GROUPE LECTEURS – AUTEURS :
LA PASSION DES MOTS
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INTERVIEW AUTEURE
Chris SIMON
JM : - Bonjour à tous,
Notre amie Chris SIMON a gentiment accepté de répondre, récemment, à mes questions.
Je partage donc avec vous cette interview à l'issue de laquelle vous pourrez, si vous le souhaitez, poser vos questions à Chris qui y répondra selon ses disponibilités.
(Petit rappel Chris habite aux Etats-Unis d'où décalage horaire).
JM : - Bonjour Chris
JM : - Comment vas-tu ? Es-tu prête à « passer sur mon gentil gril » ?
Chris :
Oui. N’oublie pas le sel et les épices ! ;-)
JM : - Peux-tu, tout d'abord, te présenter afin que nos amis puissent mieux te connaître ?
Chris : Femme, serial autrice, romancière, new-yorkaise et parisienne, cinéphile ou cinéfolle et grande lectrice depuis mon adolescence. Je suis passionnée par les vieux objets, l’ethnologie, l’histoire de l’humanité, la psychologie et la psychanalyse.
JM : - Que représente pour toi l'écriture ?
Chris. : Plus qu’un rêve, l’écriture est un désir profond de comprendre le monde, les autres et sans doute une part de moi-même. L’écriture permet cette découverte du sens des êtres, des choses, bref d’une vie. Elle révèle l’invisible de la même manière que la lecture. Écrire permet d’explorer d’autres mondes aussi.
JM : - Peux-tu nous parler de tes romans ?
Chris : Tous mes romans, et même mes séries, partent d’un personnage que j’ai envie de connaître. J’ai appris récemment sur le blog d’une personne que je suis sur Twitter (Caroline Giraud) qu’en fait, j’appliquais la méthode Mme Brown. Une théorie de Virginia Woolf, reprise par Ursual Le Guin. Pour Virginia Woolf, un roman ne se construit pas à partir d’une intrigue, ni d’un message, ni d’une réflexion, mais d’un personnage. Un roman décrit une certaine expérience du monde, au travers du regard d’un personnage en particulier. Mme Brown est le nom de ce personnage conceptuel. Comme l’écrit Woolf, citée par Le Guin (citée par Caroline Giraud) : « Les grands romanciers, pour nous montrer ce qu’ils veulent nous montrer, utilisent le regard d’un personnage. Sinon, ils ne seraient pas romanciers, mais poètes, historiens ou pamphlétaires. ». Je travaille exactement de cette manière. Je créé d’abord un personnage et ensuite je lui trouve un lieu, une situation, dont découleront des actions. Ce sont donc les personnages qui dominent mes romans et parfois aussi des objets qui deviennent de vrais personnages comme le canapé dans ma série, Brooklyn Paradis, ou la boîte de Kleenex dans Lacan et la boîte de mouchoirs, ou encore le cercueil dans mon dernier roman, Road-Movie pour un proscrit.
J’aime bien aussi que mes livres posent une question et que les pages hantent le lecteur longtemps après leurs lecture ou au moins pour quelques heures ! Je m’inspire beaucoup de faits-divers, de gens que j’ai connus, de situations réelles.
JM : - Sauf erreur de ma part, tu as écrit des « Polar » « Thriller » « fantastique » Pourquoi ce choix et envisages-tu d'écrire dans un genre différent ?
Chris : Mes séries sont plus genrées que mes romans. Le genre en édition est surtout un outil marketing plus qu’une vérité. C’est une étiquette qui permet au lectorat concerné de reconnaître le livre qu’il cherche en un seul coup d’œil, car les couvertures des romans de genres sont codées. Mes romans entrent dans la catégorie Thriller, roman noir, polar mais avec un petit décalage et surtout de beaucoup d’humour, qui à mon sens est un plus dans ma collection noire. Dans mon dernier roman, Road-movie pour un proscrit, j’ai mélangé les genres. C’est un roman noir avec un fond historique et politique, une histoire d’amour et une enquête en filigrane, mais qui n’est pas le corps du récit comme dans un polar classique ; le tout à la sauce humour noir. Du coup, il satisfait les lecteurs de romans noirs, mais je sais que les lecteurs de littérature blanche l’apprécient aussi. Sans doute pour son sujet et son thème. J’ai des livres hors ces catégories du noir. Ma première série, Lacan et la boîte de mouchoirs, est une série psy humoristique. Le lecteur entre dans un cabinet de psy en pleine séance. J’avais envie d’explorer cette drôle de relation qui s’établit entre un patient et son psy, d’explorer cet étrange silence qui parle dans un cabinet de psy. L’inconscient a plus d’humour qu’on ne l’imagine et ma série s’en amuse. Mon premier livre autoédité est un recueil de sept nouvelles fantastiques, plutôt dans l’esprit réalisme magique, donc un autre genre à mon arc.
JM : - Où peut-on trouver tes livres ?
Chris : Pratiquement partout. Mes ebooks sont sur de nombreuses plateformes numériques, mes livres brochés sont distribués sur Amazon, mais aussi sur les librairies en ligne et tout lecteur peut les commander chez son libraire. On peut aussi me les commander en direct et payer via un site sécurisé comme Sumup.
JM : - As-tu d'autres projets d'écriture et souhaites-tu nous en parler ?
Chris : J’ai écrit le premier opus d’une série « cosy mystery » que je publierai sous un autre nom, pour ne pas mélanger avec mes romans noirs qui ne sont pas cosy du tout. Le cosy mystère et enquêtrice amateur est un autre genre et accumuler les genres perturbent les lecteurs. J’espère le sortir cet été. L’action se passe en normandie et l’héroïne s’appelle Charlotte. je ne vous en dis pas plus pour l’instant. ;-) Top secret avec ma sœur jumelle.
JM : - Comment écris tu (sur carnets, cahiers, directement sur l'ordinateur) ? Quand écris-tu le jour, la nuit ? Pendant combien d'heures ?
Chris : Je varie pour éviter de passer trop de temps sur l’ordinateur. Dernièrement j’ai écrit avec un stylo et un cahier, je ne sais pas pourquoi, cela m’a pris comme ça, ou peut-être tout simplement parce que j’ai trouvé un carton entier de cahier neufs sur un trottoir - une société qui fermait -, j’ai eu l’impression d’écrire beaucoup plus vite. Impression ou réalité ? Il m’a semblé que mon esprit fonctionnait mieux, l’acte d’écrire avait l’air plus limpide, m’a semblé plus naturelle. J’avoue que je me lasse de la position que demande un ordi - il faut un bon fessier, un gainage impeccable. Être assise, les mains à plat sur une table devant un écran est pénible, alors de plus en plus, j’écris sur différents supports : papier, smartphone, ordi… Tout dépend aussi où je me trouve.
J’écris tous les jours, je me lève, me fais un thé et j’écris pendant deux à quatre heures, surtout en période de composition d’un nouveau roman et j’écris le premier jet jusqu’à la fin sans me relire.
JM : - Que ressens-tu lorsque tu écris le mot FIN ?
Chris : Une grande satisfaction et un soulagement. je ne suis jamais sûre d’arriver saine et sauve à la fin d’un roman que je commence. Pendant des années, j’en ai écrit que je ne finissais jamais. Atteindre le mot fin, est un moment bref de joie qui ne dure pas, car ensuite, il faut reprendre le manuscrit et retravailler dans les détails : le style, les personnages, la psychologie…
JM : -Lorsque la situation sanitaire le permettra, aimerais-tu assister à des séances de dédicaces, rencontrer tes lecteurs et tes lectrices ? Penses-tu venir en France ?
Chris : Ah oui, je n’attends que ça. Les dédicaces me manquent. Avant la pandémie je faisais des dédicaces tous les weekends ou presque quand j’étais en France. Alors, oui, je donne rendez-vous aux lecteurs dès septembre 2021 et j’espère que le vaccin suffira à endiguer cette pandémie qui s’est installée dans le monde entier. la rencontre avec les lecteurs est cruciale pour moi. Écrire et rencontrer les lecteurs sont les deux facettes de la vie d’écrivain qui me plaisent le plus.
JM : - Quel est ton plus beau souvenir d'auteur ?
Chris : En 2016 au salon Livre Paris, la première fois que j’ai dédicacé ma série Lacan et la boîte de mouchoirs à un lecteur que je ne connaissais pas. C’est un sentiment très fort et immense, que procure cette première fois. Cette même année, dans le même salon, mon roman Mémorial tour a été lauréat Amazon. De quoi m’encourager à continuer. Un parcourt d’auteur est fait de tellement de déceptions, que ces moments sont indispensables pour ne pas se décourager et abandonner ce qui nous porte…
JM : - Que penses-tu de l'édition numérique ?
Chris : Que du bien, je lis en numérique à 70% sinon plus. La lecture numérique est pratique, transportable, adaptable et meilleur marché… Et en tant qu’auteur, elle me permet de me faire connaître d’un lectorat passionné.
JM : - A qui confies-tu la première lecture de tes manuscrits (amie, membre de ta famille, bêta-lecteur) et qui réalise les couvertures de tes livres ?
Chris : À quelques personnes de confiance., qui sont de très bons lecteurs et auteurs dont j’apprécie l’écriture. Cela me permet de vérifier que ce que j’ai essayé de faire fonctionne et me permet de retravailler si besoin certaines scène ou passages. Jusqu’à aujourd’hui, c’est moi qui est fait toutes mes couvertures, cependant je les teste auprès de mes lecteurs abonnés à ma newsletter et sur les réseaux sociaux. Pour ma série cosy mystery, je travaille en ce moment avec une autrice artistiquement talentueuse. Je suis contente de faire cette collaboration, nous verrons ce qu’il en sortira.
JM : - Comment as-tu procédé pour faire éditer tes romans ?
Chris : Il ne me reste aujourd’hui qu’un seul roman en maison d’édition, mais je ne suis pas contre l’édition traditionnelle. J’ai juste l’impression qu’on ne parle pas la même langue. Je me suis habituée à l’autoédition, c’est direct, rapide… Ça me fait penser aux comédiens qui font les petites salles de théâtre et au fil des années aiguisent leurs sketches, leur technique et leur talent. On fait pareil avec l’autoédition. Je ne crois pas que l’on puisse progresser beaucoup en gardant ses manuscrits dans un tiroir et en collectionnant les lettres de refus génériques des maisons d’édition. L’édition semble déborder par les manuscrits, donc il faut bien trouver des alternatives.
JM : - Penses-tu que les réseaux sociaux, les blogs permettent aux auteurs de promouvoir leurs écrits ?
Chris : Oui, les RS permettent de se faire connaître, de parler de nos livres, surtout dans les groupes ou l’on échange sur nos lectures. Un blog d’auteur c’est d’abord une adresse, un lieu où les plus curieux iront voir ce que l’on fait. Je blogue une fois par mois minimum. C’est aussi un espace ou, je parle de ce dont j’ai envie autour de mes écrits, de la littérature, de la ville ou je me trouve. J’ai une rubrique Minutes NewYorkaises, bilingue Français-anglais, qui illustre des moments de vie à New York.
En ce moment j’échange avec une autre auteure Catarina Viti, elle m’a proposé de publier des articles simultanément sur le même thème. J’aime bien sa proposition et nous espérons convaincre d’autres auteurs de nous rejoindre.
JM : - Sauf erreur de ma part, outre la casquette d'auteure, tu portes également celles de dramaturge, de scénariste et de blogueuse ! Peux-tu nous parler un peu de ces diverses fonctions ?
Chris : J’ai une formation de scénariste, j’ai vendu deux fois un de mes scénarios, mais depuis l’arrivée du livre numérique, je me suis concentrée sur l’écriture d roman et de séries littéraires. Je m’y sens plus libre. par contre l’autoédition m’a obligé à developper d’autres compétences : éditeur, marketing, communication…
JM : Lis-tu et quel genre ?
Chris : Oui, je lis beaucoup et des genres différents. Évidemment les genres dans lesquels j’écris, mais aussi je lis de la littérature générale, dite blanche, et énormément de non-fiction. Je lis ou relis les classiques, mais aussi des auteurs contemporains connus ou peu connus qu’ils viennent de l’édition ou de l’autoédition.
JM : - Quels sont les auteurs que tu apprécies (dans le passé et dans le présent )?
Chris : Récemment sur un groupe il était demandé de citer les 30 meilleurs auteurs de tous les temps et pays, alors je te donne mon palmarès : Flaubert, Proust, Balzac Dostoyevski, Gogol, Tolstoi, Mark Twain, Mary Shelley, Virginia Woolf, James Joyce, Kafka, Isaac Bashevis Singer, Jean Genet, Marguerite Duras, Witold Gombrowicz, Garcia Marquez, Faulkner, James Baldwin, Toni Morrison, Edith Wharton, Patrick Chamoiseau, Joan Didion, Patricia Highsmith, Raymond Chandler, Ed McBain… Il y a plein d'autres auteurs dont j'aime au moins une œuvre. Mais ici j'ai mis Les auteurs dont j'aime et j'ai lu plusieurs de leurs romans, et pour certains inclus essais, journaux, correspondances… Certains dans cette liste sont contemporains. Je ne peux pas tous les citer, mais aujourd’hui, je lis plus mes contemporains, ceux que je commence à considérer comme des collègues. J’ai fait partie du comité de lecture d’une revue pendant plusieurs années et donc je connais le travail de beaucoup d’auteurs émergeants.
JM : - Y a-t-il dans tes livres, des personnages qui te touchent et auxquels tu t'identifies ?
Chris : Je ne sais pas si je m’identifie, mais certains de mes personnages ont des points communs avec moi. J’ai de l’empathie pour mes personnages, car je sais qu’ils font ce qu’ils peuvent pour vivre. Courtney Burden (Brooklyn Paradis) me touche, elle cherche un monde perdu, parce qu’en vérité vivre c’est perdre. Il faut laisser tellement de choses derrière soi, surmonter tellement de trahisons, d’abandons, de morts au cours d’une vie… Et je trouve qu’elle s’en sort d’une façon intéressante (elle n’;a que 35 ans), en collectant des objets. Denis Lostier ( Road-Movie pour un proscrit) retrace sa jeunesse, qu’est-ce qu’il a raté semble t-il se demander ? Pourtant son bilan n’est pas si mauvais, mais il se pose la question en tant qu’individu face au groupe (notre société).
JM : - Quel est ton endroit préféré, source d'inspiration (pièce de ta maison, ville, région, pays)
Chris : Je n’ai pas un lieu, mais j’ai besoin de marcher quand j’écris et si j’ai le choix, je préfère marcher sur la plage le matin tôt. Donc ma source d’inspiration vient d’un mouvement, d’un état plus que d’un lieu.
JM : - Quel film ou série TV as-tu déjà regardé plusieurs fois ?
Chris : La nuit du Chasseur (The night of the Hunter) de Charles Laughton, Casablanca de, Somelike it hot (certains l’aiment chaud) et Double indemnity, de de Billy Wilder - ce dernier écrit avec un écrivain que j’aime beaucoup Raymond Chandler -, Monsieur Klein de Joseph Losey, Le salaire de la peur de G. Clouzot. J’adore les films des années 40/50 américains et français : Carné, Renoir, René Clair, Charlie Chaplin… Ce sont pour moi des réalisateurs qui ont fait des films très réussis du point de vue de l’écriture et de la cinématographie. J’ai regardé certaines séries plusieurs fois, du moins une saison : Les Sopranos, Desperate Housewives, Twilight, Weed, Transparent, mais je le fais de moins en moins, je le faisais pour comprendre comment elles sont structurées/écrites.
JM : - En dehors de l'écriture quelles sont tes passions ?
Chris : Le cinéma, l’art, l’histoire de l’art, l’histoire de l’humanité, la mode et l’artisanat en général qui disparaît …
JM : - Si tu étais : une couleur, un animal, une fleur, un dessert : tu serais ?
Chris : jaune, un chat, le lys calla, sapote ou mamey (un fruit crémeux d’Amérique centrale)
JM : -Es-tu vanille ou chocolat ? Mer, campagne ou montagne ?
Chris : Vanille et mer, je n’aime pas le chocolat.
JM : - Quel mot te définit le mieux ?
Chris : Foisonnant
JM : Si tu devais organiser un dîner littéraire quels auteurs convierais-tu à ta table ?
Chris : Comme l’a dit avec un humour grinçant Margaret Atwood : «rencontrer l’auteur qu’on admire c’est comme rencontrer le lapin avec lequel a été fait le pâté qu’on a aimé. " Ha ha ! Elle n’a pas tort. Mais comme c’est juste pour de faux, j’invite dans le même dîner : Virginie Despentes, Sonia Dezongle, Christine Angot et Chloé Delaume… On verra bien ce que ça donne ! Ha ha
JM : - As-tu quelque chose à ajouter ?
Chris : Oui je ferai un coq au vin aux pruneaux (une recette d’Alain Ducasse) et tu es invitée Joëlle !
JM : - Merci Chris pour ce très agréable moment passé en ta compagnie et pour ton invitation : un coq au vin aux pruneaux miam miam !!
Les amis, vous pouvez, si vous le souhaitez, poser d'autres questions à Chris qui se fera un plaisir de vous répondre sous ce post.
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