureusement, sans sponsor, ce projet n’a pas pu voir le jour. Je me suis donc retrouvé avec un script inutilisable de 80 pages, que j’ai décidé de transformer en un roman : « Hobo Johnson » dont l’écriture fut achevée en juin 2016.
JM : - Peux-tu nous parler de tes ouvrages et en particulier de ton premier roman « Le Monde selon Marie » ?
Gérald : Le Monde selon Marie, tout en étant chronologiquement antérieur, découle de ce premier roman, dont je viens de vous parler. Dans Hobo Johnson, le héros est un orphelin qui a vécu en Californie durant la première moitié du XXe siècle. À la recherche de ses origines, il prend un train pour Mexico City. À peine a-t-il passé la frontière qu’il rencontre Jane, une jeune dame dont les parents, Marie Laveau et Louis Cypher sont des adeptes du culte vaudou. Je n’en dirai pas plus sur ce roman, car il est aujourd’hui devenu le tome 3 de la tétralogie, que j’ai appelé « Le Monde selon Marie ». En effet, au terme de l’écriture d’Hobo Johnson, la nécessité de faire connaitre l’origine de mes personnages (Marie, Hobo, Swann, Louis Cypher…) s’est déclarée… J’ai reconstitué la vie de Marie à travers les siècles, mais en filigrane. Ce livre n’est pas l’histoire complète du personnage, mais une période importante au cours de laquelle elle joua un rôle décisif dans l’Histoire américaine : l’abolition de l’esclavage en 1865. Vous l’aurez compris, c’est avant tout un roman historique, mêlé d’ésotérisme, de romance, d’humour et d’idées résolument utopiques de paix, d’amour et de beauté. Ce Monde auquel j’aspire, en somme. C’est donc aussi un « feel good », dans lequel les frissons, les sourires et les larmes se mélangent. Le pitch en est très simple : Youri Golovine, un écrivain pamphlétiste russe est embarqué avec les troupes de Napoléon III dans la guerre contre le Mexique. Au cours d’une bataille, il est blessé et recueilli par Marie, une prêtresse vaudou. C’est le début d’un long voyage initiatique à travers le Mexique et les US, qui se terminera par… oups, j’ai failli en dire trop ;-) …
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Gérald : Oui bien sûr, je suis en pleine écriture du tome 2, qui va s’intercaler entre le 1 et le 3, huhuhu, stromalin… Il s’agit de l’histoire de Swann, la fille de Marie. J’en suis à 60% et j’espère le terminer pour cet été, avec ensuite les corrections et l’édition pour fin 2019, si tout se passe bien avec le tome 1, bien sûr. Je peux déjà vous promettre certaines scènes très « croustillantes « dans le sens historico-ésotérique du terme…
En parallèle, j’écris des « Légendes » qui viendront peut-être se rattacher à cette tétralogie, sous forme d’un « Tome 5 », recueil d’histoires dans le ton du roman, mais ça, c’est pour plus tard…
JM : - Comment procèdes-tu pour l'écriture de tes romans (carnets, cahiers, directement sur l'ordinateur) ?
Gérald : N’étant pas « naturellement » un littéraire, l’écriture est un exercice assez difficile pour moi, les idées fusent, mais leur transcription sur la feuille n’est pas évidente. Lors d’un premier jet, il m’arrive souvent d’écrire des bouts de phrases, des idées, et même parfois de réaliser un petit croquis. Tout ça a besoin de murir pour devenir quelque chose de « lisible ». Aussi, pour ce qui est de mes textes, je suis un « éternel insatisfait », raison pour laquelle la re-lecture par un correcteur (ice) et plusieurs béta-lectrices (eurs) est une étape incontournable. Je dirais que l’écriture en tant que telle ne prend que 20% du processus de création, les autres 80% étant composés de 1. le séquencier et 2. les relectures et corrections. Pour ce qui est des outils utilisés, j’en ai 3 : Pour la structuration, la planification et l’écriture proprement dite, j’utilise Scrivener, programme dont je ne pourrais me passer aujourd’hui tant il permet de garder les idées claires et une vision globale de l’oeuvre. Ensuite, pour collectionner mes notes, liens, photos, videos de référence, j’utilise Evernote, qui est un excellent carnet de note. Et finalement, pour les premières corrections avant re-lecture je suis un inconditionnel d’Antidote, qui a la particularité de très bien s’intégrer à Scrivener. Au niveau du planning, je commence par créer un séquencier, C’est l’étape pour moi la plus importante, qui va servir de carcasse à l’oeuvre globale. A noter qu’il n’est certainement pas figé. J’en suis aujourd’hui à la version n° 46 et il fait environ 60 pages. Pour celles ou ceux que cela intéresse, je peux vous en parler plus précisément, mais je ne veux pas vous noyer ici dans des détails ayant peu d’intérêt.
JM : - A quel moment de la journée ou de la nuit écris-tu et pendant combien d'heures ?
Gérald : Quand je suis lancé, rien ne m’arrête. J’écris le week-end pendant 3 ou 4 heures le matin et reprends le soir pour entre 4 et 6 heures. La semaine, ayant un autre métier, je n’écris que le soir, entre 3 et 4 heures. Autant vous dire que ma vie de famille n’est pas simple, même si un certain rythme s’est peu à peu créé… Par contre, en période de vacances, je lève le pied et il peut arriver que je n’écrive pas une ligne pendant 2-3 semaines. Me lever la nuit pour écrire est assez fréquent, mais dans ce cas ce n’est que pour quelques minutes, le temps de noter une idée ou de revoir une séquence qui me « titille » et m’empêche de dormir…
JM : -As-tu des séances de dédicaces prévues prochainement ?
Gérald : Oui, le 9 février (toute la journée) au rayon Culture de l’Hyper U de Baule. Sinon, des versions dédicacées peuvent vous être envoyées. N’hésitez pas à me contacter en mp.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire publier tes ouvrages ?
Gérald : J’ai utilisé la méthode traditionnelle qui ne marche pas ou très peu. J’ai envoyé 60 manuscrits à 60 ME, la moitié en version électronique, et l’autre moitié par la poste. Résultat : aucune réponse positive, et il est intéressant de signaler que seulement une vingtaine d’éditeurs ont daigné répondre… C’est la conjugaison de deux rencontres successives sur les réseaux sociaux qui m’a permis d’être édité. J’ai appris par cette « aventure » qu’il faut donner pour recevoir. Si je ne devais proférer qu’un seul conseil, ce serait « lisez les autres auteurs, faites des chroniques si les livres vous ont plu, soyez ouverts aux autres, et les autres s’ouvriront à vous ». Il est aussi important d’avoir une attitude ouverte et bienveillante que d’avoir une plume exceptionnelle pour l’éditeur. Ne jamais oublier que c’est un contrat à long terme que vous allez signer. Aussi, pensez à l’après édition, car dès que vous avez passé ce cap, vous devez vous transformer en une agence marketing (surtout les auto-édités), et par la même occasion apprendre un nouveau métier. Cela dit, c’est une expérience formidable, ne vous découragez jamais, « Tout vient à point à qui sait attendre »…
JM : - Que penses-tu de l'édition numérique ?
Gérald : Je préfère le livre, bien que je lise aujourd’hui beaucoup sur liseuse ou tablette. J’en profite pour vous parler d’une méthode de lecture que j’ai adoptée depuis que j’écris beaucoup. Un des soucis classiques de l’auteur sur écran est d’avoir les yeux irrités. Si l’on y ajoute des heures de lecture sur liseuse ou tablette, on ne fait qu’aggraver ce problème. J’ai trouvé une petite application permettant de transformer en quelques clics un livre en audio book. Il s’agit de Voice Dream. Je l’utilise à chaque fois que c’est possible, ce qui me permet de « lire dans l’obscurité »…
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Gérald : Mes premières passions sont mon épouse, mes enfants et mes chiennes. Mais je suis aussi musicien, chanteur, aquariophile, photographe et vidéaste. J’aime aussi bien sûr la lecture, la peinture (même si je ne peins pas), les balades à pied ou à vélo en pleine nature. Je ne suis plus du tout sportif, mon planning étant déjà bien trop fourni. J’aime aussi la cuisine et le bricolage. Si je devais utiliser un seul mot pour mes passions, ce serait « création ».
JM : - Lis-tu ? Quel genre de lecture ?
Gérald : Je n’ai pas de genre favori, ce qui me plaît est ce qui me procure des émotions. J’ai une préférence pour l’ésotérique, l’historique, le feel good, le mystère… Ce que j’écris, en somme… J’aime Tolkien, Umberto Eco, Patrick Suskind, Les frères Grimm, Jean de la Fontaine, Marcel Proust, Emile Zola, Victor Hugo, François Rabelais, Marcel Pagnol, Jean Giono, George Sand, John Steinbeck… pour les plus classiques, mais aussi des auteurs moins connus comme Christian Charrière (Le Vergers du Ciel, le Simorgh, La Forêt d’Iscampe), James Oliver Curwood, Frederick Spencer Oliver, Lars Horlgersson. Ces derniers temps, je me suis mis à lire les auteurs que je rencontrais au fil des groupes sur Facebook. J’ai fait de très belles découvertes telles que Laurence Martin, Alain Anceschi, Isabelle Malowé, Rémy Gratier de Saint Louis, Muriel Martinella, Mélodie Ambiehl, Barbara Laurame, Marushka Tsiroulnikoff, Florence Kious, Marie Nocenti, Anne Seliverstoff, Angeline Monceaux, Carine Foulon, Alvyane Kermoal, Philippe Ehly et d’autres encore que j’oublie…
JM : - Quel est ton style de musique préféré et écris-tu en musique ?
Gérald : Aaah, la musique, une vieille amie, 35 années de pratique en groupe. Comme en littérature, j’aime beaucoup de styles. Je ne suis pas trop fan du rap, même si j’apprécie des artistes comme Stromae, qui est soit dit en passant un compatriote. J’adore le jazz, des albums tels que Kind of Blue, de Miles Davis, ou Time Out de Dave Brubeck, ou Giant Steps de John Coltrane ou tous les albums de Dizzy Gillespie… Je suis aussi un fan de blues, Robert Johnson, Muddy Waters, Stevie Ray Vaughan, Tab Benoit, Blind Willie Johnson, Sonny Boy Williamson, BB King… En pop, Dire Straits, Supertramp, Prince, Frankie Goes to Hollywood, Culture Club, les anciens, quoi… Pour ce qui est de la musique française, j’aime tous les classiques comme Piaf, Montand, Aznavour, Trenet, Nougaro, Polnareff… Mais aussi des actuels comme Claudio Capeo, Zaz, Zazie, Julien Doré, Julie Armanet, Olivia Ruiz… Mais avant tout, le style que je préfère est le chant jazz. Je suis un inconditionnel de Nat King Cole, Dean Martin, Sinatra, Samy Davis Jr, Harry Connick Jr, Michael Bublé… c’est aussi un style que j’ai pratiqué pendant plusieurs années.
Je pourrais vous en parler pendant des heures, par contre écrire en musique m’est impossible. J’ai même besoin de silence complet, raison pour laquelle j’écris souvent avec le casque, mais plutôt pour me couper du monde…
JM : - Quel est ton plus grand rêve ?
Gérald : Je le vis, depuis la rencontre d’Olya, qui m’accompagne depuis près de 20 ans. Ah si, j’oubliais… revoir maman, bien sûr…
JM : - Quels auteurs t'ont donné l'envie d'écrire ?
Gérald : Tolkien, Christian Charrière, James Oliver Curwood, Suskind…
JM : Quels sont tes endroits préférés (chez toi, région, pays) ?, Ton film culte ?
Gérald : Plutôt la montagne. Le nord de la Californie me plait beaucoup. Mais aussi l’Auvergne, la Suisse, l’Autriche… J’adore les vertes collines de l’Écosse. Et les Fjords norvégiens. Pour ce qui est du cinema, des films tels que Mission de Roland Joffé, 1492, Au nom de la Rose, Angel Heart, Les Oiseaux, Psychose, Out of Africa, La Rose Pourpre du Caire… avec une préférence certaine pour « Danse avec les Loups » de et avec Kevin Costner.
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Gérald : Juste merci pour cette attention et encore merci pour ton magnifique retour de lecteur, Joelle. Ces moments d’échanges sont rares et nous donnent l’opportunité de nous présenter réellement et de faire découvrir un peu de nos univers. Également, je vous remercie toutes et tous d’avoir suivi mes commentaires et de vous être intéressé(e)s à mon travail. J’espère sincèrement ne pas vous décevoir avec ce roman.
JM : - Merci Gérald pour cet agréable moment passé en ta compagnie.
Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Gérald qui se fera un plaisir de vous répondre en direct ou plus tard si vous n'êtes pas présents ce soir.
